Question n°1 : A-t-elle le look ?
Vitres teintées, jantes sport, becquet arrière, sièges baquets, sortie d’échappement spécifiques… Les recettes sont les mêmes pour la 205 GTI et la 207 RC. Et là où la 205 GTI mettait en avant son stripping rouge et ses longues portées, la 207 RC réplique avec son entrée d’air alu et ses optiques fumées du plus bel effet. A l’époque, Peugeot parlait de distinction et de discrétion à propos du style de la GTI. Comme Peugeot a compris que le tuning qui est venu massacrer les 205 par la suite ne faisait pas forcément partie de l’esprit du genre, c’est pareil avec la 207 RC. Du coup, elle peut en paraître fade par rapport à ses concurrentes. Mais comme la 207 est une des rares Peugeot à garder une certaine finesse stylistique, on ne peut que se réjouir de ce choix.
Réponse : oui.
Question n°2 : A-t-elle la légitimité ?
La 205 GTI répondait à l’engagement de Peugeot en Groupe B avec la T16. Ont suivi Pikes Peak, le Dakar puis les 106 et 306 Maxi et enfin la 206 WRC. Aujourd’hui, plus rien de tout ça. On voit mal le rapport entre une 207 RC et la 908 HDI FAP engagée au Mans et la 207 S1600 a quitté le devant de la scène internationale. Le seul élément qui rapproche donc la 207 RC des heures de gloires de Peugeot en rallye sont les méplats latéraux inspirés à Gérard Welter par la 207 WRC. C’est maigre et cette 207 RC en garde un parfum de fin de race.
Réponse : non
Question n°3 : Mérite-t-elle son statut de haut de gamme ?
N’en déplaise à certains, la 205 GTI n’avait rien de la sportive dépouillée pour laquelle on veut nous la faire passer maintenant. Celle-ci reprenait en effet tous les équipements des finitions hautes SR et GT (console centrale, boite à gants verrouillée et éclairée, banquette rabattable en deux parties…), en y ajoutant ses spécificités comme une instrumentation enrichie et des sièges baquets. La dépouillée de la gamme, c’était la Rallye. C’est pareil pour la 207 RC, la plus équipée de la gamme.
Réponse : oui
Question n°4 : A-t-elle un moteur de caractère ?
Avec 175ch, le 1,6 THP se place au sommet de la gamme. Fort en technologie comme l’était le moteur de la 205 GTI à l’époque, il s’aide d’un turbo à bas régime pour afficher des performances canon. Si le turbo souffle très fort (la poussée est vraiment au rendez-vous), l’enthousiasme s’essouffle à 6000tr/min à l’arrivée d’une zone rouge un peu trop tôt placée. On est en droit d’attendre mieux d’un moteur qui se dit sportif. Une « bête » Colt Cleartec semble avoir plus de hargne dans le haut du compte-tours. Quand à la sonorité, elle est honorable mais on aurait préféré un travail à la source plutôt qu’à l’échappement. Ici, ce n’est pas le Japon qu’on regrette mais l’Italie. Si les chiffres d’accélérations sont bien réels et la poussée assez impressionnante, on attendait mieux.
Réponse : non
Question n°5 : Est-elle inconfortable ?
Les sièges sont enveloppants et la position de conduite facile à trouver. Et un trajet autoroutier vous fait apprécier la souplesse impressionnante du moteur (inutile de rétrograder pour obtenir des reprises plus que satisfaisantes), malgré la boîte à cinq rapports qui tire assez long. Par contre, la suspension est vraiment ferme et certains passages bosselés vous donnent l’impression d’être assis sur une machine à laver en position essorage.
Réponse : en partie
Question n°6 : Est-elle casse-gueule ?
Je me rappelle les paroles d’un journaliste qui a connu l’époque de la 205 GTI : « l’acheteur partait à fond de la concession, enroulait sa 205 GTI autour d’un arbre et retournait aussitôt en acheter une parce que c’est génial ». La GTI originelle n’était pas à mettre entre toutes les mains, avec un train arrière qu’on peut qualifier de joueur. « Vous allez vous faire peur » m’a dit le responsable du parc presse en me remettant les clés de la RC, à la vue de la neige qui recouvrait les routes ce jour-là. En fait, non. Les aides à la conduite sont omniprésentes et se débrouillent pour vous conserver une motricité convenable. Le voyant d’ESP clignote plus souvent qu’à son tour, ce qui peut être agaçant mais sauvegarde votre carrosserie. Heureusement, Peugeot a gardé un bon vieux frein à main, utile pour s’amuser dans ces conditions. Quand on retrouve le bitume, la 207 RC présente un comportement qui sait rester un peu joueur, n’hésitant pas dévier de l’arrière, toujours dans les limites de l’électronique. Il est donc possible de s’amuser avec ce châssis mais le risque d’une sortie de piste est vraiment faible.
Réponse : non
Question n°7 : Est-elle mise en avant par le constructeur ?
« Une mécanique pour rouler au-dessus des autres, de quoi exécuter, en soliste, le grand concerto de la nuit sur autoroute, loin de la foule et de la frime. Puis traverser comme un souffle les villages endormis », « La sensation d’être collé au dossier pendant qu’on se décolle de ceux qui tenteraient de suivre », « Ca fonce et ça défonce ». Voilà en quels termes Peugeot présentait la 205 GTI en 1984. Aujourd’hui, dans la brochure dédiée à la 207, la RC n’a qu’une petite page sur laquelle on parle plus de la présentation de l’habitacle que de la mécanique. Quant au plaisir, il passe au second plan dans l’argumentation, derrière la sécurité. Le politiquement correct serait-il trop présent au service communication de Peugeot ?
Réponse : non
Si sur la fiche technique, la 207 RC semble avoir les reins suffisamment solides pour sauvegarder l’esprit GTI, celui-ci s’est un peu dilué sur le bitume. Cependant, c’est une citadine polyvalente, très performante et offrant un agrément de conduite certain. Elle pourrait donc sans trop de problèmes revêtir une étiquette grand tourisme. Sauf que pour Peugeot, le grand tourisme c’est pour l’instant un gros coupé à l’allure pataude et au moteur diesel. Espérons que la donne change avec l’arrivée du RCZ à l’allure sexy. Si on en croit les déclarations de Christian Stein, c’est sur ce modèle que reposera la philosophie de Peugeot « pour que l’automobile soit toujours un plaisir ». Soyez certains que nous nous présenterons derrière le volant pour voir si cette alléchante nouveauté tient ses promesses.
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