Toyota a dévoilé mercredi en grande pompe une expérimentation réalisée à Strasbourg. 100 Prius 3 plug-in y seront testées pendant 3 ans. Des tests de Prius 2 plug-in avaient déjà été menés en 2007, mais cette fois, il s'agit de la plus grande expérimentation à ce jour.
Les véhicules électriques sont une vieille lune.
Dés le milieu du XIXe siècle, des prototypes furent construits. Au tournant du siècle, l'électrique et l'essence étaient au coude-à-coude (cf. la Jamais Contente.) C'est l'âge d'or du tramway. Puis l'essence fit un bond en terme de rendement, tandis que l'électrique était englué dans des problèmes récurrents (autonomie, poids des batteries et donc, performances...) Pourtant, l'électrique fit de la résistance au Etats-Unis jusqu'à la crise de 1929. Il y eu même des camions électriques produits en (petite) série. Il renait peu après, de l'autre côté de l'Atlantique. Face à la menace d'un conflit, la France veut promouvoir le "carburant national". Pendant l'occupation, plusieurs voiturettes sont conçues et parfois, industrialisées (comme la Peugeot VLV.) En conséquence, à la libération, voitures électrique est associée au rationnement de carburant. Dans les années 60, on détruit les tramways et trolley-bus électriques, car l'avenir appartient à la voiture (à essence.) Avec la crise du pétrole, les voitures électriques reviennent par la fenêtre. Grâce à l'invention du plastique et aux progrès de l'électronique, on sait faire des voitures électriques plus légères et plus performantes. Mais dés que le prix du baril redevient normal, on remise les prototypes. Dans les années 90, les écologistes débarquent en force et ils veulent de l'électrique. Cette fois, ce sont les grands constructeurs qui planchent sur le sujet. GM et Heuliez iront le plus loin, en produisant respectivement l'EV1 et les 106/Saxo/Clio Electric. Ce furent autant de flops. Nouveau rebond vers 2007, alors que le baril flambe de nouveau. Avec les téléphones portables, les batteries au nickel-cadmium remplacent avantageusement les lourdes et chères batteries au plomb. On sait désormais faire de l'électrique (presque) aussi performant que l'essence.
Pas besoin de fouiller les vieux livres pour voir toutes ces voitures mortes-nées. Avec la vogue actuelle, les constructeurs font un concours de mauvaise foi sur le thème "je suis celui qui s'est préoccupé le premier de environnement". Alors, en guise de "preuves", ils exhibent la 106 Electric, la Dauphine Henney-Kilowatt ou la Peugeot VLV (ci-dessous, à Rétromobile.)
Cette fois, le maire de Strasbourg en est persuadé, c'est la bonne! Le phénomène est engagé; il est irréversible et mondial. Lors d'une "table-ronde sur la mobilité urbaine durable", il s'est fait le chantre des voitures "propres": aujourd'hui, les plug-in et demain, l'électrique!
Le temps que madame termine son bruyant SMS (elle a téléchargé, l'application "machine à écrire" qui fait des "tic, tic, tic" et des retour de chariot au gré de l'écriture!) et c'est parti.
Toyota n'opère pas seul à Strasbourg. Il s'agit d'un travail en commun avec EDF, éS (électricité de Strasbourg, filiale, d'EDF), la mairie et CTS (transports en commun.)
Pour Roland Ries, maire PS de Strasbourg, la mobilité est un sujet complexe. Contrairement à son homologue Parisien, il ne veut pas se contenter de fermer des voies de circulation pour faire plaisir aux bobos. Il faut réfléchir à des solutions pour toutes les catégories sociales. Les besoins changent vite, alors que les infrastructures doivent être planifiées longtemps à l'avance.
Chaque mode de transport (voiture particulière, vélo, voiture en partage, tramway, bus, 2 roues motorisés) doit avoir sa place et aucun ne doit être exclu. En conséquence, il faut un alignement des vitesses sur le plus lent. Dans les rues, les voitures doivent rouler à peine plus vite que les cyclistes et dans les rues piétonnes, les cyclistes sont censés rouler au rythme des piétons.
Le tramway coute cher à construire; pas question de revenir à l'ancien tracé qui faisait jusqu'à 300km. Il faut limiter les constructions dans de lointaines périphéries (où il n'y a pas d'accès aux transports en commun, ce qui force les habitants à faire de nombreux kilomètre en voiture, chaque jour.)
L'ACTS cherche à innover. Elle essaye de prendre en compte environnement et les désirs de ses utilisateurs.
Elle utilise des bus au gaz et teste actuellement des bus électriques sur une ligne.
Elle crée des parking-relais, où les banlieusards peuvent laisser leurs voitures pour prendre les transports en commun.
Le représentant de Toyota évoquait l'aventure des hybrides. Elle a débuté lorsque le constructeur cherchait à émettre moins de gaz à effet de serre et à réduire la dépendance du Japon vis-à-vis du pétrole (presque intégralement importé.) On peut ajouter que dans les années 90, la pollution était surtout associé à la consommation de carburant. Le diesel faisait alors figure de carburant "propre". Or, contrairement à VW et PSA, Toyota n'était pas un spécialiste du diesel, ce qui l'a poussé à chercher d'autres solutions.
Quoi qu'il en soit, il a déclaré qu'à l'horizon 2020, l'ensemble de la gamme serait proposé en version hybride. Il a souligné que de nombreuses recherches étaient en cours, notamment sur des batteries utilisant des matériaux avec des meilleures propriétés, sur le recyclage des batteries ou le vieillissement des hybrides.
Côté EDF, on doit faire face à de nouveaux besoins et de nouvelles utilisations de l'électricité. D'où de nouvelles infrastructures (on y reviendra.)
Sachant qu'un véhicule électrique produit plus d'énergie qu'il n'en utilise, il serait possible de vendre son surplus à EDF. Mais pour l'instant, ce n'est qu'un projet.
Bonus:
Si on zoom sur le logo, on voit que le bus est en train de prendre un sens giratoire à l'envers!
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