par Pierre-Laurent Ribault

Les mystères de la Toyota Prius toulousaine

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Depuis hier, l'histoire de la conductrice toulousaine et du régulateur bloqué de sa Toyota Prius a fait l'objet de dépêches multiples, réminiscentes d'affaires similaires et comme malheureusement souvent dans ces cas-là contenant des approximations qui compliquent la compréhension plutôt que de la simplifier. La Dépêche, premier média à rapporter l'incident et apparemment seule source de toute la presse, a publié aujourd'hui une interview de la conductrice en question qui apporte des éléments nouveaux mais aussi pas mal de questions. On reprend tout depuis le début.

Le mystère commence avant même que la conductrice, Tatiana, n'arrive sur le périphérique toulousain. Lundi matin, sur la nationale 20, le pneu arrière droit de la Prius, un véhicule que la personne connaît bien puisqu'elle déclare à la Dépêche l'avoir depuis plus de deux ans et 60 000 km, "éclate" et elle le change pour une roue galette. Un incident commun, mais la suite l'est moins. Selon la conductrice de la Prius, "Un garagiste a été obligé de donner un coup de booster pour faire redémarrer la voiture qui ne voulait pas avancer". Premier mystère. D'où sort le garagiste ? A-t-il été appelé pour changer la roue ? Et, plus important, pourquoi doit-il donner un "coup de booster" ? La Prius démarre normalement en mode électrique, et son moteur thermique s'engage en cas de besoin. La voiture ne voulait pas avancer, cela signifie-t-il que le système entier était défaillant à ce moment ? Si oui, où le garagiste applique-t-il son "booster" et comment réinitialise-t-il le système ? Est-il un spécialiste Toyota ?

En tout cas, la voiture semble de nouveau en état de fonctionnement à partir de ce moment et Tatiana repart à Montauban qu'elle atteint, y vaque à ses occupations et c'est plus tard à Toulouse que le terrifiant phénomène se produit. Dans sa description, la conductrice indique que rien ne fonctionne plus dès lors qu'elle veut désactiver le régulateur. D'après son témoignage, la voiture subit alors de sévères troubles électriques : les vitres ne fonctionnent plus, pas plus que la climatisation, et seul le tableau de bord reste illuminé. Deuxième mystère : si le système électrique tombe en panne à ce moment, pourquoi le tableau de bord reste-t-il allumé ? Pourquoi le régulateur ne se désenclenche pas ? Dans un tel cas, pourquoi ne cite-t-elle pas la perte d'assistance de direction qui doit être alors très sensible ?

Enfin, la séquence d'arrêt est elle aussi difficilement compréhensible. Tatiana contacte les autorités qui l'accompagnent et semble garder relativement son calme, ce qui n'est pas un mince exploit dans cette situation très tendue. Elle décrit à la Dépêche ses tentatives, finalement couronnées de succès, de stopper le véhicule. "Sur dix kilomètres, j'ai appuyé sur la pédale de frein. Le moteur rugissait et s'emballait mais la voiture ne s'arrêtait jamais. Les disques chauffaient. À force de freiner, le véhicule a ralenti et s'est arrêté à Villefranche-de-Lauragais. Dès que la voiture s'est immobilisée, j'ai pu rouvrir les vitres.". A-t-elle tenter de passer la transmission en position neutre ? Dans ses tentatives de freinage, elle indique que le moteur rugissait, ce qui peut indiquer une confusion de pédale assez commune lorsque l'on a le pied droit loin du pédalier en roulant sous régulateur. Sur la durée elle réussit toutefois à freiner et arrêter la voiture, ce qui paraît logique : les freins sont plus puissants que le système propulseur, même si dans ce cas on peut se demander si l'opération n'était pas d'autant plus difficile si l'assistance de freinage était comme le reste défaillante. Les gendarmes ont confirmé que les freins étaient chauds une fois la voiture stoppée. Et une fois à l'arrêt, dernier mystère : les vitres fonctionnent à nouveau...

A la lecture de ce témoignage, de nombreuses questions restent donc sans réponse, et doivent être analysées en gardant à l'esprit la spécificité de la Prius. Les mentions d'embrayage lues ici et là par exemple n'ont pas de sens dans ce cas, pas plus que le "coup de booster" pour réveiller une batterie ne peut s'interpréter tel quel non plus. Dans l'ensemble le témoignage de la conductrice et sa description de l'incident semblent logiques et sensés et il n'y a pas de raison apparente de douter de ses dires. Alors que s'est-il passé ? Un système électrique défaillant dès le matin qui entraîne de graves perturbations dans l'électronique ? Le problème est-il spécifique à l'architecture électronique et logicielle de la Prius ? La conductrice a-t-elle dans le feu de l'action mal interprété les événements qui se produisent ?

Le mystère reste entier pour l'instant. Ce qui est certain c'est qu'il est tout aussi impossible à ce stade de mettre tout sur le dos du facteur humain que de former un diagnostic sur un éventuel problème technique. Mais il semble bien qu'on soit là en présence d'un cas plus complexe que les habituels incidents de ce type...

Source : La Dépêche

Crédit image : Toyota

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