Dans les années 80, les Japonais faisaient figure de sauveur de l'industrie automobile US. Ils allaient investir dans des zones sinistrées et créer des milliers d'emplois! 20 ans plus tard, c'est au tour des Chinois d'être courtisés par les élus américains. Mais Byd aura surtout créé des emplois pour les Chinois et il se retrouve sous le coup d'une enquête pour non-respects des lois.En 2008, Arnold Schwarzenegger, alors gouverneur de Californie, se mue en VRP de l'état. Il rêve d'attirer un constructeur automobile. Youngman, brièvement propriétaire de Detroit Electric, mord. Finalement, Byd signe. Bill Clinton est envoyé pour aider Wang Chuan Fu (PDG de Byd) à retrouver son stylo. En 2010, le maire de Los Angeles, Antonio R. Villaraigosa, se félicite de l'ouverture du QG US de Byd. Il y voit déjà "des centaines" de cadres. Byd est prié d'embaucher également des ouvriers venus des quartiers pauvres.
On peut accorder à Wang, le bénéfice de la naïveté. Après tout, le constructeur connait une croissance exponentielle et il est réellement persuadé qu'il va conquérir le monde.
La suite, on la connait. L'hybride F3 DM ne convainc pas les flottes. La conception du monospace électrique e6 traine en longueur et l'implantation d'un réseau de concessionnaires US est repoussée sine die. Les ventes du constructeur s'écroulent en Chine et il a d'autres chats à fouetter.
Par contre, Byd décroche des appels d'offres pour son bus électrique K9. Condition sine qua none : les assembler sur place. Il rachète le site de Rexhall, un constructeur de camping-car et y plante une chaine d'assemblage.
Le New York Times décrit un "QG" quasiment désert (logique : il n'a quasiment rien à vendre.) Et un site ex-Rexhall où s'activent des ex-employés du site et 5 travailleurs Chinois. Ces derniers sont provisoirement sur le sol US. Ils ont un visa temporaire, sont payés en yuans et dorment dans un dortoir à San Gabriel Valley (où il y a une forte communauté chinoise.)
Il faut se souvenir que Wang est un employeur chinois de la vieille école, donc volontiers cynique. Sa première usine de batteries de téléphones portables, il l'implante à Shenzhen (une "zone économique spéciale".) Les ouvriers, des "migrants intérieurs", travaillent les uns sur les autres, assis sur des tabourets en plastique. T'es pas content ? Pas grave, il y a 10 migrants qui seraient content d'avoir ton boulot !" Pour Byd Auto, il recrute ses cadres supérieurs à la sortie des écoles de commerce et les traite à peine mieux. Donc, pour son usine US, il emploi des Chinois, à un tarif (1€ de l'heure) et des conditions chinoises.
Sauf qu'aux Etats-Unis, on ne rigole pas avec ça. Nationalité chinoise ou pas, ils doivent toucher le salaire minimum US. Du coup, Byd écope d'une amende de 100 000$ (72 700€.) L'entreprise est également poursuivie par Sandra Itkoff, une ex-vice-présidente. Elle a été embauchée pour décrocher les subventions, puis virée car "non-Chinoise".
Byd devrait faire venir d'autres employés Chinois. Mais il s'agira de formateurs. Certains veulent croire que sur le long terme, en décrochant d'autres appel d'offres, il recrutera des Américains et créera de la richesse. Pour l'instant, Byd USA possède 40 employés. L'objectif qu'il s'était fixé de 58 employés en 2015 est faisable. Bien sur, on sera loin des centaines d'emplois rêvés par les élus.
En filigrane, cela pose la question des largesses accordées aux investisseurs au plus fort de la crise. Aussi bien par les républicains (comme Schwarzenegger) que par les démocrates (Barack Obama et le clan Clinton.) Obama, né à Hawaï et qui a grandi en Indonésie, s'est volontiers tourné vers la Chine. Le bilan économique est contrasté, alors que certains l'accusent d'avoir bradé la question des droits de l'homme en Chine. S'y ajoute une méfiance à l'égard des Chinois. D'ailleurs, afin de déminer la question raciale, c'est une enquêtrice sino-américaine qui traite le dossier.
Source :
The New York Times
Crédit photos : Byd
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Pour résumer
Dans les années 80, les Japonais faisaient figure de Byd aura surtout créé des emplois pour les Chinois et il se retrouve sous le coup d'une enquête pour non-respects des lois.En 2008, Arnold Schwarzenegger, alors gouverneur de Californie, se mue en VRP de l'état. Il rêve d'attirer un constructeur automobile. Youngman, brièvement propriétaire de Detroit Electric, mord. Finalement, Byd signe. Bill Clinton est envoyé pour aider Wang Chuan Fu (PDG de Byd) à retrouver son stylo. En 2010, le maire de Los Angeles, Antonio R. Villaraigosa, se félicite de l'ouverture du QG US de Byd. Il y voit déjà "des centaines" de cadres. Byd est prié d'embaucher également des ouvriers venus des quartiers pauvres.