Essayer une décapotable un week-end d'hiver peut sembler une mauvaise idée. La météo a donc été l’une de mes préoccupations principales lors de toute la semaine avant cet essai, et ce n’est pas sans inquiétude que j’ai vu petit à petit les prévisions se dégrader au fur et à mesure que le temps avançait. Mais malgré mes prières, c’est bien sous un ciel gris que j’ai récupéré une Fiat 500C ce vendredi là.
Le « Funk White » qui équipe cette 500C a beau être courant sur le pot de yaourt, l’avoir sous les yeux fait toujours son petit effet. Et cette couleur met encore plus en valeur la justesse de la réinterprétation moderne de la Fiat. Certes, elle a grossi très largement mais elle garde le charme qui fait également l’attrait de la Mini. Une bouille ronde, des courbes tout autour et quantité de petits détails aussi « design » que « fashion », la 500 avance des arguments et annonce sa cible. La clientèle est urbaine, jeune, chic, branchée...
Évidement, le « détail » de style qui nous intéresse ici est la capote en toile bordeaux qui recouvre la Fiat 500C. Étant donné que l’italienne n’est pas un cabriolet mais un découvrable, la ligne est la même que celle du coupé. On ne va pas s’en plaindre. Le responsable de chez Fiat m’explique le fonctionnement du système qui peut, frime ultime, s’activer depuis la clé. Il conclu « de toute façon, ça ne vas pas vous servir beaucoup ce week-end ».... Je sais....
Malgré tout, je décapote une première fois alors que je suis coincé dans les bouchons parisiens. La capote fonctionne jusqu’à 60 km/h, pas de problème donc pour ouvrir alors que le compteur peine à décoller du zéro. En 25 secondes, on se retrouve donc avec la tête à l’air.
Fenêtres fermées, je profite d’un courant d’air qui ne se fait toutefois pas trop violent. Clairement, ce n’est pas un véritable cabriolet. Un choix technique qui ne peut pas vraiment être jugé, s’agissant d’un parti pris effectué en connaissance de cause. Fiat va-t-il toucher une plus grande clientèle grâce à celui-ci, je ne pense pas, mais je ne crois pas que l’italienne séduira moins. Une Fiat 500C sera de toute façon vendue comme un objet de mode et un art de vivre auquel on pardonne ses défauts.
Et puisqu’on en parle, autant le faire tout de suite, la petite Fiat a des défauts. Certains, comme la présentation intérieure mignonne mais faite de plastiques cheap et fragiles, sont finalement peu importants. D’autres, comme l’absence totale de visibilité centrale arrière lorsque la capote est baissée, sont moins pardonnables.
D’autant que le coffre n’a pas vraiment gagné au change. Si sa capacité ne baisse pas (185 dm3), la disparition du hayon le rend proche de l’inutilisable. Un petit meuble à déplacer à Paris le samedi suffit pour s’en rendre compte. Après l’avoir tourné dans tous les sens, il finira sur les places arrières plutôt que dans le coffre... Sacs souples obligatoires donc.
Lorsqu’il s’agit de se déplacer en ville par contre, la Fiat marque des points grâce à sa maniabilité, sa petite taille (3,54m de long pour 1,62 de large) et son moteur vif. En attendant une version Abarth plus musclée, la proposition la plus virulente de 500C est équipée du 4 cylindres 1,4 litres 100 chevaux. Et c’est celle ci, équipée de la boîte mécanique robotisée à 5 rapports, que j’ai entre les mains.
La boîte d’ailleurs, c’est Dr Jekill et Mr Hyde. Il faut très vite oublier le mode automatique normal pour le manuel et le mode sport.
L’automatique a en effet la fâcheuse tendance de passer les vitesses n’importe quand... Un problème probablement causé par des réglages primant l’économie d’essence et la réduction des rejets, visant donc systématiquement le régime le plus bas possible. De plus, en mode normal, la réponse à l’accélérateur est molle, manquant de sensation et de répondant..
Cependant, une pression sur le bouton sport et l’accélérateur retrouve un « feeling » tandis que la boite gagne en brutalité (mais pas en vitesse de passage). La Fiat 500C y retrouve une vie et le conducteur des sensations. La consommation augmente au fur et à mesure que l’on va jouer avec le haut du compte-tour, mais ça le vaut largement. Au final, sur un mélange de ville, petites routes et autoroute, la 500C consomme autour de 8,8 litres aux 100 km. Un chiffre qu’il doit tout de même être possible de faire descendre autour de 7 litres en restant sage.
Mais lorsqu’elle est un peu brutalisée, elle en profite pour montrer son caractère sain, son amortissement revu par rapport à la version fermée pour un meilleur confort sans pénaliser la tenue, sa direction plutôt vive et son moteur joueur. La Fiat n’est pas une voiture de sport, c’est sur, mais si on la pousse un peu elle avale tout de même les virages avec entrain. Et en restant au dessus des 4 000 tours / min, le moteur garde sa vivacité tout le long de la montée de rapports.
Un aller-retour en Normandie le dimanche permet de constater que les bruits aérodynamiques à 130 km/h sont présents sans toutefois tuer toute possibilité de conversation. Y compris avec des voisins de derrière adultes certes un peu à l’étroit mais capable de faire 3h de route sans ressortir courbaturés pendant une semaine.
La petite route entre Etretat et l’autoroute est un régal, mais la Fiat accuse le coup avec 3 personnes de plus dans l’habitacle. La réponse reste bonne, mais les ré-accélérations en sortie de virage en côte se font moins pressantes... Avec un poids juste en dessous de la tonne (930 kilos), ajouter plus de 150 kilos de lest fait une véritable différence. Sans aller toutefois jusqu’à rendre la voiture pénible ou à se faire des frayeurs sur des freinages entre deux courbes, on perd un peu en relance et on doit réellement « taper » dans le moteur pour garder une conduite dynamique. Le 1,2L essence de 69 chevaux serait probablement encore plus à la peine sur cet exercice.
Lundi, c’est l’heure de la séance photo avant de rendre le pot de yaourt. Un dernier trajet dans Paris, est suffisant pour se rendre compte que la clientèle des autres Fiat croisées est largement féminine et branchée. Et riche, si l’on en crois les chiffres de vente de la 500 fermée dont 80% sont vendues avec des équipements haut de gamme. Fiat précise que 90% d’entre eux adoptent le « Blue&Me ». Il faut croire qu’ils n’ont pas d’iPhone, car j’ai bien été incapable de synchroniser le mien avec la voiture, bien qu’étant ce qu’on peut considérer honnêtement comme un « geek »... Cela dit, le Blue&Me est développé par Microsoft...
C’est en tout cas le tarif qui distingue la 500C de son ennemie jurée, la Mini Cabrio. Avec une gamme démarrant à 14 200 euros pour se terminer autour de 21 000 euros si l’on ajoute quelques options, la Fiat termine à peu près là où commence l’anglaise, pour un produit jouant la même partition « lifestyle », apparat et St Germain des Prés.
Cependant, on peut oublier la version de base assez vite. Personnellement, mon choix se porterait sur une 500C 1,4 litres 100 chevaux en boîte mécanique, agrémentée de quelques options de personnalisation pour un tarif total un peu en dessous des 19 000 euros. Une proposition qui a le mérite d’être un bon compromis entre le fun et l’économie... En attendant une éventuelle version Abarth qui aura la qualité indispensable de n’avoir aucun sens dans le contexte actuel. Vivement sa sortie donc.
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