La version japonaise n'a pas encore de nom officiel, même s'il est fort probable qu'elle s'appelle Prius Alpha. En attendant c'est sous l'appellation "Prius Space Concept" que Toyota nous l'a présentée. A l'exception du volant à droite, elle est identique à la Prius V et la Prius+. "Attendez! la Prius V n'a que cinq places et la Prius+ en a sept !" me diront ceux qui n'ont pas manqué le début. Effectivement. Les Etats-Unis n'auront que la cinq places, et l'Europe la sept places, mais la voiture sera disponible au Japon dans les deux versions. Là où ça devient intéressant, c'est que ces deux versions ont deux architectures techniques différentes. La cinq places garde la batterie NiMH de la Prius 3, située sous le plancher du coffre, alors que la sept places adopte une batterie Lithium-ion (une première en série chez Toyota) située dans la console centrale entre les sièges.
L'adoption d'une batterie Lithium-ion était le seul moyen de dégager suffisamment d'espace pour implanter une 3ème rangée de sièges. On sait que jusqu'à présent le constructeur était circonspect face aux batteries Lithium-ion, qui sont plus chères (la version sept places sera d'ailleurs grevée d'un supplément au niveau tarifaire) et dont la fiabilité reste à démontrer à grande échelle. Même si Toyota se retranche derrière d'hypothétiques préférences du marché, c'est sans doute un facteur important dans la décision de ne pas proposer dans un premier temps la 7 places aux Etats-Unis, royaume des procès en tous genres. Toutefois, fort de dizaines de milliers de kilomètres de tests sans problèmes avec la version plug-in, Toyota a décidé de plonger et mettre les batteries lithium-ion sur le marché au Japon dès cette année et l'année prochaine en Europe. Selon l'ingénieur en charge du système hybride, les deux versions ne diffèrent que par des ajustements minimes de l'ECU et des rapports de transmission. De fait, sur les quelques kilomètres effectués, il n'y a pas de différence notable de ressenti entre les deux déclinaisons. Il est probable que la Prius normale basculera à terme sur la batterie lithium-ion également.
En dehors de cette nouveauté technique, la grosse différence entre la Prius standard et cette grande Prius est l'augmentation de la taille, qui se traduit par une augmentation importante de l'espace intérieur. La longueur hors tout passe de 4,460m à 4,615m, et la hauteur de 1,490 m à 1,575m. L'empattement gagne 8 cm à 2,780 m. Cela permet d'offrir 4,5 cm de plus aux passagers arrières, et un coffre de 535 l (ou quatre sacs de golf, pour utiliser l'image que Toyota aime à employer) pour la version 5 places et 200l pour la 7 places lorsque les sièges sont déployés et plus de 900 litres au maximum. Le toit relevé à l'arrière et au revêtement intérieur embossé permet à 7 adultes de tenir dans l'auto, même si les deux du fond ne feront pas le voyage de leur vie. C'est le lot commun à ce type de véhicule. Comme c'est la tendance pour les monospaces, la grande Prius bénéficie d'un toit panoramique en deux parties dont le matériau à base de résine remplace le verre, ce qui permet à Toyota de revendiquer un gain de 17 kg. De nombreux rangements à travers le véhicule témoignent de sa vocation de familiale, en particulier d'astucieux bacs creusés dans le plancher du coffre. Ceux-ci sont évidemment plus profonds sur la version lithium-ion qui n'a pas de batteries à cet endroit. Bien que Toyota n'ait pas encore proposé les données officielles, il semble que la prise de poids soit limitée, de l'ordre d'une centaine de kilos, ce qui place cette voiture dans la moyenne des monospaces compacts 7 places de type Grand Picasso.
Preuve que cette grande Prius n'est pas seulement une version monospace mais également une sorte de version 3.5 par rapport à la Prius 3, le poste de conduite est assez différent de celui de la berline. Le volant caractéristique reste mais la console centrale est revue, avec en particulier le passage de la commande de transmission sur le tableau de bord et l'apparition d'une molette assez futée pour opérer la climatisation. La console centrale entre les deux sièges reçoit porte-gobelet et rangement caverneux, d'autant plus sur la version 5 places où la batterie se trouve à l'arrière. L'ensemble est en progrès par rapport à la Prius, moins terne, plus ramassé et flatteur pour le conducteur. Pour le reste de la cabine, comme dans la Prius, l'assemblage est sans reproche particulier (ce modèle est le premier où a été appliquée la nouvelle approche qualité mise en place après les problèmes de 2009) mais les plastiques quelconques traduisent le fait que l'argent est dans la technologie plus que l'habillage. Il faut aimer le gris...
Le style de la voiture reprend fidèlement celui qui a fait le succès de la Prius, à part quelques ajustements sur la face avant et la présence d'un becquet pas très discret à l'arrière du toit. Si vous aimez la Prius, vous aimerez celle-ci, et inversement. Le cx passe à 0,29, ce qui reste correct pour ce type de véhicule. Les diverses déclinaisons disponibles pour la présentation montraient des coloris identiques à ceux de la Prius, a l'exception d'un nouveau gris métallisé, et un choix de roues en 16 ou 17 pouces.
Au volant, pas de changement majeur avec la Prius, à l'exception d'une assise plus haute, typique d'un monospace. Le supplément de poids ne se fait pas réellement sentir. L'amortissement est plutôt meilleur, sur le petit circuit effectué, que la Prius. Il bénéficie d'un système actif qui utilise le moteur électrique et la répartition de freinage pour atténuer les mouvements de caisse. Dans le même ordre d'idée, la voiture dispose, en option ou non selon les versions, des systèmes comme le régulateur de vitesse adaptatif, l'avertissement de changement de ligne, le pre-crash safety... La liste complète sera rendue publique lors de la présentation officielle de la voiture le mois prochain. En terme de puissance, pas de changement, la voiture dispose toujours de 136 chevaux théoriques. Toyota indique que grâce à un re-étagement des rapports, la performance est équivalente à celle de la Prius jusqu'à 70% d'appui sur la pédale d'accélérateur, et pâtit un peu par la suite. Cela ne posera pas de problème en ville, mais à 7 dans la voiture, l'ascension de certaines côtes risquent d'être longue, sauf à passer en mode PWR, présent avec le mode ECO et le mode EV comme sur la Prius.
Du côté de la consommation, le constructeur n'a pas communiqué de chiffres précis, se contentant de citer une consommation d'un peu plus de 3 litres aux 100 km selon le cycle 10-15 japonais (pour référence, la Prius affiche 2,7l selon la même norme). On est de toute façon bien en dessous des chiffres de la concurrence. De la même façon, pas de prix officiel, mais Toyota indique une intention de tarifs agressifs, dans la lignée de ceux de la berline, probablement entre 2,35 millions de yens pour la version 5 places et un peu moins de 3 millions pour la 7 places.
En conclusion, cette Prius monospace a tout pour rééditer le succès de la Prius 3, au Japon en tout cas. Elle devrait cannibaliser un peu les ventes de cette dernière, mais aussi celles des monoplaces compacts familiaux où la performance est secondaire.
Bien pensée, cette grande Prius pêche toutefois par un certain manque de fantaisie, mais on a vu que cela n'a pas trop gêné la Prius. Au-delà de sa nouvelle forme, cette auto témoigne aussi de progrès incrémentaux mais réels vis-à-vis de la Prius 3. Rendez-vous dans un mois pour les détails définitifs sur cette nouvelle offre hybride.
Crédit photos Toyota/PLR le blog auto
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