Souvenez-vous de cette image. C'était au siècle dernier, le 19 mai 1996, il y a presque 15 ans. Olivier Panis menait sa Ligier Mugen-Honda à la victoire lors d'un Grand Prix de Monaco mémorable. Depuis cette date plus aucun pilote français n'est monté sur la plus haute marche d'un podium de F1. Pire encore, la France n'aura, comme en 2010, aucun représentant sur les grilles de départ.

Jamais dans l'histoire de la F1, notre pays n'avait connu pareille disette. Il avait tout de même fallu attendre 13 ans entre la victoire de Maurice Trintignant au Grand Prix de Monaco 1958 et celle de François Cevert au Grand Prix des Etats-Unis 1971 mais ce succès en annonçait beaucoup d'autres pour la colonie française.

Quelques années plus tard, entre 1977 et 1990, chaque saison aura ainsi vu un pilote tricolore s'imposer au moins une fois en course. Ce fût la grande époque, celle de "l'équipe de France de Formule 1". Ensuite, Alain Prost a remporté son dernier titre en 1993 puis Jean Alesi a tout de même réussi à épingler une unique victoire à son palmarès lors du Grand Prix du Canada 1995 après des années d'espoirs déçus. Et enfin, bien sûr, il y eu l'inattendue victoire d'Olivier Panis à Monaco.

Depuis, les pilotes français se sont faits beaucoup plus rares en F1 et ceux qui ont réussi à franchir le pas n'y sont pas restés longtemps.

La grande différence entre aujourd'hui et les années 70-80 est le manque de soutien de la part d'acteurs économiques français comme c'était le cas à l'époque. Il y eu tout d'abord Elf qui, sous l'égide de François Guiter, a lancé la carrière de nombreux français prometteurs. L'écurie Tyrrell, longtemps sponsorisée par le pétrolier a accueilli en son sein une ribambelle de français comme Cevert, Depailler, Jarier ou encore Pironi.

D'autres constructeurs comme Matra, Ligier et Renault ont souvent privilégiés leurs compatriotes pour piloter leurs monoplaces qui se montraient en plus souvent compétitives.

Si l'on fait le constat de la situation actuelle, il est bien amer. Renault vient de vendre son écurie mais continue tout de même à promouvoir certains jeunes talents dans ses formules de promotion, Total ne possède aucune filière sportive et les grands médias français envisagent même de s'éloigner de la F1. Bref, tout cela ne laisse rien augurer de bon pour l'avenir.

Une lueur d'espoir existe malgré tout avec Jules Bianchi et Jean-Eric Vergne qui n'ont plus qu'une marche à franchir avant d'obtenir une titularisation. Mais même si cela arrive, combien de temps faudra-t-il encore patienter avant d'entendre la Marseillaise retentir à nouveau ?