Essai circuit Lotus Evora S et routier Evora IPS
par Bernard Muller

Essai circuit Lotus Evora S et routier Evora IPS

Tester une Lotus Evora sur route, c’est bien. La tester sur circuit, c’est mieux, et sur le Bugatti, c’est … génial.

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Le calendrier faisant parfois bien les choses, alors que j’étais à cette journée Pirelli, mon collègue Clément revenait juste d’Angleterre, où il avait pu tester l’Evora IPS chez Lotus. Vous avez donc deux essais pour le prix d’un, mais nous nous sommes promis de ne pas partager nos impressions pour rester impartial.

La Lotus Evora n’est pas une nouveauté, puisque l’année dernière, à l’occasion d’une autre journée Pirelli P-Zero Experience, nous avions pu avoir entre les mains la version normale. Elle m’avait donné une très bonne impression, même si la position du pédalier, décalé par rapport au volant, nécessite un petit temps d’adaptation.

Cependant, la voiture était très facile à prendre en main, et surtout très maniable. Après quelques virages, on devient plus optimiste et on commence à manier la voiture avec plus d’énergie. Ca tombe bien, elle adore ca. Attention tout de même aux excès d’optimisme, le tête-à-queue n’est pas loin, comme j’avais d’ailleurs pu en faire l’expérience… Heureusement, le circuit HTTT Paul Ricard et très conciliant sur ces écarts…

Si la Lotus Evora normale est un délice à manier dans les virages, son manque de puissance se fait ressentir dans les longues lignes droites. Il vous reste à regardez passer les Porsche, Ferrari et autres bolides et à attendre le prochain virage… pour éventuellement les rattraper.

La Lotus Evora normale est propulsée par un V6 3,5l développant 280ch. Ce V6 provient directement de la banque d’organes de Toyota, c’est celui que l’on retrouve sous le capot de la Toyota Camry… une voiture réputée pour sa fiabilité et son habitabilité, mais pas vraiment pour son côté sportif. Cependant, malgré cette mécanique roturière, l’Evora garde un poids relativement contenu de 1382kg.

Par rapport à la version normale de l’Evora, la version S ajoute un compresseur, de quoi faire passer la puissance de 280ch à 350ch à 7000 tours/min. Voila qui fait tout de suite plus sérieux, surtout que le poids ne progresse que de 55kg à 1437kg.

Le couple quant à lui passe de 35,7 à 40,8mKg à 4500 tours minutes.

Avec son poids de 1437kg, l’Evora S peut abattre le 0 à 100 en 4,6s (contre 5,1s pour l’Evora normale) et atteindre la vitesse maximale de 277km/h (261km/h).  Le prix quant à lui fait également un bond de 10000€, cette version étant disponible à partir de 70350€ contre 60000€ pour la version standard.

Ces performances amènent l’Evora S dans le territoire, voire plus, d’une certaine Porsche Cayman S (qui ne dispose que de 320ch et abat le 0-100km/h en 5,2s), voire d’une trop rare Cayman R (330ch, 0-100km/h en 5s), ou même d’une 911 Carrera (340ch, 0-100km/h en 4,9s). Si le budget peut sembler proche de celui de la Porsche Cayman S (64000€) ou R (71200€), l’écart se creuse avec la 911 Carrera (87000€). Les prix des Porsche étant bien évidemment sans options, et les options chez Porsche n’ont de limite que la patience de votre banquier…

On garde la même :

A l’extérieur, tout comme à l’intérieur, il n’y a que peu de différences entre une Evora normale et la version S.  La finition est correcte, avec du cuir et de l’aluminium, mais ne laisse pas une impression ni de luxe, ni de solidité. De ce point de vue, elle est bien en retrait d’une Porsche. C’est assez sobre, nous sommes dans une Lotus, pas une Rolls.

En ce qui concerne les places arrière, disons que l’Evora devrait être cataloguée de 2+0,5 plutôt qu’en 2+2.

Et le coffre me direz-vous ? Heuhhh… et bien,  tiens, maintenant que j’y pense, j’ai oublié de regarder. Bon c’est une Lotus, ce n’est pas fait pour déménager une armoire normande….

Au volant, la prise en main est identique à la version normale dont on retrouve les qualités (un levier de vitesse au maniement facile, rapide et agréable, même si pas toujours très précis) et les défauts (les pédales décalées à droite par rapport au volant).

Le conducteur peut choisir entre 3 modes de conduite : Normal, Sport qui va retarder le déclenchement de l’ESP et permettre quelques glissades, et ESP déconnecté. Pour cet essai, c’est le deuxième mode qui fut choisi, un bon compromis.

Plus de nerf :

Et c’est parti. Le feu passe au vert et je résiste à l’envie de défoncer le plancher de mon pied droit, pour bien vérifier que la voie est libre avant de foncer sur le circuit. C’est bon, GO. La voiture bondit, et je suis plaqué au siège. Pas de doutes, le compresseur n’a pas été oublié à l’usine, il est bien présent.

Freinage, filet de gaz, relance en sortie, le surplus de puissance est bien là, et ne vient en rien troubler le châssis qui reste imperturbable. Même à faible régime, la puissance est présente et le moteur est assez linéaire et facile. Pas de coup de pied au cul comme avec un turbo, on a juste l’impression de se retrouver dans une Evora normale, mais plus puissante… Un caractère justement peut-être un peu trop bien élevé pour certains.

J’enchaîne les virages, mon copilote/instructeur m’avertit qu’une Ferrari est derrière, je décide donc d’accélérer un peu plus tôt en sortie de courbe. Erreur, je sens l’arrière qui part et la voiture qui glisse. Finalement, heureusement que l’ESP n’était pas totalement déconnecté…. Le mode Sport est finalement bien suffisant.

Quelques tours plus tard, changement de conducteur. Je laisse mon copilote/instructeur professionnel prendre le volant, avec pour consigne, de montrer ce que l’Evora S a dans le ventre. Il ne se fait pas prier 2 fois le bougre, un bon pilote, ca vous change une voiture, et la couleur du passager…

Freinages « debout » sur les pédales, trajectoires au microscope, l’Evora S est un vrai jouet pour adultes. Les freins semblent tenir la route puisqu’ils n’ont pas montré de signes de faiblesse pendant tout le parcours.

Mais voila, le temps imparti est déjà passé, et il faut en laisser aux autres.

Cette version de l’Evora S est vraiment la version à prendre pour faire du circuit. La motorisation est réussie, même si certains regretteront qu’elle n’ait pas plus de caractère, et se marie très bien au châssis qui semble encore demandeur de puissance. Peut-être une future Evora R ?

Et une Lotus Evora auto ça vous dit ?

Plus tard dans la journée, je demande à essayer l’Evora IPS. Il s’agit en fait de l’Evora normale en boîte automatique. Cette version est évidemment plus faite pour la route et pour une utilisation quotidienne que pour le circuit. Mais elle devrait trouver son public, surtout sur les marchés Nord Américains et du Moyen Orient.

Il s’agit d’ailleurs d’un essai routier d’une vingtaine de minutes dans les environs du circuit et non d’un essai performance. Pour un essai plus complet de cette Evora IPS, je vous renvoie à l’essai de Clément ici.

Le levier de vitesses est remplacé ici par 3 boutons : R, N et D dont je n’expliquerais pas ici l’utilisation. En bas de ces 3 boutons, le P pour Park et le bouton activant le mode Sport. De part et d’autre du volant, des palettes pour les changements manuels des vitesses. Cette boîte est d’origine Toyota, normal puisque le moteur l’est aussi.

Après avoir réglé le volant en hauteur et profondeur, c’est parti. Quelques centaines de mètres plus loin, me voilà coude au volant, cette Lotus se conduit d’un doigt… et d’un pied.

J’engage le mode sport, qui optimise la rapidité des changements des rapports, et décide d’utiliser uniquement le mode manuel aux palettes.

Hmmm, pas très dynamique tout ça. Pas de patinage de la boîte, mais il se passe une bonne seconde entre l’impulsion sur la palette et le changement effectif de vitesse. Dommage, on aimerait une boîte plus rapide qui pré-change la vitesse par exemple, oui c’est ça, un double embrayage, comme une boite  DSG quoi, une DSG du groupe VW en fait, pourquoi chercher plus loin…

Saluons tout de même la bonne prise des palettes qui tournent avec le volant.

Je reviens à un rythme plus calme, bien m’en a pris car le prochain rond point est décoré par la maréchaussée. Leurs regards admiratifs sur la Lotus Evora noire sont plus sympathiques à voir que leur éventuel acharnement sur mon permis.

Retour au circuit. Cette Evora S est idéale pour les petites routes sinueuses et pour cruiser tranquille. Elle n’a pas perdu l’essentiel, son châssis dynamique.

Il se murmure qu’une version Evora S IPS pourrait voir le jour dans un futur pas forcément très éloigné.  A voir donc, quant à moi, à choisir, je prends la S…

Lotus nous a promis des nouveautés cet automne, pourquoi pas une Evora cabriolet, une Evora R de plus de 400ch et un petit lifting. Rendez-vous à Francfort pour en découvrir plus.

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Pour résumer

Tester une Lotus Evora sur route, c’est bien. La tester sur circuit, c’est mieux, et sur le Bugatti, c’est … génial.

Bernard Muller
Rédacteur
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