Le meeting de Shanghai avait un format différent de l'habitude, avec l'ensemble des séances regroupées en deux jours au lieu de trois et la course le samedi. Les essais n'avaient pas réussi à réellement dégager de hiérarchie claire : si la Toyota no7 s'offrait la pole position avec Wurz et Lapierre, Tréluyer et Fässler n'étaient distancés que de 8 centièmes de secondes, alors que la deuxième ligne était symétriquement composée de la Toyota no8 suivie de l'Audi no2. En LMP2, Conway et Martin mettaient l'Oreca-Nissan G-Drive no26 en pole position devant les Morgan du Oak Racing, une configuration déjà vue plusieurs fois cette saison. En GTE Pro, domination Aston Martin avec la no97 de Turner-Mücke devant la no99, et domination Aston Martin en GTE Am également avec le meilleur temps pour la no95 des Danois Nygaard et Thiim devant la Ferrari AF Corse no61.

Les premières minutes de la course voyaient Nicolas Lapierre s'échapper en tête sur la TS-030 no7 alors que la voiture soeur no8 aux mains d'Anthony Davidson disputait férocement la seconde place André Lotterer sur l'Audi no1. Celui-ci devait s'incliner au bout de quelques tours, et jouait de malchance avec une crevaison qui l'obligeait à rentrer au stand hors séquence et laisser la troisième position à l'Audi no2. Les deux Toyota gardaient alors la tête durant la majeure partie de l'épreuve, s'échangeant le commandement avec la no8 prenant un moment la tête avant de devoir la rendre à la no7 à la mi-course puis de la reprendre. Retardée par la crevaison d'André Lotterer en début d'épreuve, l'Audi no1 revenait en troisième position suite à un double relais ultra-rapide d'un Benoît Tréluyer très déterminé. Jamais plus d'un tour ne séparait les Toyota et les Audi...

La physionomie de l'épreuve changeait tout à coup lorsque la voix d'Anthony Davidson se faisait entendre à la radio "Quelque chose est cassé à l'avant, la voiture est inconduisible". Le pilote britannique ramenait tant bien que mal la Toyota no8 devant son stand, avant que les mécaniciens ne la poussent à l'intérieur : suspension avant droite cassée, la no8 était en dehors de la course à la victoire. Soudain tout était à nouveau ouvert à un peu plus d'une heure de l'arrivée. La Toyota no7 en tête et l'Audi no1 échangeaient le commandement au gré des arrêts au stand, le duel final vers le drapeau à damiers se cristallisant dans la dernière demi-heure, alors que les deux autos ne devaient plus rentrer. Alexander Wurz sur la Toyota no7 se voyait alors ramarrer petit à petit par Ben Tréluyer sur l'Audi no1 dans le trafic. Le Français, revenu dans les roues de Wurz, trouvait l'ouverture et passait, terminant en tête avec quinze secondes seulement d'avance sur la Toyota. Tom Kristensen sur l'Audi no2 passait la ligne en troisième position, assurant du même coup le titre de champions du monde pilotes pour lui-même, Allan McNish et Loïc Duval. C'est la récompense logique d'une brillante saison pour les trois hommes, avec la victoire au Mans en point d'orgue. C'est également le premier titre international mérité pour Loïc Duval qui, dans les traces de ses amis Benoît Tréluyer et André Lotterer, reçoit les fruits d'une brillante carrière réalisée pour la plus grande part au Japon où il a cultivé, au delà d'un talent naturel évident, un art de la course d'endurance qui en fait un des tous meilleurs pilotes mondiaux.

En LMP2, le duel entre l'Oreca-Nissan G-Drive no26 et la Morgan Nissan Oak Racing no24 a été constante, les deux voitures échangeant plusieurs fois le commandement. Au final c'est la voiture du team russe qui l'emporte, Rusinov-Martin-Conway devançant de 34 secondes la Morgan de Pla-Heinemeier Hansson-Brundle, la seconde Morgan du Oak Racing, la no35 de Baguette-Gonzales-Plowman, complétant le podium. Le titre n'est pas encore joué entre les deux voitures du team français qui se départageront à Bahrein.

Le GTE Pro a été marqué par une lutte tactique entre les Aston Martin et la Ferrari no71 de Kobayashi-Vilander, qui a tenté de contourner la domination théorique des voitures anglaises grâce à une stratégie décalée. Le coup de poker d'AF Corse n'a pas payé cependant, et les Aston Martin signent un doublé en formation, Turner et Mücke sur la no99 passant la ligne d'une courte tête devant Lamy-Senna-Stanaway. Les Porsche, en retrait pendant la majeure partie de l'épreuve, limitent les dégâts avec une troisième place pour Pilet-Bergmeister. Il faudra attendre Bahrein pour savoir qui va l'emporter entre Aston Martin, AF Corse et Porsche Manthey, le titre pilotes n'étant pas non plus joué...

En GTE Am, encore une déception pour l'Aston Martin no95 qui, après avoir dominé la première partie de l'épreuve, s'est arrêtée moteur coupé sur la piste au bout de quatre heures et n'a pu repartir. Du coup la victoire est revenue, pour la première fois en WEC, à la Ferrari no81 du 8Star Motorsport de Potolicchio, Aguas et Rigon devant la Porsche no76 IMSA-Matmut de Narac-Vernay-Palttala et l'Aston no96 de Campbell-Walter-Hall-Adam. Là encore, les titres se joueront à Bahrein dans trois semaines à Bahrein.

Crédit images : Audi Motorsport, Toyota Motorsport, Aston Martin Racing, Oak Racing.