Gilles Gaignault d'autonewsinfo était sur place pour réaliser cette interview.
Thierry Koskas est né en 1964. Il est ingénieur et sort de Polytechnique (promo 84). Il a débuté sa carrière dans les ministères, à celui de l’Industrie. Avant de débarquer chez Renault. Il a appris sa nomination pour devenir le patron de la division voitures électriques alors qu’il faisait son marché en aout 2008, en vacances à Bormes les Mimosa. Et de nous raconter :
J’étais à la caisse, alors vous imaginez la scène… Je reçois un appel de Patrick Blain, le directeur commercial de Renault . Il a fallu prendre la décision en un éclair !
Mais Thierry Koskas ne regrette pas d’avoir accepté cette lourde charge et cette mission de la plus grande importance. C’est un homme particulièrement heureux, serein et détendu qui nous a reçu. Il faut dire que la veille – jeudi 1er octobre – Jean Louis Borloo venait d’annoncer la décision du gouvernement de lancer la campagne pour l’installation des indispensables bornes de recharge des batteries !
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Thierry Koskas -directeur projet véhicule électrique Renault
Une production 3 Lézards
Galerie Renault:
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Gilles Gaignault: Thierry Koskas bonjour, Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Thierry Koskas: Je suis ingénieur, j’ai commencé ma carrière dans l’administration, au Ministère de l’industrie et ensuite au ministère de l’agriculture, et je suis entré chez Renault il y a 12 ans où j’ai fait une carrière de commerçant d’abord comme garagiste en Angleterre, patron de la filiale commerciale en Hongrie, et plus récemment responsable du commerce en Asie et en Afrique, et donc depuis la rentrée 2008, responsable du projet véhicule électrique.
GG: Quel est le timing de Renault pour ce projet voiture électrique ?
TK: Concrètement ce sont 4 véhicules qui vont sortir à partir de 2011, 3 en 2011 et le 4ème début 2012. 1er semestre, 2 véhicules, une berline familiale Fluence ZE, et puis une version électrique du Kangoo pour les usages professionnels, 2ème semestre 2011, un petit véhicule très urbain « Twizzy » avec deux places en tandem dans l’encombrement d’un 2 roues, et puis finalement en 2012, Zoé qui est un véhicule de la taille d’un Twingo, typiquement la 2ème voiture qui sera électrique pour le foyer.
GG: Où seront fabriquées ces voitures ?
TK: Pour le moment, nous avons indiqué que Zoé sera fabriquée à Flins et Kangoo sera fabriqué comme les versions thermiques à Maubeuge. Pour les autres, nous n’avons rien annoncé pour le moment.
GG: Avez-vous l’assurance du gouvernement de disposer de zones de recharge des batteries dans les grandes villes ?
TK: Vous avez vu hier jeudi 1er octobre, l’annonce faite par Jean Louis Borloo. Concrètement l’annonce du ministère de l’environnement est de consacrer pratiquement 1 milliard d’euro à la mise en place de bornes de recharge notamment dans la rue, plus des dispositions réglementaires pour mettre des bornes chez les particuliers ou dans les immeubles, et donc la France est vraiment en pointe pour que lorsque les voitures sortiront en 2011, on ait déjà une infrastructure en place. En tout cas, on a la main. Et la décision de Borloo est un formidable coup de boost. Du concret
GG: Une jeune femme va être « Mme Batteries » en faisant le « go between » entre Renault et le gouvernement ?
TK: On a bien sûr beaucoup de relations avec le gouvernement qui est très impliqué notamment sur l’usine de fabrication de batteries qui sera à Flins, puisqu’il y aura une participation non seulement de l’Etat, mais également un lien très fort avec le CEA pour mettre en place cette filière. Chez Renault, Christine Tissot qui fait partie de mon équipe – laquelle comprend 2000 personnes - est la personne désignée pour mettre en place le relationnel et les partenariats avec tous les gouvernements à l’étranger et notamment au Bénélux, en Scandinavie (Danemark- Norvège – Suède – Finlande), en Allemagne et en Grande Bretagne.»
GG: On parle beaucoup de citadines avec une capacité de 60km, avez-vous des objectifs avec des voitures au rayon d’action plus grand ?
TK: Les quatre véhicules que nous sortirons ont une autonomie de 160km en usage réel, on est plus du tout dans les générations précédentes avec des automobiles à l’autonomie plus faible. 160km c’est largement suffisant pour les usages quotidiens que nous avons de notre voiture pour aller au travail, chercher les enfants à l’école… et n’oublions pas qu’il y a un réseau de recharge mais aussi d’échange de batteries qui permettent d’étendre réellement l’autonomie puisque je peux imaginer de parcourir 150km, de changer ma batterie, et de refaire 150km dans la même journée.
GG: La plupart des constructeurs rivaux parlent d’une marché des véhicules électriques de 2 à 3% à l’horizon 2015, hors Renault voit plus loin avec jusqu’à 10% Comment expliquer vous cette différence ?
TK: Je crois que cela est de notre part la croyance qu’il faut que l’industrie automobile se change. Concrètement il y a de plus en plus de pression sur le CO2, le véhicule électrique est la seule façon de faire réellement une rupture en matière de CO2, et lorsque l’on regarde notre usage du véhicule, le véhicule électrique est compatible avec une grande partie de ces usages. Le dernier point qui fait la différence entre Renault et les autres constructeurs c’est l’aspect économique, n’oublions pas que l’on veut faire des véhicules électriques au même prix que les véhicules thermiques équivalents avec un coût d’usage compétitif et cela nous permet de dire qu’il y a beaucoup de clients qui n’auront aucune raison de ne pas passer à la voiture électrique, c’est ça qui nous fait dire 1 voiture sur 10.
GG: Le gouvernement laisse entendre qu’il existera une prime de 5000€, quel sera le prix d’une petite Renault électrique ?
TK: L’idée est que grâce à cette aide à l’achat, on sera capable de proposer Zoé au même prix qu’une Clio. Et ensuite en payant tous les mois un loyer de batterie et d’électricité, ça coûtera le même prix ou moins cher que ce que je paye en essence ou diesel aujourd’hui avec une Clio.
GG: Quelle est la position de Renault aujourd’hui sur les voitures hybrides et hydrogènes ?
TK: Sur l’hybride nous considérons que cela restera une stratégie de niche entre des voitures électriques réellement 0 émission et des moteurs essence ou diesel qui vont continuer à s’améliorer. L’hybride ça permet de gagner un peu en Co2 mais finalement pas beaucoup et ça reste une technologie relativement chère. Pour ce qui est de l’hydrogène c’est plus du long terme pour nous. Aujourd’hui la seule technologie réellement disponible et au point, c’est le véhicule électrique.
GG: Pensiez-vous un jour être « Monsieur Renault voitures électriques » ?
TK: Je savais que j’allais entrer chez Renault car j’ai toujours été passionné par l’automobile, et j’ai un attachement depuis toujours pour Renault. En revanche, m’occuper de la voiture électrique, c’était difficile à imaginer, car il y a vingt ans on n’imaginait pas que cette technologie arriverait au point. Et aujourd’hui c’est le cas, alors il faut vraiment y aller. »
GG: Enfin, quand apparaitra la toute première Renault électrique ?
TK: La première Fluence roulera début 2011 dans la rue. On va aller vite. La vie moderne fait que l’on est en train de réinventer l’industrie automobile. Mais il s’agit d’un énorme challenge. Une véritable révolution ! Ou Renault sera précurseur »
Interview réalisé par Gilles Gaignault. Un grand merci à Gilles pour avoir réalisé cette interview pour le blog auto et autonewsinfo
Photos et vidéo: Alain Daldem (Le blog auto)