Après la libération, la plupart des Willys resteront en Europe où elles offriront encore de fiers services pendant la reconstruction d’une Europe dévastée par les bombardements, avant d’être considérées comme de véritables engins de collection, symboles mêmes de la liberté.
Des deux côtés de l’Atlantique, la Willys, continue donc de faire parler d’elle et de susciter un véritable engouement, à tel point que dès 1946 les Willys sont vendues en France par Hotchkiss, bien vite rebaptisées Jeep on ne sait trop comment. Tout le monde connait bien sur cette légende selon laquelle «Jeep» viendrait du petit nom donné par les G.I. en référence au chien de Popeye, se sortant toujours de toutes les embûches. Mais cette version n’est que la plus célèbre de toutes les histoires qui existent au sujet de la création de la marque «Jeep». Car en réalité, personne ne sait vraiment comment ce nom s’est imposé…
Une autre version prétend que ce nom serait en fait dû aux modèles fabriqués par Ford pendant la guerre (Willys ne pouvant assurer seul la production) et qui portaient les initiales « GP-W», le «GP» se prononçant «Jipi» en anglais, qui serait donc devenu «Jeep» par simplification.D’autres encore prétendent qu’il s’agit de l’acronyme de «Just Enough Essential Parts» (juste assez de pièces essentielles) en rapport avec le dépouillement de l’auto, ou plus simplement, d’une nouvelle utilisation du mot «jeep», déjà utilisé par les militaires américains lors de la première guerre mondiale pour désigner une nouvelle recrue.
Chacun se fera son opinion, tant il est impossible de démêler le faux du vrai dans toutes ces affirmations.
Mais si l’étymologie de son pseudonyme n’est pas connue avec certitude, cela n’empêche pas la Jeep de continuer à attirer les acheteurs en quête d’exotisme, d’exclusivité…et d’efficacité. Car sans céder à la mode du néo-rétro, la Jeep a su traverser le temps en conservant son allure inimitable sans bouleversement majeur, jusqu’en 2007 du moins. Car si les versions CJ(Civilian Jeep)-2 à CJ-7 étaient étroitement dérivées de la Willys, la génération apparue en 1987 change de nom tout en conservant son W (en guise de clin d’œil à son aînée) et se fait désormais appeler Wrangler. Bien sur, canons esthétiques de l’époque obligent, les feux deviennent carrés (en provenance de chez Renault, alors propriétaire de la marque), les clignotants prennent place sur les ailes, et quelques autres détails évoluent, mais jamais l’auto ne perd son style inimitable, ni sa célèbre calandre faite de sept barres verticales. Celle-ci fait d’ailleurs l’objet d’un brevet déposé par la marque (interdisant donc toute copie), que seul Hummer était autorisé à utiliser. Pourquoi ? Simplement parce que le Humvee avait été développé par des ingénieurs de chez Jeep, et qu’il ne s’agissait donc pas à proprement parler d’une «copie».
Mais en 2007, la nouvelle génération fait la révolution ! Certes – et heureusement – le style de l’auto reste fidèle à celui de ses ancêtres (les phares ronds sont là et les clignotants reprennent leur place originelle) mais le Wrangler est pour la première fois disponible en version cinq portes, sous le nom de Wrangler Unlimited, aux côtés des versions «trois portes» classiques.G
rande première sous le capot aussi puisque le Wrangler adopte une mécanique diesel, aux côtés de ses blocs V6 : un bloc 2.8l de 177 chevaux et, surtout, 410Nm entre 1.800 et 2.400tr/min pour aller crapahuter sur les chemins escarpés.
Et malgré ses quatre portes et sa nouvelle mécanique, le Wrangler fait honneur aux caractère de ses ancêtres, avec toujours cette volonté d’aller là où les autres ne peuvent s’aventurer grâce à son châssis à caissons d’une rigidité à toute épreuve, sa gamme de vitesses courtes et ses quatre roues motrices enclenchables, sa garde au sol conséquente et ses porte-à-faux réduits. Mais surtout, malgré ses deux portes supplémentaires, le Wrangler Unlimited permet toujours à ses occupants de profiter des plaisirs du franchissement cheveux au vent !
66 ans plus tard, nous sommes donc retournés sur le lieu des premiers tours de roues européens de la Willys avec sa digne arrière-petite-fille : la plage d’Arromanches-les-Bains et la campagne normande.
A lire également :
Essai Jeep Wrangler Unlimited CRD : let the sunshine in (2/3)
Essai Jeep Wrangler Unlimited CRD : l'Aventurier (3/3)