C'est le cas des deux qui ouvrent ce post. En avant-plan, représentant l'histoire, la R381, sport prototype de 1968 dans une version japonaise de la Can-Am d'alors : petites autos, aéro balbutiante et gros moteurs. En l'occurence dans cette voiture, vainqueur du Grand Prix du Japon 1968, un V8 Chevrolet de 5,5l développant plus de 450 chevaux remplaçant in extremis le V12 maison pas prêt pour 1968. En arrière plan la Leaf RC, dont deux exemplaires ont fait quelques tours lors du festival, représente le futur.
Le public nombreux (32 000 personnes) pouvait également contempler dans l'exposition statique (une nouveauté) le successeur de la R381, la R382 apparue un an plus tard cette fois avec le V12. Ces prototypes, comme la Toyota 7 contemporaine, sont peu connues en dehors du Japon où elles sont restées confinées à l'époque.
Le Nismo Festival est l'occasion annuelle de faire prendre l'air aux anciennes voitures de compétition de Nissan. Le constructeur ne vend jamais ses voitures d'usine et dispose d'un service de restoration en interne dont l'objectif est de rafraichir les autos en gardant au maximum les pièces d'origine. La Datsun 210 "Fujigo", première Nissan à remporter une épreuve hors du Japon lors de l'Australia Mobilgas Trial Rally en 1958, a ainsi été restaurée de fond en comble y compris une peinture toute neuve à main levée du Mont Fuji qui lui donne son nom, mais elle garde les plaies et bosses de son aventure.
Plus près de nous, les Skyline GT-R des championnats japonais des années 80 sont toujours vaillantes. La Skyline R31 Reebok de 1989,
Ou la redoutable R32 Groupe A de 1990. Un monstre de 450 chevaux qui avalait tout cru dans la ligne droite du Fuji les Z bardées d'aéro de Super GT de l'année dernière lors de la séance libre matinale.
Benoît Tréluyer, qui n'avait encore jamais conduit l'auto de son ancien mentor Kazuyoshi Hoshino, avait du mal a trouver les mots pour décrire sa surprise et son plaisir au volant: "C'est incroyable ! Elle envoie, mais qu'est-ce qu'elle envoie !".
Pendant ce temps, les différents pilotes maison jouaient les chauffeurs de taxi pressés au volant des autos de l'époque JGTC qui sont encore très capables d'impressionner des passagers aux anges. Ici Satoshi Motoyama au volant de la dernière cuvée de la R34 en JGTC, 2003.
Michael Krumm, auréolé de son titre en FIA GT1, profitait de l'évènement pour reprendre le volant de l'auto qu'il avait conduit au Mans en 1999, la R391.
Il avait aussi amené sa voiture 2011, la GT-R GT1 JR Motorsports, qui intimidait par sa carrure bodybuildée les voitures du Super GT qui en semblaient soudain basses, fines et presque graciles.
Pendant que les autos limaient la piste, une autre bataille occupait dans les salons d'apparat les anciens pilotes Nissan qui conduisaient des versions miniatures de leurs voitures de course.
Revenant pour la seconde année consécutive à la demande générale, les petites Sunny des années 70 enchantent à chaque fois avec leur look d'enfer et leur 1400 simple arbre vrombissant glorieusement à des régimes fortement déconseillés par la sécurité sociale. La voiture jaune qui gagne toujours est la célèbre Hirota Tomei Sunny, conduite ici par Masami Kageyama qui a fait ses classes dessus avant de devenir pilote d'usine Nissan, en particulier gagnant le championnat JGTC en compagnie d'Erik Comas. Il est toujours en activité au volant de la Porsche Hankook dans la catégorie GT300 en Super GT.
Qui a dit qu'il fallait des roues de 20 pouces pour aller vite ?
Roulant dans le même plateau, ces Skyline KPGC10 "Hakosuka" sont des répliques de l'ultime version des voitures d'usine Nissan "widebody" de 1973.
En 1973, c'est la nouvelle version de la Skyline GT-R , la KPGC110 "Kenmeri" qui aurait du prendre la suite, mais la crise du pétrole a coupé court aux activités de Nissan en compétition. Ne subsiste que ce prototype qui, bien que n'ayant jamais couru, reste mythique pour les amateurs du modèle. C'est Takahashi Kunimitsu, pilote de pointe de Nissan à l'époque, qui se chargeait lors du festival de faire quelques tours de parade au volant.
Lors de la parade historique, une autre auto qu'on voit rarement était de sortie, là encore au mains de son pilote de l'époque Kazuyoshi Hoshino, la R92CP de 1992. Alors que le championnat du monde d'endurance revient, il était bon de revoir ce spécimen représentatif de la grande époque du groupe C. V8 3,5l double turbo et au bas mot 800 chevaux pour 900 kg, des spécifications qui se font respecter...
A côté de ces monstres sacrés, les deux Leaf RC avec leur centaine de chevaux peuvent paraître ridicules, mais on aurait tort de s'en gausser trop tôt. Il y a désormais 8 exemplaires de cette auto en circulation, 5 au Japon et 3 dans le reste du monde, qui sont occupés à faire de la représentation, mais elles vont être appelées à d'autres tâches dans le courant 2012. Construites selon les standards des autres voitures de course de Nissan, toutes en carbone avec une répartition des masses très étudiée, il s'agit de tout sauf d'un concept pour rire. Il est d'ailleurs étonnant de voir à quel point les ingénieurs de Nismo qui par ailleurs s'occupent des GT-R de Super GT se sont pris au jeu du développement de cette auto. On ne sait pas encore exactement quand, ni dans quelles circonstances, mais il est acquis que les Leaf RC vont courir.
En attendant ces épreuves d'un nouveau genre, c'est avec la traditionnelle "course" rassemblant les voitures les plus récentes du constructeur que s'est terminée la journée, avec la championne FIA GT1 à l'honneur.
L'autre star du jour était la GT-R championne de Super GT (Nissan a eu une bonne année 2011 en sport auto) du team MOLA, vue ici avec l'ancienne Z en GT300, qui elle avait remporté sa catégorie en 2008. Notez la similitude de décoration, c'est avec ce type de suivi qu'une livrée devient classique.
Exemple avec la GT-R Impul qui n'a changé ni de décoration ni de numéro de course depuis la GT-R R32 vue plus haut il y a plus de 20 ans.
Deux anciennes gloires, la championne 1998 GT-R et la Fairlady Z de 2006, toujours spectaculaires à voir tourner.
Et la dernière née du catalogue Nismo compétition, la Fairlady Z Nismo RC, proposée clé en main aux compétiteurs privés.
Un Nismo Festival ne se termine pas sans la cérémonie de clôture face à la tribune. Les voitures arrivent du bout de la ligne droite dans le soleil rasant de la fin d'après-midi,
et les pilotes rejoignent le reste du personnel des écuries pour saluer les supporters qui leur font toujours la fête, d'autant plus cette année pour les gagnants du titre Super GT, le team Mola.
C'est tout pour cette année, et même pour l'année prochaine, puisque le Nismo Festival sautera l'édition 2012 pour revenir en 2013. L'année prochaine à cette période sera consacrée au déménagement dans les nouveaux locaux, dans le cadre de l'expansion de Nismo annoncée au Tokyo Motor Show. Pas de Nismo Festival en 2012... Raison de plus de profiter de celui-là.
Crédit photos. PLR/leblogauto sauf 3-11-23-25 crédit Yuji Shimizu
Lire également:
Nismo Festival 2010
[zenphotopress album=12464 sort=random number=24]