Grand Prix de Bahreïn : la patate chaude
par Pierre-Laurent Ribault

Grand Prix de Bahreïn : la patate chaude

On est désormais à moins deux semaines de la date prévue pour le Grand Prix de Bahrein, et alors que la communauté de la F1 s'embarque pour la Chine, l'inquiétude monte parmi les acteurs et s'engage une partie de poker menteur aux enjeux énormes.

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Pour enlever leurs dernières illusions à ceux qui voudraient croire que tout va bien dans le royaume, une bombe artisanale a blessé lundi sept policiers, tandis qu'un groupe de l'opposition a clairement indiqué que le Grand Prix, s'il avait lieu, serait le théâtre d'actions et que l'état de santé de Abdel Hadi al-Khawaja, un activiste de premier plan emprisonné en grève de la faim depuis deux mois, inspire les plus grandes inquiétudes.

Malgré les assurances du gouvernement et des organisateurs garantissant la sécurité du Grand Prix, la situation des protagonistes de la F1 est de plus en plus inconfortable. Il ne faut pas être grand clerc pour se rendre compte que quelque soit le scénario, la F1 en sortira meurtrie, ce que Damon Hill a eu le courage de dire il y a quelques jours, seul dans le silence assourdissant du reste du paddock. Soit les manifestants perturbent le déroulement de l'événement en mondovision, soit la course se déroule sous une absurde protection militaire. Dans tous les cas, l'image renvoyée sera dévastatrice dans l'opinion mondiale et les motivations des uns et des autres seront mises en question, avec des réponses qui ne seront pas forcément glorieuses,

Avec les derniers événements, le rétropédalage a donc commencé, Premier acte mardi matin par une déclaration d'un anonyme mais éminent patron d'écurie au Guardian qui se dit "très perturbé d'aller à Bahreïn" : "Pour être tout à fait franc, la seule façon pour que la course se déroule sans incident est de mettre toute la zone sous strict contrôle militaire. J'estime que cela serait totalement inacceptable, pour la Formule Un comme pour Bahreïn. Mais je ne vois pas d'autre manière de le faire". Et le dit patron d'espérer que l'épreuve sera annulée ou reportée, un espoir dit-il partagé par un grand nombre de ses collègues. Le second acte s'est joué en début d'après-midi via une déclaration cette fois de Bernie Ecclestone, nettement plus circonspect qu'il y a quelques jours lorsqu'il déclarait que les manifestations n'étaient le fait que de quelques gamins excités, qui indiquait "Si une majorité d'écuries ne veulent pas y aller, je ne peux pas les forcer". Sous-entendu, la balle est désormais dans le camp de la FOTA qui s'est jusqu'à présent tenue dans un silence qu'on peut qualifier de prudent ou de coupable, selon les interprétations. La FOTA, qui d'ailleurs ne représente maintenant qu'une partie des écuries, s'empressait de répondre que le seul pouvoir d'annulation appartenait à la FIA, bien silencieuse elle-aussi... En tout état de cause, tout le monde a visiblement envie d'annuler, mais personne n'ose le dire en premier, histoire de ne pas voir toute la structure contractuelle s'effondrer sur sa tête.

Devant cette dégradation rapide du climat, le circuit de Bahreïn s'est fendu dans l'après-midi d'un communiqué qui se veut rassurant, citant l'ancien ambassadeur britannique et l'écurie Lotus qui indique que les conditions de sécurité sont remplies. Un communiqué aussitôt suivi par un autre, de l'écurie Lotus elle-même, précisant que les citations du communiqué du Bahrein International Circuit attribuées à Lotus sont extraites sans autorisation d'un rapport interne mais ne sauraient constituer la position officielle de l'écurie à ce jour. Ambiance... D'autant que la presse britannique, qui donne le la lorsqu'il est question de F1, est en grande majorité opposée à la tenue du Grand Prix et s'en cache de moins en moins.

On voit mal, dans ce lourd climat, comment le Grand Prix pourrait avoir lieu sereinement. Il reste à trouver une porte de sortie, et vite, mais ce n'est pas simple : dans ce jeu de dupes, le premier qui bouge a beaucoup à y perdre. Mais en acceptant de se mettre dans une telle situation, c'est la F1 dans son ensemble a déjà beaucoup perdu.

Source : AFP, Guardian et divers

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On est désormais à moins deux semaines de la date prévue pour le Grand Prix de Bahrein, et alors que la communauté de la F1 s'embarque pour la Chine, l'inquiétude monte parmi les acteurs et s'engage une partie de poker menteur aux enjeux énormes.

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