Osamu Suzuki se paye publiquement VW
par Pierre-Laurent Ribault

Osamu Suzuki se paye publiquement VW

Il y a maintenant 18 mois que VW est devenu le plus gros actionnaire de Suzuki avec 19,9% des parts de l'entreprise japonaise. Le scénario était classique : le groupe conquérant qui absorbe le petit constructeur régional à la satisfaction de tous, l'acheté reconnaissant et l'acheteur magnanime, bienvenue dans la famille, etc. Grossière erreur d'appréciation. Osamu Suzuki, le patron de l'entreprise, est un souriant petit homme provincial à l'apparence affable et inoffensive, mais cache sous son air matois un farouche indépendant, un esprit libre à la volonté de fer qui n'a peur de rien ni de personne. La chose est bien connue au Japon depuis longtemps, mais l'information n'est apparemment pas arrivée jusqu'à Wolfsburg à temps avant la signature et Volkswagen n'a pas fini de s'en mordre les doigts.

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Il y a maintenant 18 mois que VW est devenu le plus gros actionnaire de Suzuki avec 19,9% des parts de l'entreprise japonaise. Le scénario était classique : le groupe conquérant qui absorbe le petit constructeur régional à la satisfaction de tous, l'acheté reconnaissant et l'acheteur magnanime, bienvenue dans la famille, etc. Grossière erreur d'appréciation. Osamu Suzuki, le patron de l'entreprise, est un souriant petit homme provincial à l'apparence affable et inoffensive, mais cache sous son air matois un farouche indépendant, un esprit libre à la volonté de fer qui n'a peur de rien ni de personne. La chose est bien connue au Japon depuis longtemps, mais l'information n'est apparemment pas arrivée jusqu'à Wolfsburg à temps avant la signature et Volkswagen n'a pas fini de s'en mordre les doigts.

Osamu Suzuki, comme d'autres dirigeants japonais importants, tient un blog sur le site du grand quotidien économique Nikkei où il dispense régulièrement ses pensées du moment. Il vient d'y écrire un post incendiaire que le site The Truth About Cars a aimablement traduit. Il s'agit d'une réponse on ne peut plus claire aux signes d'impatience des Allemands qui sont renvoyés dans leur buts sans ménagement.

Morceaux choisis :

"Dernièrement, les dirigeants de Volkswagen assurent à leurs actionnaires que Volkswagen peut influencer largement la politique d'entreprise de Suzuki. Je ne suis pas très à l'aise vis à vis de cette affirmation, étant donné que nos deux entreprises ont accepté de rester indépendants et sur un pied d'égalité lorsque nous avons signé l'accord de partenariat. Puisque les deux sociétés sont de tailles très différentes, les gens de Volkswagen ont pu acquérir l'impression erronée que Suzuki rentrerait dans leur giron. Il n'en est rien. Suzuki a signé l'accord sous la condition d'être partenaire à égalité."

"Est-ce que Suzuki fait face à des difficultés immédiates ? Absolument pas. Nous avons pris connaissance des technologies de Volkswagen, mais n'avons rien trouvé de suffisamment intéressant pour être adopté immédiatement. Suzuki travaille sur ses propres technologies vertes. Nos ingénieurs acquièrent plus de capacités que je ne m'y serais attendu et développent des technologies étonnamment performantes."

"Pour l'instant, et particulièrement pour les marchés importants comme les petites voitures et le marché indien, nous ne sommes pas pressés de collaborer avec Volkswagen."

"Si nous avions besoin d'une technologie quelconque, nous avons la possibilité de demander à d'autres constructeurs avec lesquels nous bénéficions d'échanges de technologies. La fourniture de moteurs diesels par Fiat, qui vient d'être annoncée, en est un exemple. La course à la technologie s'intensifie dans l'industrie automobile. Le modèle de la simple participation au capital pour prendre le contrôle d'un autre constructeur ne pourra plus marcher."

"Je suppose que beaucoup d'entre vous se demandent ce que va devenir la relation de Suzuki avec Volkswagen. Nous avons l'intention de continuer à dialoguer en toute sincérité avec notre partenaire pour bâtir une relation d'égal à égal. Après tout, c'était là l'objectif premier de se joindre à Volkswagen."

"Je suis de plus en plus motivé face à de multiples challenges. L'urgence est de se remettre du tremblement de terre. Il faut s'en occuper MAINTENANT. Je ne suis plus très jeune, mais je suis prêt à continuer à travailler dur avec les employés de Suzuki."

En d'autres termes: "Soyez content d'être actionnaire de Suzuki mais pour le reste foutez nous la paix. Nous sommes parfaitement capable de nous débrouiller tous seuls et nous avons d'autres choses plus importantes à faire que de nous occuper de vous en ce moment. Et si vous croyez que le vieux grincheux va bientôt partir sucrer les fraises ailleurs, vous vous fourrez le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Je ne bougerai pas d'un iota."

Vous avez entendu ce bruit ? Etait-ce l'ordinateur portable de Martin Winterkorn s'écrasant sur le mur de son bureau ou la tasse de café se fracassant dans la main de Ferdinand Piëch ?

Source : Nikkei via The Truth about Cars

Montage : PLR/le blog auto

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Il y a maintenant 18 mois que VW est devenu le plus gros actionnaire de Suzuki avec 19,9% des parts de l'entreprise japonaise. Le scénario était classique : le groupe conquérant qui absorbe le petit constructeur régional à la satisfaction de tous, l'acheté reconnaissant et l'acheteur magnanime, bienvenue dans la famille, etc. Grossière erreur d'appréciation. Osamu Suzuki, le patron de l'entreprise, est un souriant petit homme provincial à l'apparence affable et inoffensive, mais cache sous son air matois un farouche indépendant, un esprit libre à la volonté de fer qui n'a peur de rien ni de personne. La chose est bien connue au Japon depuis longtemps, mais l'information n'est apparemment pas arrivée jusqu'à Wolfsburg à temps avant la signature et Volkswagen n'a pas fini de s'en mordre les doigts.

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