La Cheetah est une voiture de sport Américaine mythique. Mythique, car son développement a été prématurément interrompu. Elle entre donc dans la catégorie des "et s'il s'était passé ceci au lieu de cela..." et les fans sont catégorique: elle aurait gagné toutes les courses! Mais nous ne vivons pas dans cet univers parallèle et dans notre monde, la Cheetah vient encore de se planter.
En 1957, les "trois grands" signèrent un pacte où ils s'interdisaient de participer officiellement à des courses. En pratique, ils firent appel à des écuries privées à qui ils fournirent une assistance technique et financière.
D'où l'émergence de sous-traitants comme Bill Thomas. Après avoir couru sur des Corvette modifiées, il s'engage en dragster avec une Chevy II:
Fin 1962, les premières Cobra 289 débarquent aux Etats-Unis. La finition du tout premier modèle (ci-dessous) est exécrable. Dean Jeffries (un de ces mécanos Californiens aux doigts d'or) doit quasiment la remonter à la main avant que Caroll Shelby ne puisse la présenter officiellement!
Pour autant, tout le monde est bluffé par les performances du roadster anglo-américain.
Thomas a alors l'idée d'un coupé à moteur Chevrolet capable de battre la Cobra. Avec ce coupé, il compte convaincre le constructeur qu'il est "le" sous-traitant idéal et pourquoi pas, devenir le "Caroll Shelby de Chevrolet."
John Grow, un concessionnaire Chevrolet de Californie, fourni un moteur de Corvette.
Don Edmunds, un pilote de midget reconverti concepteur de voiture de course, construit un châssis multi-tubulaire autour de la mécanique.
On voit ici Thomas avec le résultat final:
Chevrolet est dubitatif. Alors Thomas commence à construire lui-même d'autres Cheetah.
Comme la CSI impose 100 exemplaires pour courir en GT, la Cheetah se cantonne aux courses SCCA:
C'est aussi la grande époque des dragsters et un exemplaire fut spécialement construit pour la discipline:
Sur cette affiche, on voit bien que la Cheetah est beaucoup plus radicale que la Corvette C2:
Vers 1965, Thomas enchaine les tuiles.
Chevrolet refuse de s'impliquer davantage en course.
Son atelier brûle, détruisant son outillage, les moules de la Cheetah et le dragster.
Enfin, l'heure n'est plus aux voitures à moteur avant. On le voit bien sur la photo ci-dessous, l'architecture à moteur central arrière s'impose. Les Cheetah (N°8 et N°58) semblent bien esseulées...
Bill Thomas descend le rideau de fer. La "Super Cheetah" (qui devait remplacer la Cheetah), avec carrosserie en aluminium, restera inachevée.
Les plus optimistes parlent d'une trentaine de voitures produite. D'autres évoquent une quinzaine de voitures, donc plusieurs étaient en cours de construction au moment de l'incendie.
Il y eu plusieurs tentatives de répliques de Cheetah, avec des kits en fibre de verre.
Cheetah Continuation Collectible (CCC) est beaucoup plus sérieux. En 2007, il lance une voiture "dans l'esprit des années 60" avec V8 de Corvette C2. En plus, il dispose de l'imprimatur de Thomas.
Cela n'empêche pas quelques aménagements. Celle-ci reçu la climatisation et une boite automatique:
A 120 000$ l'unité (87 000€), les clients ne se bousculent pas. En 4 ans, CCC n'aurait vendu que 10 voitures, dont 9 auraient été exportées "en Europe".
Du coup, CCC dépose le bilan.
Son atelier d'Oswego, dans l'Illinois, l'outillage et plusieurs Cheetah a été mis aux enchères par le liquidateur. A 120 000$ l'ensemble, personne n'en a voulu.
Source:
Hemmings Blog
Crédit photo: CCC, sauf photos 3 (Ford)
A lire également:
Cheetah: la Cobra de Chevrolet