Les SLS prêtes à se mettre en grille
La météo sur le circuit de Dijon-Prenois à cette période, joue avec les nerfs… Le vent n’en finissait pas d’amener et éloigner des nuages plus ou moins chargés de précipitations, d’où un certain stress planant, qui paradoxalement se manifestait par du silence et du calme là où en dans d’autres garages on semblait s’agiter. Avant le départ de la course, les pilotes amateurs déjà harnachés dans leurs SLS respectives discutent une dernière fois avec leur partenaire avant de se mettre en grille. Avec cette pluie intermittente, pourtant les pilotes Graff affichaient une certaine confiance, en mettant en avant le bon comportement de leur voiture sur le mouillé. Au moment du lancement de la course, tous les membres de l’équipe sont rassemblés en partie dans le garage et sur le muret à scruter les images du live ainsi que les chronos.
Piège à filles?
Malgré un départ sans trop d’encombre dans une première boucle chaotique qui verra pas mal d’autos pleine de stigmates passer par les stands, les SLS ne s’en étaient pas trop mal sorties. Dans cette première partie de course, la n°17 piloté par Gérard Tonelli alignaient des tours avec un minimum de soucis, mais ce ne fut pas tout à fait le cas de la n°3 alors pilotée par Eric Debard qui il l’avouera après la course, aura été l’auteur de quelques erreurs dont un tête-à-queue juste avant l’entrée des stands… le début du cauchemar.
Vitesse limitée dans les stands
En effet, en essayant de rattraper la glissade, ce dernier avait enclenché le limiteur qui permet au pilote de ne pas dépasser la vitesse imposée dans les stands. Du coup, en reprenant le volant, Olivier Panis partit plein gaz pensant le bouton enclenché et au moment où il a réalisa le dysfonctionnement, il fut déjà pris au radar. La direction de course a immédiatement rendu son verdict, avec un Drive Through qui allait s’ajouter à un Stop and Go de 10 secondes, à cause d’un temps d’arrêt aux stands non respecté. Dans le feu de l’action, des mots ont fusé sur le muret, alors qu’Olivier Panis en observant sa pénalité s’est fendu d’un geste d’agacement en repassant par les stands. Frustré sans doute de voir le sort s’acharner sur sa voiture qui pourtant affichait des temps au tour canon.
Un ingénieur du team récupère les données
Au final, la SLS n°17 du duo Tonelli/Derlot obtiendra une brillante 6ème place au prix d’une remontée où les records du tour se sont succédés. La moins chanceuse n°3 terminera à une décevante 12ème place, compte tenu de la vitesse de la vaillante Mercedes. En descendant de la voiture une fois le drapeau à damiers passé, les pilotes ne parlent pas trop dans l’immédiat si ce n’est avec leurs ingénieurs et mécaniciens pour commencer à débriefer. Toutefois, il ne faut pas s’y tromper, les mines défaites et la déception n’ont pas pour autant semé une ambiance de mort dans leurs stands. Les mécaniciens eux s’affairaient déjà studieusement au « rafraichissement » des deux autos en vue des qualifications du lendemain qui définitivement allait être un autre jour.
Olivier Panis tout sourire avant le départ
Cette fois-ci, rien n’allait entravé la seconde séance de qualification pour la course 2, réservée aux pilotes professionnels des équipages. Au terme d’une session qui aura vu Panis échouer à 0.093 s de la pole position obtenu par Olivia Pla sur Ferrari F458, les visages affichaient une meilleure mine que la veille, avec des voitures sur les 2nde et 5ème place de la grille de départ. La procédure d’avant course démarre une grosse heure avant le lancement des hostilités. Dans un premier temps, les voitures sont mises en épi sur la ligne droite principale pour permettre au public d’observer les bolides de plus près. Les toutes nouvelles SLS AMG GT3 du GT Tour ont clairement la cote et attirent les flashs. Il faut dire que dans son costume de sport, son agressivité se voit exacerbée… et encore, vous n’avez pas le son. Evidemment, Olivier Panis fait partie des stars du plateau qui doit signer le plus d’autographes, un exercice auquel il se plie avec plaisir, les fans ne s’y trompent pas. Cette proximité d’ailleurs, on aimerait la retrouver notamment en F1 au prix du billet d’entrée prohibitif, mais il s’agit là d’un autre débat.
La SLS n°3 blessée
Cette bonne humeur, le pilote français n’allait pas la garder longtemps… Durant le tour de chauffe, alors qu’il zigzaguait pour mettre en température ses gommes, il s’accrocha avec la BMW Z4 du team AB Motorsport pilotée par le jeune Arthur Bleynie. Sur le muret des stands où toute l’équipe était réunie, c’est l’incompréhension. Dans le garage, la stupéfaction laisse place à quelques gestes d’humeur de mécaniciens qui voient la course d’une de leurs voitures ruinée avant même qu’elle ne commence. Sur les écrans on peut voir la SLS blessée arrêté en bord de piste avec un Panis dépité, alors que la Z4 pas loin d’être « mortellement » atteinte, rejoint les stands par ses propres moyens pour ne plus jamais en repartir. En voyant passer la BMW devant le stand Mercedes, Eric Debard qui aurait du prendre le relais à la mi-course, ne peut s’empêcher de s’approcher du coupé accidenté pour essayer d’obtenir des explications auprès du jeune pilote impliqué dans l’accident. Alors que la course avait débuté, Olivier rentrait aux stands avec la dépanneuse qui portait sa Mercedes meurtrie. Ni une ni deux il se dirigea tout droit vers le garage BMW… une image qui rappelait sous certains aspects le coup de colère d’un certain Michael Schumacher lorsque celui-ci était rentré dans l’arrière de la McLaren de Coulthard à Spa en 1998. Après une courte explication à l’arrière du stand, il regagna le camion atelier du team Graff dans le calme.
Mercedes SLS, Ferrari 458 et Porsche 911 sur le podium
Pendant ce temps là, Jean-Philippe Grand, patron du Graff Racing qui aura géré cette mini-crise, n’en oubliait pas pour autant son autre voiture qui elle marchait du tonnerre d’abord entre les mains de l’excellent Renaud Derlot, puis d’un Gérard Tonelli en grande forme. Il doubla d’abord la Ferrari 458 de Gabriel Balthazard qui ne put lui résister, mais il allait devoir composer avec la remontée de Laurent Pasquali équipier d’Anthony Beltoise sur Porsche 911 GT3-R, qui semblait en mesure de contester la vitesse de la SLS. Toutefois, ce dernier victime si l’on peut dire de l’efficacité de sa Porsche, commit une erreur qui allait laisser Gérard s’en aller vers une nouvelle victoire. Cette joie, il allait la partager sur le podium avec son team manager et son acolyte Renaud Derlot.
Gérard Tonelli et Renaud Derlot, pilotes de la n°17
Après cette victoire, il est étonnant de voir comment ces pilotes que certains peut-être à tort croient individualistes, pensent très collectifs dans leurs déclarations respectives, que ce soit la paire de pilotes gagnante ou Eric et Oliver de la SLS n°3 qui n’a pas accompli un tour. Quand on les interroge sur leurs propres résultats, chacun parle d’abord de leur équipe, avec qui ils partagent les bons moments comme les moins bons. Dans tous les cas, alors que le championnat n’est pas terminé, ils ont toujours un mot pour leurs camarades des stands, avec qui ils travaillent de concert pour améliorer cette nouvelle SLS, dont ils n’arrivent pas encore à tirer la parfaite quintessence. En effet malgré les 300 kilos gagnés sur la balance par rapport à la version de route, la somptueuse Mercedes reste la voiture la plus lourde du plateau, avec pour conséquence une dégradation importante des pneus notamment en sortie de virages serrés d’après Eric Debard. Cette victoire donc très encourageante pour tout le monde dans le team, laisse augurer de grands espoirs pour la suite.
ABS, ASR, répartition de freins sont réglables en course
Dernière image avant de remballer, les mécaniciens commencent déjà à opérer les réparations qui s’imposent avant de la ranger dans le camion qui reprendra la direction des ateliers du Graff Racing. Tout juste le temps pour nous de se mettre à la place d’un des 4 pilotes dans le cockpit d’une des deux SLS, histoire de prendre connaissance du bureau des paires Debard/Panis et Tonelli/Derlot. Pour rappel, la Mercedes SLS AMG GT3 basée sur la base de la version routière, est transformée dans les ateliers de HWA en Allemagne, qui prépare cette déclinaison GT3 pour Mercedes. Le moteur complètement d’origine, passe de 570 à une puissance qui varie entre 600 et 650 chevaux selon les configurations. La boite de vitesses « course » en position transaxle dispose de 6 rapports à commande séquentielle, actionnés par des palettes au volant. L’axe de transmission, un fait rare en championnat GT, est fait de carbone. Les freins de compétition en acier avec étriers à 6 et 4 pistons sont évidemment ventilés et assistés d’un ABS, alors que l’électronique compte également un antipatinage réglable à 12 positions. Enfin, pour le confort, une climatisation permet aux pilotes de rester cools en toutes circonstances.
Et si Mercedes en faisait une GT1...
En se retournant une dernière fois sur elle, on rêve de 3 choses : la première, de prendre le volant de cette superbe machine de course, qui s’apprécie à l’arrêt, notamment portes levées... mais aussi sur la piste avec le chant du V8 qui prend aux tripes. La seconde, de voir cette formidable base évoluer vers une déclinaison GT1 et ainsi se frotter aux autres monstres du moment en championnat du monde. Et de ceci découlerait un 3ème hypothétique rêve, la voir évoluer dans une version encore plus aboutie sur la mythique piste des 24 heures du Mans…
Remerciements à Laurie Gauthier de l'organisation du GT Tour et Muriel Belgy pour nous avoir ouvert les portes du team Graff.