Finalement, Jean-Louis Moncet avait raison! La bagarre entre le constructeur Lotus Cars et l'écurie de F1 Lotus Racing a éclaté au grand jour hier soir. Les deux entités se sont livrées à une guerre de communiqués.
Lotus Cars a intitulé le sien "clarification sur le rachat de la [propriété intellectuelle de la] marque "Lotus" par Tony Fernandes".
Le constructeur déclare qu'il est le seul propriétaire de tout ce qui se rapporte à Lotus et que David Hunt (qui avait racheté l'écurie de F1 Team Lotus fin 94) n'a qu'une coquille vide. Il souligne que Tony Fernandes le savait bien, car après avoir approché Hunt, il a préféré demander l'imprimatur de Lotus Cars.
Lotus Racing n'a donc aucun droit de poursuivre en 2011 sous la bannière "Team Lotus".
Dato’ Sri Mohammed Nadzmi Mohammed Salleh, responsable de Proton, annonce qu'il assistera Lotus pour toute action (judiciaire) contre Tony Fernades. En attendant, Proton va arrêter de sponsoriser Lotus Racing.
Lotus Racing répond avec "Lotus Racing, group Lotus (sic.) et Proton".
Il y explique que Fernandes a trouvé un accord avec le Team Lotus. En conséquence "Lotus Racing" s'appellera "Team Lotus" en 2011, point. L'accord avec Proton ne portait que sur 2010 et le constructeur ne représente que 1,5% du sponsoring de l'écurie de F1. Fernandes est persuadé de son bon droit et il compte bien défendre son cas en justice.
C'est un vrai poker menteur auquel se livrent les deux parties. Côté Lotus, on oublie qu'en 1995, après la faillite de l'écurie de F1, Hunt a passé un accord avec Pacific Racing. Ainsi, durant une saison, la modeste structure fut renommée "Pacific Team Lotus" sans que Lotus Cars ne bouge un cil. Il y a donc un précédent.
Cette querelle de nom n'est que la partie émergée de l'iceberg. Le procès en contrefaçon de Mike Gascoyne ou les modestes résultats de Lotus Racing n'expliquent pas tout non plus.
En fait, Dany Bahar, PDG de Lotus, possède de grandes ambitions. Il aurait un projet d'une écurie de F1 gérée en direct. En GP2, l'écurie ART GP va porter les couleurs de Lotus Cars (et non celles de Lotus Racing, qui a passé des accords similaires en FR 3.5, en F3 Britannique ou en Formule BMW Asia.) Divers projets sont évoqués (avec Red Bull? Avec ART GP? En reprenant Toyota F1?) Le problème est que la situation financière de Proton est très fragile et que l'heure tourne si Lotus veut être prêt pour 2011.
Tony Fernandes possède une licence pour 2011. Côté moteur, il a quitté Cosworth alors que le deal avec Renault reste à signer (et Renault d'être sans doute échaudé par cette bagarre.) Si Lotus Cars veut entrer en F1, on peut soupçonner que la FIA lui déroule le tapis rouge (ils manquent de constructeurs) et exclue Lotus Racing. Fernandes est censé posséder un bon carnet d'adresse en Malaisie. Si tel était le cas, sachant que l'état Malaisien est actionnaire de Proton, il pourrait faire plier le constructeur, voir obtenir la tête de Bahar.
Quoi qu'il en soit, ce n'est peut-être que le premier épisode de la saga...
Source:
Lotus et Lotus
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