Grand Prix de France: désolé de jouer les oiseaux de mauvaise augure, mais...
par Joest Jonathan Ouaknine

Grand Prix de France: désolé de jouer les oiseaux de mauvaise augure, mais...

serait partant. Est-ce que j'ai envie qu'il y ait un Grand Prix de France? Oui. Est-ce qu'il y aura un Grand Prix de France dans un futur proche? Non.

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La renaissance du Grand Prix de France est un serpent de mer. Patrick Tambay essaye de mobiliser, via Facebook. Le premier ministre, François Fillon, serait partant. Est-ce que j'ai envie qu'il y ait un Grand Prix de France? Oui. Est-ce qu'il y aura un Grand Prix de France dans un futur proche? Non.

Le premier souci, c'est le circuit. Pendant des années, on nous a expliqué que Magny-Cours était "la moins pire des solutions". Après tout, le circuit existait et il était déjà aux normes de la F1.

Ah, Magny-Cours... Son isolement géographique, ses trois hôtels qui se battent en duel et son autoroute qui "sera prolongée jusqu'au circuit, l'an prochain, c'est promis".

Quant à la piste, c'est un véritable tourniquet. Les 18 Grand Prix disputés furent souvent des processions.

L'arrivée de Serge Saulnier à la tête du circuit, en 2010 devait sonner le renouveau. Mis à part la perte des WSR et du championnat de F3 Britannique, on n'a pas vu beaucoup de nouveautés...

Pour remplacer Magny-Cours, il y a eu de nombreux projets de circuit ad hoc: Rouen, Versailles, Disneyland Paris et Flins.

Ce dernier était le dossier le plus sérieux. Les politiques locaux de droite et de gauche semblaient s'être mis d'accord. Le site aurait permis de "recycler" une future friche industrielle et la proximité de Paris devait garantir le remplissage des tribunes.

Hélas, les militants écologistes ont été très véhéments (euphémisme), y compris contre les élus de leur propre camp. Sous leurs coups de boutoirs, le projet a été torpillé.

L'ex-futur circuit a été transformé en champs pour l'agriculture biologique, ça ne s'invente pas!

Reste donc le circuit Paul Ricard, alias "High Tech Test Track". Après son resurfaçage, la piste devait uniquement accueillir des essais privés.

Depuis quelques années, elle s'est ouverte aux courses: FIA-GT, WSR, F3...

Le site serait parfaitement apte à recevoir les F1.

OK, on "a" un circuit. Néanmoins, il y a un deuxième souci: l'argent.

Jusque dans les années 90, les sponsors tricolores se bousculaient. Outre les cigarettiers et les alcooliers (bannis par la loi Evin), il y avait les équipementiers automobiles, les pétroliers, la presse papier, l'industrie textile, l'électro-ménager, les fabricants de jouets, etc.

Puis ils se sont évaporés et personne ne les a remplacé. Quant aux constructeurs, ils osent à peine communiquer sur leurs programmes sportifs. Pour vous en convaincre, regardez leurs sites et cherchez-y des infos sur le sport...

Faute de financements privés et parce que la billetterie ne suffirait pas, le Grand Prix de France devrait quémander des subventions.

François Fillon aurait du être un atout. Ancien député de la Sarthe, c'est un passionné et il pilote à l'occasion. En 2007, tout juste nommé Premier Ministre, il prend le volant du safety-car des 24 heures du Mans (ci-dessous.)

Depuis, il n'a quasiment fait aucun geste réellement encourageant.

Récemment, la Ministre des Sports, Chantal Jouanno, était l'invitée de l'Equipe TV. Au sujet du Grand Prix de France, elle disait grosso modo: "Les circuits sont des structures privées. La F1 coute très cher. S'ils la veulent, qu'ils se débrouillent. Ce n'est pas au contribuable de payer."

Alors que juste avant, elle avait assuré que pour l'Euro 2016 de foot, les Jeux Olympiques d'hiver à Annecy ou le Tour de France (autant d'organisations plus ou moins privées), son chéquier était ouvert.

On est donc bien dans le délit de sale [censuré]. Et il serait étonnant qu'à la veille d'élection présidentielle, le gouvernement décide de changer de position sur un sujet à polémiques.

Car la F1 n'est pas la bienvenue pour tous. Comme l'a justement dit Henri Pescarolo, dès que l'on dit "vitesse" en France, on vous répond "pollution, accident et morts."

Les seuls circuits encore à peu près tolérés sont ceux qui se contentent de journées portes ouvertes et d'école de pilotage (comme Dreux, La Chatre, Marcoussis, La Ferté-Gaucher, Le Laquais, Pont l’Évêque...) Mais même là, les riverains sont toujours à l'affût et la menace de fermeture plane en permanence.

Tout ceci est évidemment bien désolant. Il faut se souvenir que la France est le berceau du sport automobile.

C'est là qu'a eu lieu la première course de voitures, que l'on a défini les premières règles internationales, que l'on a accueilli la première coupe internationale, que l'on a organisé le premier Grand Prix et c'est même en France que l'on a créé la première vraie écurie de course!

Pour autant, il ne faut pas s’apitoyer sur la France. Car dans le reste de l'Europe, ce n'est guère mieux.

En Suisse, un avant-projet de légalisation du sport automobile a été tué dans l’œuf.

En Italie, la F1 ne vient plus à Imola et Monza est la proie d'associations de riverains.

En Belgique, Spa est en permanence sur la sellette.

Certes, après huit années de bras de fer, le Red Bull Ring (ex-A1 Ring et ex-Zeltweg) a rouvert. Au Portugal, Portimao est sorti de terre.

Il faut néanmoins souligner qu'il y a eu peu de nouveaux circuits ces 10 dernières années. Même en Grande-Bretagne (censé être le paradis des sports mécaniques), Croft est dans la ligne de mire, le projet de F1 à Donington a fait long feu et Brands Hatch n'ose même plus en parler.

Si on veut noircir encore plus le tableau, on peut souligner que la F1 actuelle n'a plus d'Eldorado.

Lorsque la Communauté Européenne voulait renforcer sa législations sur les cigarettes, Bernie Ecclestone menaçait de faire un championnat de F1 qui bouderait l'Europe, au profit de l'Extrême-Orient. Puis il y a eu le mirage du Moyen-Orient.

La fin de l'A1 GP et la mort annoncée du GP2 Asia signent la fin du mythe asiatique. Lorsque le promoteur du circuit de Shanghai avait du mal à payer sa dîme, Ecclestone a prospecté d'autres circuits Chinois, sans succès.

A long terme, l'Inde et la Chine pèseront peut-être un certain poids. Mais pour l'instant, politiques et entrepreneurs se montrent bien timides envers la F1.

Crédit photos:

World Series by Renault/Renault/DR/British F3/Peugeot/DR/DR/Pro'pulsion/Renault/World Series by Renault/Fédération Chinoise du Sport Automobile

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