Sans autre série en support à regarder, les fans venus nombreux tuaient le temps dimanche matin en chassant l'autographe dans le paddock et plus généralement en affichant un support sans faille à Takuma Sato qui a vendu une quantité de casquettes, tee-shirts, écharpes et jouets divers frappés du "Taku 5" à en faire en pleurer le responsable merchandising du Barça dans les bras de celui de Lady Gaga. Sans compter les adeptes du fait maison.
Bon, les autres pilotes avaient tout de même également droit à quelque attention de la part de la Taku Army, comme ici Dario Franchitti (notez le fan de Ferrari trompé par la combinaison rouge et le look décidemment latin lover du pilote écossais).
Certains avaient fait des efforts pour plaire au public japonais comme Danica Patrick, très populaire depuis sa victoire historique ici en 2008, qui s'était fendue d'une représentation "Moe" d'elle-même pour décorer le préfabriqué austère proposé en guise de motorhome à chaque team dans le paddock et que Bernie refuserait pour entreposer ses outils de jardin. Pourtant, personne n'a paru sans formaliser.
De façon générale, l'Indycar, il est vrai en déplacement lointain, ne fait pas de manières. Pitlane en extérieur, largement ouverte aux médias et aux invités et sans gorille tous les 3 mètres, garages accueillants et mécanos sympas (dans une veine "routier sympa" vu le gabarit moyen des gaillards).
Une seule équipe tranche par son matériel astiqué, ordonné et son personnel bien mis et qui s'affaire de façon aussi économe qu'efficace, le tout peint en noir et argent : le Team Penske. La première chose qui vient à l'esprit à la vue de cette structure méticuleuse c'est, selon vos références, les troupes de l'empereur Palpatine ou celles de McLaren époque Ron Dennis, les deux ayant une approche remarquablement similaire du fonctionnement d'une organisation. Le seul qui s'autorise un accroc à la discipline, trônant en haut de son observatoire en chemise blanche, c'est le maître des lieux Roger Penske. On aurait pu penser qu'à son âge et avec les multiples branches de son entreprise tentaculaire et multinationale à gérer le Big Boss se serait passé de ce déplacement au Japon mais non, il était là, l'air sévère et concentré, aux aguets de l'intercom, de la première séance libre à la fin de course. Respect (et crainte, un peu).
Mais cette approche cool des choses (à part Penske, donc) n'empêche pas un extrême professionalisme, et la cérémonie d'avant la course était un modèle d'entertainment réglé au millimètre. Les pilote sont sortis un par un d'une porte sur le podium, accueillis par une salve de fumigènes, présentés par un annonceur qui scandait les noms façon catcheurs "MarcoooOOO AnnnndrettiIIIIII !" et envoyés pour un tour de parade chacun à l'arrière de leur Honda S2000 (Motegi oblige). Ici Sébastien Bourdais, un des très rares du contingent Indycar à ne pas porter une paire de lunettes noires 24 heures sur 24.
Une fois tout le monde revenu, l'aumônier de l'Indycar conduisait la prière traditionnelle d'avant course, cette fois augmentée d'une minute de silence à la mémoire des victimes de la catastrophe du 11 mars, et les hymnes étaient entonnés magistralement par un baryton japonais pour le Kimigayo et une chanteuse de la musique militaire des forces armées US pour le Star Spangled Banner, et se terminaient à la seconde exacte où une paire de F4 Phantom de l'armée de l'air japonaise assurait un passage à très basse altitude au dessus du circuit dans un bruit de tonnerre biblique. Ca c'est du show.
La course pouvait commencer par un départ lancé, la procédure habituelle en Indycar. Scott Dixon prenait le commandement des opérations après une tentative timide et unique de Will Power au virage 3. La seule victime du virage 1 était Helio Castro-Neves qui laissait les premières traces dans le gravier qui allait en voir bien d'autres.
Rien ne se passait vraiment durant les 20 premiers tours avant que JP de Oliveira, coincé derrière Sato en 11ème position ne s'impatiente et tente un dépassement trop optimiste à l'intérieur de l'épingle. Sato pouvait continuer mais Oliveira devait abandonner sur le bord du circuit, moteur en grève. Dommage pour le champion 2010 de Formula Nippon qui depuis vendredi flirtait avec le top 10 pour sa première prestation en Indycar. Le premier ravitaillement se passait sans changer grand chose, Will Power ne pouvant pas (de justesse !) passer Dixon.
Il fallait attendre l'intervention du safety car en toute fin d'épreuve pour voir les choses s'animer. La Honda CR-Z s'effaçait et le drapeau vert s'abattait avec 3 tours à couvrir, et si les premiers repartaient dans l'ordre, Dario Franchitti, revenu en cinquième position, portait une attaque suicide que lui-même qualifiait de "stupide" après la course sur Ryan Briscoe ce qui déclenchait une réaction en chaîne mettant quatre voitures dans le gravier et redéclenchant immédiatement une nouvelle intervention de la voiture de sécurité au bout de 50m. Le redépart suivant voyait encore un accrochage mais la direction de course décidait de finir l'unique tour restant à couvrir vaille que vaille. Au final c'est donc Scott Dixon qui l'emporte avec le plein de points,
Devant Will Power, second, qui passe en tête du championnat devant Franchitti,
et Marco Andretti troisième, auteur d'une course solide.
Sébastien Bourdais termine une nouvelle fois à une bonne sixième place pour sa dernière participation de la saison, et ne sait pas encore de quoi l'an prochain sera fait.
Takuma Sato, après une course tumultueuse où il fut victime de deux accrochages, termine finalement 10ème sous les applaudissements de la foule.
Le podium fut encore une belle source de spectacle. Scott Dixon y a reçu son trophée de vainqueur...
Et Will Power la coupe de vainqueur du Mario Andretti Trophy qui récompense le pilote ayant eu les meilleurs résultats sur les circuits routiers cette saison. Ce n'est d'ailleurs pas la seule fois que Mario a été cité, le speaker de la cérémonie du podium appelant Marco Andretti du prénom de son grand-père de façon répétée, source d'hilarité chez les photographes et les officiels.
Scott Dixon n'en avait pas fini pour autant puisqu'il est revenu sur le podium pour une bonne vingtaine de minutes afin d'y recevoir comme tous les ans la longue série de prix totalement hétéroclites des différents partenaires de l'épreuve qu'il acceptait avec entrain et bonne grâce, impressionnant si l'on considère qu'il venait de faire deux heures de course dans une chaleur intense. Quelle santé ! Un drapeau de la préfecture de Tochigi, une gravure ancienne, un casque de samouraï, un aller-retour Tokyo Indianapolis pour deux, une caisse de melons d'Ibaraki, un an de poulet frit, un tonneau de saké, des dizaines de kilos de riz, un séjour dans un Onsen, un téléviseur 3D, un an de Pocky au chocolat, un an de Coca Cola zéro et finalement, accueilli avec des cris de joie de ses mécanos sans doute adeptes de la chose, d'un an de bowling offert par l'association des bowlings japonais. Il y aura du supplément de bagages...
Et c'est ainsi que se terminait sur une note légère un week-end très réussi devant une assistance record qui va peut-être faire regretter leur choix aux dirigeants de Honda, qui ont déjà changé d'avis sur leur décision de quitter l'Indycar et restent en temps que motoriste l'année prochaine. Indy Japan : The Final ? Il ne faut jamais dire jamais.
Classement de l'épreuve
1. Scott Dixon - Target Chip Ganassi Racing - No.9
2. Will Power - Team Penske - No.12
3. Marco Andretti - Andretti Autosport - No.26
4. Alex Tagliani - Sam Schmidt Motorsports No.77
5. Oriol Servia - Newman/Haas Racing No.2
6. Sébastien Bourdais - Dale Coyne Racing No.19
7. JR Hildebrand - Panther Racing No.4
8. Dario Franchitti - Target Chip Ganassi Racing No.10
9. Mike Conway - Andretti Autosport No.27
10. Takuma Sato - KV Racing Technology-Lotus No.5
Classement du championnat
01 Will Power 542 pts
02 Dario Franchitti 531 pts
03 Scott Dixon 483 pts
04 Oriol Servia 397 pts
05 Tony Kanaan 353 pts
06 Ryan Briscoe 340 pts
07 Marco Andretti 327 pts
08 Ryan Hunter-Reay 317 pts
09 Graham Rahal 302 pts
10 Helio Castroneves 302 pts
Crédit photos : PLR/le blog auto
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