Des hausses plus fortes que l'inflation
C'est un peu un marronnier de l'été au moment des grands départs en vacances, tout le monde s'intéresse aux prix des différents péages. Cette fois-ci cela vient "d'en haut" et il faut espérer que ce rapport ne sera pas enterré rapidement sous une pile de dossiers. Selon la Cour, "Le rapport de forces apparaît plus favorable aux sociétés concessionnaires qu'à l'Etat Français".
Tout le monde a pu le constater, le système de calcul des tarifs des péages fait que ceux-ci augmentent plus vite que l'inflation. En 2013, les péages ont augmentés en moyenne de plus de 2% quand l'inflation officielle atteignait 1,7% (en 2012 les péages augmentaient de 2,5% !). Pour Didier Migaud, Président de la Cour des Comptes, "les bénéfices n'ont pas vocation à être réinvestis ou à conduire à une baisse des tarifs".
En clair Migaud pointe du doigt le fait que Vinci, APPR ou Sanef engrangent d'énormes bénéfices sur le dos des usagers, avec la complicité de l'Etat et que ces bénéfices ne sont jamais réinvestis dans les autoroutes contrairement aux engagements pris.
Intéressé, l'Etat est complice par négligence
L'Etat est intéressé au tarif des péages (indirectement) puisque les sociétés privées d'autoroute doivent payer une redevance annuelle pour l'occupation du domaine public. Cette dernière varie selon la taille des autoroutes mais est entre 180 et 290 millions d'euros par an pour chaque société. L'Etat a d'ailleurs relevé cette redevance de 50% en 2013 ce qui de fait retombe sur le prix du péage.
Pire, selon la cour des comptes, les sociétés d'autoroute mentiraient sur le montant des investissements réalisés, investissements qui sont une grosse partie de la justification des hausses des tarifs. Là encore la complicité de l'Etat est pointée du doigt : "l'État ne se montre pas assez exigeant en cas de non-respect de leurs obligations par les concessionnaires, qu'il s'agisse de préserver le patrimoine, de respecter les engagements pris dans les contrats de plan ou de transmettre les données demandées".
L'Etat doit vérifier et encadrer les hausses
En clair les sociétés d'autoroute mentent pour augmenter plus que de raison leurs tarifs et l'Etat, complice, ferme les yeux sur ces pratiques. "Il convient de faire évoluer un cadre qui conduit à une hausse continue et importante des péages autoroutiers" conclut le rapport. Entre autres recommandations, la Cour des Comptes estime qu'il faut "revoir le décret de 1995 afin de définir un plafond d’évolution des hausses de tarifs, qui s’appliquerait également aux contrats de plan". Voilà qui devrait faire réagir les société d'autoroute toujours promptes à justifier les augmentations.
Lire également : La somnolence est le premier facteur d'accident mortel sur autoroute
Source : Cour des Comptes, photo : Wikimedia