Fondée en 2008, GreenGT est une structure fascinante à voir évoluer. Ses membres fondateurs sont tous de terribles amateurs de mécaniques hurlantes italiennes et autres monstres américains, le genre de profil qu’on n’imagine vraiment pas à la tête d’un projet à vocation écologique comme celui-là. En tout cas pas après les avoir vu polluer amoureusement tous les plus beaux circuits au monde en flat-six, V8 et V12, souvent à carbus et enrobés d’un délicat parfum d’huile de ricin.
Aussi, on est tout de suite rassuré en voyant la petite équipe s’affairer autour de l’auto : non, nous n’avons pas affaire à d’obscurs charlatans mais bien à d’authentiques passionnés de très belles automobiles sportives, tous complémentaires dans leurs secteurs respectifs d’activités et unis dans un même challenge : réussir à construire une vraie voiture de course électrique capable de tenir le choc de la compétition en démontrant sa valeur aux 24 Heures du Mans.
Initié par Jean-François Weber, Christophe Schwartz et Stanislas de Sadeleer, le projet GreenGT aboutissait en début d’année sur un premier prototype présenté au public en avril dernier et qui venait réaliser un premier déverminage en juin sur le Circuit Paul Ricard HTTT au mois de juin pendant les 24 Heures du Mans.
Depuis, l’équipe GreenGT a peaufiné son proto et revenait maintenant fouler la piste du circuit provençal pour tester l’auto dans une configuration un peu plus poussée. Motorisée par deux générateurs électriques développant pour l’heure un peu plus de 300 chevaux et équipée de deux packs de batteries lithium-ion sur les cotés, GreenGT n’est toujours utilisée qu’à 60% de ses possibilités et limite sa vitesse de pointe à 215 kilomètres / heure pour les phases de test.
Pour cette nouvelle session d’essais, GreenGT a recruté un pilote essayeur au moins aussi passionné que l’ensemble du staff technique : après son titre de F3000 italienne, Christian Pescatori s’est vite imposé en endurance comme une très grosse pointure, que ce soit avec l’Audi R8 qu’il amenait en seconde position aux 24 Heures du Mans ou en FIA GT où il finissait champion avec une Ferrari N-GT. Le pilote italien prend toujours beaucoup de plaisir à discuter - non sans un agréable soupçon de nostalgie - des engins sur-motorisés qui lui sont passés entre les mains au cours de sa carrière ( Porsche GT1, Ferrari Enzo, Maserati MC12...) mais parait hyper impliqué dans un programme complètement inédit pour lui, qui doit maintenant surveiller sur son tableau de bord les mesures d’Ampères et de tension plutôt que les indications de température d’eau et d’huile habituellement présentes.
Construite sur la base d’une monocoque en fibre de carbone initialement pensée pour un ensemble thermique, le proto continuera de se développer dans les mois à venir pour recevoir -entre autres- un nouveau moteur plus efficace et de nouveaux composants qui sont en constante évolution. L’objectif final est audacieux puisque l’équipe veut être capable d’effectuer un tour du grand circuit des 24 Heures du Mans en moins de quatre minutes. La GreenGT effectuera ainsi une boucle du tracé manceau lors de la prochaine édition des 24 Heures et vise un engagement dans la course en 2011 en restant hors catégorie, comme ce fut le cas pour les Panoz et Lola du film Michel Vaillant il y a quelques années, ou encore pour la Porsche à cameras de Steeve McQueen lors du tournage du film Le Mans.
Si tout se passe comme prévu, une version revue et corrigée de la GreenGT figurera ensuite parmi la liste des engagés aux 24 Heures du Mans 2012 dans la nouvelle catégorie LMP E ( pour « électrique » ) sur laquelle planche actuellement l’ACO.
Le proto GreenGT pèse un peu plus de 900 kilos. Dans sa définition technique définitive, il sera capable - sur le papier - de développer un niveau de performance similaire à celui d’une LMP2 du Mans compte tenu de son moteur électrique qui devra afficher environ 450 chevaux.
Évidemment, GreenGT n’est pas encore au niveau attendu par ses créateurs, celui qui leur permettrait de remporter dignement leur défi en terre sarthoise. Mais l’équipe semble rester fidèle au calendrier prévu initialement et l’auto est maintenant capable de réaliser une quinzaine de tours d’affilée sur le Paul Ricard. Dans quelques mois, elle devra tenir entre 45 minutes et une heure à pleine charge, un temps nécessaire pour tenir entre les relais et le changement de batteries dans les stands en conditions de course.
L’auto n’est pas encore impressionnante à voir évoluer mais elle est tout simplement le seul engin de course électrique au monde à avoir dépassé le stade de la fiche papier. Elle se présente maintenant comme un engin crédible et ne demande plus qu’à poursuivre son développement et occuper un créneau qui sera sans doute bientôt étudié de près par l’ensemble des constructeurs impliqués en sport automobile. Potentiellement, il y a vraiment de quoi se bâtir un espace confortable et avant-gardiste comme celui réalisé par Tesla dans les voitures de route.
Une chose est sûre : ceux qui trouvent les Peugeot 908 HDI FAP et Audi R15 TDI déjà trop peu bruyantes seront déçus ! Les autres seront quant à eux curieux d’assister aux prémices d’une ère nouvelle en sport automobile.
Pour compléter cet article, vous pouvez lire l’essai de la GreenGT réalisé par Christophe Schwartz entre deux talons pointe avec sa monstreuse Dodge Charger.
Galerie photo : roulage de la Green GT au Paul Ricard
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Un grand merci à Isabelle
Le site web de GreenGT