10 raisons pour lesquelles le retour d'Alpine est improbable (+1 qui le rendrait probable)
par Joest Jonathan Ouaknine

10 raisons pour lesquelles le retour d'Alpine est improbable (+1 qui le rendrait probable)

Le retour d'Alpine est un marronnier: on en reparle régulièrement. Lorsque le N°2 de Renault l'évoque, on se met à rêver. Hélas, le réveil va être difficile: il est très peu probable de revoir une Alpine en concession.

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Le retour d'Alpine est un marronnier: on en reparle régulièrement. Lorsque le N°2 de Renault l'évoque, on se met à rêver. Hélas, le réveil va être difficile: il est très peu probable de revoir une Alpine en concession.

De l'A106 à l'A610, l'aventure Alpine a duré une bonne quarantaine d'années. C'est un record dans l'histoire Française des constructeurs de voitures de sport.

Alpine, c'est avant tout la "berlinette" A110. Ce n'était pas qu'une voiture agréable à l’œil: elle a remporté 2 titres de champion du monde de rallye.

Alpine s'est aussi illustré sur pistes, durant les années 60-70. Le point d'orgue étant la victoire aux 24 heures du Mans 1978, avec la descente des Champs Elysées qui a suivi. Et il y eu aussi des Alpine F2 et F3...

En bref, à la ville, comme en course, elles tutoyaient les Porsche.

Ensuite, Alpine est rentré dans le rang. Il a été décidé que les F1 serait des "Renault" et non des "Alpine" (comme ce fut le cas du tout premier prototype.) Ce fut le début de la fin.

Quant aux Alpine de route, trop corsetées par Renault, elles ont perdu le feu sacré. L'A610, dernière de la lignée, n'avait plus grand chose pour elle.

Relancer Alpine? Personnellement, je serais pour. Mais est-ce Renault peut et veut le faire?

1. On a déjà donné !

Vous vous souvenez de cette histoire du gamin qui criait tout le temps "au loup!" et qu'à la fin, plus personne ne croyait ? C'est un peu le problème d'Alpine. Cela fait 15 ans que la dernière A610 est sortie de chaine. Et cela fait aussi 15 ans que l'on parle d'un retour d'Alpine!

Prenons les cas les plus sérieux.

En août 2007, Jean Rédélé, fondateur d'Alpine, s'éteint. Renault lui rend hommage 8 mois plus tard, avec une exposition thématique à l'Atelier Renault. Pourquoi attendre aussi longtemps ? Mais parce que juste après, Renault va profiter du buzz de l'expo pour lancer une nouvelle Alpine, pardi !

En novembre 2009, la Twingo Gordini est dévoilée. Si Renault a ressuscité un badge mythique, il va forcément continuer sur sa lancée, non ? Cette fois-là, on rêve d'une Megane Alpine.

Au Mondial de Paris 2010, le concept-car DeZir débute. Laurens van den Acker, responsable du design, évoque "une série de concept-cars de toutes les couleurs". D'aucun déduisent que la bleue sera une Alpine...

2. Il y a déjà une marque premium

Mais à la fin, le petit garçon qui criait "au loup!", il a vu un loup, non? La politique de l'Alliance Renault-Nissan, c'est avant tout du pragmatisme. Pas question de créer des doublons. Si Alpine renaissait, ce serait en tant que marque exclusive. Or, l'Alliance possède déjà une marque premium: Infiniti.

A l'origine, Infiniti (à l'instar d'Acura pour Honda et Lexus pour Toyota) était une marque créée pour les Etats-Unis. Les premiers modèles n'étaient que des hauts de gamme Nissan (invendables sous ce badge, car le constructeur était vu comme "popu" aux Etats-Unis.)

Au fil des années, Infiniti s'est lancée hors des Etats-Unis et c'est devenu une vraie marque, avec des produits spécifiques. Depuis cette année, Infiniti sponsorise l'équipe de F1 Red Bull et l'on parle de modèles sportifs Infiniti-Red Bull.

Dans ce contexte, Alpine ne serait qu'un doublon. En plus, là où Red Bull et Infiniti se partageront les factures, Renault payerait seul la note d'Alpine.

3. Renault vend surtout du bas de gamme

Un indice éventuel, ce serait une montée en gamme ou une mise en avant des "voitures-plaisirs". Tout ceci créerait une ambiance, dans laquelle le retour d'Alpine semblerait logique. A contrario, actuellement, Renault, c'est surtout des déplaçoirs. Au vue des dernières campagnes européennes, on peut constater qu'il met en avant 3 modèles :

1) La Clio

2) La Clio

3) La Clio

Une monoculture payante, vu qu'elle est actuellement la 5e meilleure vente du marché Européen (un score honorable pour une voiture en fin de carrière.)

4. Renault a abandonné le haut de gamme

Suite à l'échec de la Vel Satis, la firme au losange a décidé de laisser le haut de gamme en friche. La Latitude, une Samsung SM5 rebadgée coiffe la gamme sans conviction.

Chez Samsung, il existe également une SM7, mais elle ne sera même pas rebadgée.

Quant à la Wind, très discrète, elle ne figure même pas dans le top 100 du marché Français.

Pas de quoi motiver Renault à lancer une Alpine...

5. Alpine est trop franchouillard

Aujourd'hui, Renault doit avant tout penser "global", pour le meilleur et pour le pire. Certes, l'Espagnol FASA a produit des A110 et il y a eu les Willys Interlagos Brésilienne (ci-dessous.) Pour autant, Alpine reste très franco-français; la marque est pas ou peu connue à l'étranger. A l'apogée d'Alpine, les années 60-70, Renault exportait peu (comme tous les généralistes Européens.)

Le fameux article de La Tribune (un quotidien Suisse) a mis en ébullition le web Français. En revanche, les sites étrangers, y compris ceux destinés aux vrais fans de voitures, ont rarement relayé l'information.

"Gordini" était méconnu. "Alpine" pourrait en plus prêter à confusion: dans certains pays, il est associé avant tout à du matériel audio...

A des vêtements et des combinaisons pour motards...

Voir, Outre-manche à des productions de Talbot/Rootes! Aujourd'hui, Renault se doit de penser "global". A quoi bon relancer une marque, si sa notoriété est quasi-nulle hors de l'hexagone?

6. Elle n'a pas de plateforme

Une Alpine à traction avant ferait hurler les puristes. Ils veulent une berlinette moderne! Ni Renault, ni Nissan ne commercialise de voitures à moteur en porte-à-faux arrière. Il faudrait créer une plateforme inédite. Ce qui serait difficilement rentable sur un véhicule produit à 10 000 exemplaires par an (en comptant large.)

Nul doute que la firme au losange est encore échaudée par l'expérience du Spider Renault Sport. Pour amortir les coûts, son châssis devait être repris sur d'autres modèles. Non seulement le Spider fit un flop, mais les cas de "recyclage" du châssis (le concept-car Fiftie, la Helem...) furent bien rares.

7. Ressusciter Alpine, pour en faire quoi?

Une des pistes évoquées par Tavares serait qu'Alpine soit une griffe plus exclusive. Sur le modèle de "DS" chez Citroën. Après tout, dans les années 70, il y a bien eu une 5 Alpine.

Le souci, c'est que Renault possède déjà de nombreux labels: Renault Sport, Gordini et peut-être bientôt Williams...

La définition de chacun est assez flou. Alpine apporterait de la confusion à la confusion.

Imaginez la discussion suivante:

"Tu as quoi, comme voiture?

- Une Clio R.S. Gordini Alpine.

- Ah? Et c'est pas compliqué d'avoir 3 voitures?"

8. Renault se désintéresse du sport

Pour "vendre" Alpine, il faudrait un engament sportif, dans l'esprit de la marque.

En 1978, Renault était simultanément engagé en F1, au Mans, en F2, en rallye et en rallycross!

Actuellement, le programme F1 est en roues libre. Renault n'est plus que fournisseur de moteurs. Il a revendu toutes ses parts de l'ex-Renault F1 Team et son nom devrait totalement en disparaitre en 2012.

Il fournit les moteurs du GP2, mais son nom n'est pas mis en avant.

Il semblerait donc qu'à moyen-terme, Renault se contentera des World Series by Renault. Dans ce contexte, les Alpine n'auraient droit qu'à une coupe monotype. Pas vraiment le meilleur vecteur de promotion au-delà du cercle de fans...

9. Ce n'est qu'un "ego trip" de Carlos Tavares

Lorsqu'on a évoqué les cas où le retour semblait imminent, il s'agissait à chaque fois de rumeurs, de supputations, voir d'observateurs qui prennent leurs désirs pour des réalités.

Ici, on a tout de même un responsable de Renault qui emploie ouvertement le mot magique. On n'est donc plus dans le "j'ai un cousin qui a un beau-frère dont l'oncle du dentiste a un voisin qui connait quelqu'un qui travaille chez Renault et qui..."

Carlos Tavares est devenu N°2 du groupe en 2010. Il reste un parfait inconnu auprès du grand public.

Ces derniers mois, le constructeur et sa stratégie étaient dans la tourmente (tout électrique, affaire d'espionnage, suicides au technocentre...)

Se démarquer de son prédécesseur, ça ne mange pas de pain et c'est bon pour la popularité. Il peut donc dire qu'il souhaite des modèles luxueux ou sportifs. Ainsi, il passe pour un "gentil" aux yeux des fans.

10. La course d'escargots

Lancer un petit coupé est commercialement très aléatoire. Opel Tigra, Ford Puma, Mazda MX-3, Smart Roadster... Les exemples récents ne sont guère encourageants.

On peut supposer que Renault garde son Alpine au chaud, le temps qu'un autre lance son modèle et défriche le marché. Le problème, c'est que Fiat semble avoir la même stratégie avec son coupé Abarth maintes fois annoncées!

Autant dire que si chacun attend que l'autre bouge, on n'est pas sorti de l'auberge!

Pour autant, tout n'est pas perdu...

Après tout, on n'est pas à l'abri d'une bonne surprise!

On a dit que ce qui manquerait à une éventuelle Alpine, c'est un châssis à moteur central. Or, Renault est lié à un constructeur de voitures de sport...

Plus sérieusement, Lotus et Renault ont plusieurs fois travaillé ensemble. Lotus a ainsi développé la version restylée de la Clio V6.

Lotus ne s'en cache pas: il a besoin d'argent pour financer son développement.

Il n'avait pas hésité à vendre le châssis de l'Elise à d'autres constructeurs (Hennessey, Opel, Tesla...) et même à produire pour eux.

Pourquoi ne ferait-il pas la même chose avec l'Evora?

Dans ce contexte, industrialiser une nouvelle Alpine serait un jeu d'enfant: un châssis d'Evora, une carrosserie évoquant l'A110, un moteur Renault et voilà!

Il existe même une deuxième possibilité.

Renault possède en effet des liens assez forts avec le Team Lotus. Il a accepté de lui fournir des moteurs avant même que le deal entre l'ex-Renault F1 Team et Lotus Cars soit passé!

Comme par hasard, Air Asia (dont le patron est Tony Fernandes, propriétaire de l'écurie de F1) est principal sponsor de la Clio Cup UK:

On sait que Fernandes souhaite développer Caterham. Dans quel sens?

Tout est possible avec lui, y compris un accord avec Renault pour un rebadgage de la SP/300.R...

Crédit photos: Renault, sauf 5, 23 et 27 (Renault Sport), 6 (Joest), 9 et 10 (Infiniti), 17 et 20 (DR), 18 (Alpine), 19 (Alpinestar), 24 (LRGP), 26 (Abarth), 29 (Lotus), 30 (Team Lotus), 31 (Renault Sport UK) et 32 (Caterham)

A lire également:

La vision de Carlos Tavares: luxe, sport, Alpine et élégance à la française...

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Pour résumer

Le retour d'Alpine est un marronnier: on en reparle régulièrement. Lorsque le N°2 de Renault l'évoque, on se met à rêver. Hélas, le réveil va être difficile: il est très peu probable de revoir une Alpine en concession.

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