Comme son nom l’indique, cette BD, parue aux éditions Paquet, a pour thème central la Citroën 22CV, présentée au Salon de Paris en 1934, et qui n’a jamais été commercialisée. Elle met en scène Margot, une jeune journaliste automobile, qui se retrouve le dindon de la farce d’une blague organisée par ses collègues. Elle a pour mission de retrouver une « 22 », le fameux modèle fantôme. Place maintenant à notre interview d’Emilio Van der Zuiden, qui a réalisé cet album avec Olivier Marin.
Comment vous est venue l’idée de ce scénario ?
C’est Olivier qui traînait cette idée depuis des années. Son père collectionnait les tractions et il a toujours connu cette auto et baigné dans les clubs. Il a fait une première bande sur la 22, il devait avoir dix ans. C’est donc de lui que vient le côté historique de l’histoire. Ensuite, l’éditeur voulait un hommage à la ligne claire et c’est là que je suis intervenu. Olivier a fait le scénario et moi, je l’ai rendu plus vivant en y insérant des gags et autres rebondissements.
L’histoire est très centrée sur l’histoire de Citroën. Vous considérez-vous comme Citroëniste ?
Moi non, mais Olivier, oui ! Cet album est le premier d’une trilogie, qui sera un hommage à Flaminio Bertoni. Le premier tome est donc dédié à la Traction, sous forme d’une enquête journalistique. Le deuxième portera sur la DS. Pas d’enquête ici (il n’y a pas de « mystère » comme c’est le cas avec la 22 pour la Traction) mais le thème portera sur les rallyes féminins. Et le troisième tournera autour de l’Ami 6.
Quelles recherches avez-vous menées pour la constitution de ce scénario ?
Il y a un énorme travail de recherche en amont. Au départ, il y a toujours une base de vérité. Par exemple, l’entourage de phare de la 22, qui est à ce jour la seule pièce de 22 retrouvée, a réellement été découverte dans une casse à Lyon, comme c’est le cas dans l’album. D’ailleurs, Olivier a rencontré le type qui a retrouvé cette pièce. Et pour le tome 2, il a rencontré des pilotes de l’époque.
Comment mettre en scène un modèle comme la 22 et surtout la faire ressortir par rapport aux autres Traction qui ne sont finalement pas si différentes esthétiquement ?
La solution est de la dessiner de face ou de profil, histoire qu’on voie toujours les différences de style, notamment au niveau de l’aérodynamique. On a essayé de pousser le réalisme autant que faire se peut pour traquer la moindre différence. Mais la documentation est loin d’être abondante sur ce modèle et les documents d’époque ne sont pas toujours d’excellente qualité. Surtout, il est difficile de trouver les informations pour l’intérieur. Olivier a fait le maximum pour arriver à condenser ce qui serait le plus proche de la 22 réelle.
Jusqu’à la couleur « sang de bœuf » du cabriolet…
Oui, Olivier a des archives de catalogues Citroën assez impressionnantes et toutes les couleurs des modèles de l’album sont rigoureusement exactes, de l’année où se passe l’histoire !
Parlons un peu des personnages. Comment sont-ils intervenus à mesure de l’ébauche de l’histoire ?
Olivier avait fixé les principaux et je me suis attaché à les rendre vivants, à leur donner un caractère, une âme. J’ai voulu des personnages assez tranchés, avec des vrais méchants et des personnages récurrents. Dans le tome 2, on retrouvera des personnages comme Jeanne, la copine de Margot, qui deviendra sa copilote sur le rallye ou une poursuite de l’idylle entre Margot et l’ingénieur de chez Michelin. Je voulais des personnages qui revenaient, un peu comme un Olrik dans Blake & Mortimer. Donc quelque chose d’assez simple d’une part, mais qui brise un peu les conventions tout de même. Dans la ligne claire, les personnages féminins sont déjà peu nombreux et surtout assez souvent un prétexte à une action qui fait ressortir le héros. Donc j’ai voulu prendre à contrepied cela, avec Margot qui s’affranchit du cadre de la fille au cœur pur qu’on voit dans les films ou les BD des années 1960. Elle a des gros seins, mais aussi un cerveau et elle le montre ! Et elle le fera de plus en plus au fil des albums. J’ai voulu des personnages manichéens pour garder une simplicité dans l’histoire, en hommage à la ligne claire. Même finalement, comme le fait Georges Lucas dans la Guerre des Etoiles. Le gentil est un petit garçon blond habillé en blanc et le méchant un grand type tout en noir. C’est on ne peut plus clair. Mais comme dans la ligne claire, cela va un peu plus loin. D’ailleurs on voit une littérature assez impressionnante d’analyse de l’œuvre d’Hergé, preuve que ce n’est pas aussi simple. Alors je pense que je n’en suis pas à ce niveau, mais l’idée est là !
En quoi roulez-vous et en quoi rêveriez-vous de rouler ?
En quoi je roule, ça n’a rien d’extraordinaire, puisqu’il s’agit d’une Ford Focus ! Par contre, en quoi j’aimerais rouler… En collection, j’ai toujours eu un amour pour la 403. Pas forcément le cabriolet, d’ailleurs. Sinon, un Karmann Ghia. Ou une anglaise. Une Triumph, peu importe le modèle ou une Austin Healey. Et j’adore aussi le Volvo P1800 en break de chasse. Même une Amazon, d’ailleurs. En fait, tous les coupés Volvo. J’avais failli acheter une 480 mais je l’ai loupée de peu.
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