Si vous pensiez que Carlos Ghosn lâcherait un peu la rampe chez Nissan après ses déclarations apaisantes lors de la nomination de Carlos Tavarès à la tête de Renault, il faudra reconsidérer la chose. Le président de l'Alliance était hier à Yokohama au siège de Nissan pour un de ces one man show dont il a le secret afin de présenter un business plan ambitieux pour les 6 années qui viennent. Le nom de ce plan est Power 88, et tient dans le double 8 final : objectif 8% de part de marché mondial et 8% de marge opérationnelle en 2016.
Ce plan s'appuie sur un certain nombre de grands axes :
- un plan produit agressif, avec un nouveau modèle toutes les six semaines pendant les six ans qui viennent pour arriver à une gamme de 66 modèles couvrant 92% de tous les segments possibles, et un minimum de 15 nouveautés technologiques par an.
- un développement orienté sur les marches émergents dont en premier lieu la Chine, désormais premier marché de Nissan qui est y le premier constructeur japonais et qui veut atteindre y 10% de part de marché. L'Inde, la Russie et le Brésil, où une nouvelle usine de 200.000 voitures/an va être construite sont également des marchés désignés comme prioritaires.
- le développement de la marque Infiniti avec une gamme de 10 modèles sur 70 marchés et l'objectif d'atteindre 10% de part sur les segments haut de gamme, soit l’équivalent de 500 000 voitures au lieu de 150 000 actuels.
- la première place mondiale des constructeurs d'utilitaires légers.
- la continuation des efforts dans le domaine de ce que Ghosn appelle la "mobilité durable" avec un objectif de 1,5 millions de voitures électriques vendues entre Nissan et Renault (Nissan annonce 8000 Leafs vendues jusqu'à présent, le goulot d'étranglement actuel étant la capacité de production).
- réduction des coûts de 5% par an sur la période.
Le plan est pour le moins ambitieux : les 8% de part de marché global représentent un peu plus de 7 millions de voitures. Cela placerait Nissan en bagarre directe avec GM, VW et Toyota. D'autre part, pour atteindre 8% de marge opérationnelle, il va falloir réduire encore les coûts ce qui, ajouté à la volonté de faire des marchés émergents le gros de l'activité risque de donner des voitures au niveau de qualité limite, le piège dans lequel sont tombés successivement les prétendants à la couronne mondiale GM puis Toyota et dont certains sur le marché américain commencent à parler pour les derniers modèles VW.
Dans les non-dits on notera l'absence presque complète de référence à Renault ou aux autres marques de l'alliance dans le plan, à l'exception de l'approche conjointe du marché électrique, le manque de projets spécifiques pour l'Europe et les Etats-Unis et aucune mention de Hyundai-Kia qui sont les plus en mesure de déverser du sable dans les engrenages huilés de ce plan très profilé...
Source : Nissan
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