Essai Renault Grand Scénic : pourquoi tant de haine?
par Cedric Pinatel

Essai Renault Grand Scénic : pourquoi tant de haine?

L’information faisait la une de l’actualité automobile. Il y a quelques jours à peine, Patrick Le Quement quittait la direction du design Renault après plus de 20 ans de service. Vingt ans d’un travail soumis parfois à de vives contestations, surtout depuis ces dernières années où quelques bides plus ou moins retentissants ( Avantime, Vel Satis, Laguna 3 ) lui ont valu des critiques toujours plus virulentes. Ainsi lorsqu’il quittait enfin la tête du style Renault, c’était sous une pluie de commentaires impitoyables surtout au Blog auto où vous n’avez pas été nombreux à saluer son départ. Pourtant, Le Quement c’est aussi quelques idées géniales ( osons le terme ) comme la Twingo première du nom et d’autres concepts novateurs comme le Scenic qui lançait à lui tout seul une nouvelle race d’automobiles en Europe. Un Scenic dont la troisième génération arrive sur le marché et vient de passer entre nos mains. L’occasion de se poser une question peut-être un peu naïve : pourquoi tant de haine envers Renault?

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Expression scénique

Au tout début des années 90, Renault se lance dans la production de la Twingo. La marque au losange est alors en plein dans la frénésie du mono-volume et présente en 1991 un concept-car rondouillard baptisé « Scénic » à la présentation un peu fantaisiste mais déjà porteur des éléments qui feront le succès des monopaces compacts à la fin des années 90.

Cinq ans plus tard, Renault lance finalement son Scenic dans le bain de la production en l’incorporant au sein de la gamme Mégane. Une calandre de Mégane, une face arrière de Mégane mais entre les deux, un habitacle bien plus spacieux : la recette est assez simple et l’auto ressemble à une berline Megane dans laquelle on aurait soufflé dedans pour la faire grossir.

Le succès est immédiat et l’auto cartonne tellement les scores de vente dans toute l’Europe que les autres constructeurs sont obligés de préparer de quoi répliquer pour retirer à Renault le monopole d’un segment de gamme qu’elle venait de créer, celui des monospaces compacts. Viendront ainsi les Citroën Xsara Picasso, Toyota Verso, Nissan Almera Tino, Volkswagen Touran… Aujourd’hui, c’est presque la totalité des marques automobiles présentes en Europe qui possèdent une auto prévue pour rivaliser avec le Scenic au sein de leur catalogue.

Entre 1997 et 2008, plus de 3,2 millions de Scénic ont été écoulés sur tous les marchés occupés par la marque au Losange et le monopace compact est logiquement devenu un modèle incontournable au sein de la gamme Renault. Le Scénic a ainsi accompagné toutes les générations successives de Mégane et Renault introduisait une nouvelle variante à sept places en même temps que l’arrivée du Scenic II, dont le nom passait de « Mégane Scénic » à « Scénic » pour asseoir définitivement son importance par rapport aux autres modèles Renault.

Droit au But

Bien évidemment, en plus de dix ans d’existence la concurrence a largement eu le temps de se roder face à la référence Scénic. Le segment des monospaces compacts est devenu extrêmement concurrentiel et chaque part de marché se gagne au prix d’une lutte impitoyable. En produisant la deuxième mouture de son Picasso, Citroën est parvenu à dépasser régulièrement le Scenic en nombre de ventes, chose qui n’était jamais arrivé à Renault depuis l’introduction de son nouveau modèle.

Du coup, Renault revient à la charge avec le Scenic 3. C’est d’abord sur Internet qu’il apparaissait via quelques spyshots étalés ici et là sur la toile, avant d’être officiellement dévoilé en mars dernier à l’occasion du salon de Genève dans ses deux variantes, Scénic et Grand Scenic.

Cette nouvelle mouture du Scenic espère bien repasser définitivement devant le C4 Picasso et peut-être pour insister sur les ambitions de son nouveau modèle, Renault nous présentait son Grand Scenic 3 à Marseille autour de La Commanderie où est basée l’Olympique de Marseille. Un club justement en passe de retrouver son leadership au sein du championnat de football aux dépens de Lyon : amusante coïncidence. Les rangées de Scenic alignées dans La Commanderie avaient d’ailleurs de quoi déconcerter un Eric Gerets sans doute habitué aux Aston Vantage et autres F430, des autos plus en adéquation avec les revenus de ses joueurs.

Cinq à sept pudique

Pour cette nouvelle mouture, la firme au Losange a voulu bien différencier les deux variantes. Elles reprennent tous les deux les codes stylistiques de la dernière famille Mégane 3, mais la carrosserie « 5 places » se rapproche clairement de la version Mégane coupé alors que la carrosserie « 7 places » tend plutôt vers la Mégane berline 5 portes. Ces différences esthétiques entre les deux versions sont surtout visibles au niveau du dessin des boucliers avant et des feux arrière. En plus de la différence d’empattement et de longueur, bien entendu.

Comme toute les Renault sorties depuis que Le Blog Auto existe, ce nouveau Scénic a bien évidemment eu droit à sa dose de critiques dans vos commentaires.  Fade, moche, vilain, raté, soit autant de terribles qualificatifs lancés par certains d’entre vous pour une auto qui brille en tout cas par sa discrétion. Même dévoilé depuis seulement quelques semaines, le Scénic 3 n’étonne déjà plus personne lorsqu’il circule sur la route surtout avec la carrosserie « 7 places » au look encore plus sobre. La carrosserie « 5 places » sera d’ailleurs commercialisée plus tard dans l’année et nous nous sommes donc contentés du Grand Scenic pour cet essai.

Le Grand Scenic est un tout petit peu moins long que le C4 Picasso en configuration 7 places avec 4,56 mètres contre 4,59. Il a surtout une allure complètement différente par rapport au monopace de la marque aux chevrons. Citroën a opté pour un dessin très mono-volume avec une face avant qui forme une courbe dans la continuité du pare-brise, alors que Renault a préféré se démarquer par une partie frontale détachée par rapport au reste de la ligne. Ce dessin affirme la volonté de sortir de l’image rondouillarde et surélevée d’un monospace traditionnel, une volonté qui se retrouve dès qu’on s’installe à bord de l’auto : Renault a tout fait pour offrir une position de conduite plus proche d’une berline et beaucoup moins haute par rapport à un autre monospace. Tant pis pour ceux qui prenaient du plaisir à dominer la route au volant en roulant au dessus des petites citadines.

Tiroir(s)-caisse

A l’intérieur, on retrouve un habitacle qui reste logiquement dans la même tonalité que les dernières productions de Renault. Plastique mou et moussé sur la grande planche de bord, console centrale avec molette de l’ordinateur de bord, formes rondes, etc. La nouveauté c’est cette incroyable faculté à se doter de rangements dans tous les sens. Renault s’est amusé à creuser son habitacle partout où il y avait la possibilité d’y faire un trou. Au final, ce sont pas moins de 92 litres d’espace de rangement répartis entre le toit, la planche de bord, le plancher avant, le plancher arrière, le couloir central ou les portières. C’est bien simple, il y a des rangements vraiment partout dans la voiture.

Rien de particulier à signaler au niveau de l’assemblage et de la finition. On pourra toujours trouver à redire au niveau de certains détails en étant plus ou moins vicieux, mais globalement le niveau est très bon pour un ensemble qui reprend de toute façon beaucoup de la dernière Mégane berline. La planche de bord est surplombée par un grand ensemble muni d’un écran TFT entièrement paramétrable qui affiche la vitesse sur un compteur digital assez joli au milieu des autres informations. Et à la droite de cet écran, on en trouve un second ( sur option ) : il s’agit du fameux GPS Carminat Tomtom proposé à 490 euros et qui arrive sur l’ensemble de la gamme Renault.

Un équipement d’ailleurs pléthorique en fonction de la finition choisie. Il y a cinq niveaux de finition différents au total, de « l’Authentique » pour les moins exigeants à la « Jade » qui comprend à peu près tout ce que vous pouvez imaginer dans un carnet d’options, des sièges chauffants en passant par le toit ouvrant panoramique ou l’aide au parking avant et arrière.

L’espace intérieur est bien évidemment une raison d’être du Grand Scenic avec des côtes très appréciables que ce soit devant ou sur la deuxième rangée de sièges. Au niveau des deux dernières places si vous optez pour l’option « rangée supplémentaire » ( +700 euros ), les trajets restent vivables du moment où vous n’êtes pas trop grands ou trop costauds. En fonction de la configuration intérieure le volume varie de 208 litres ( avec les sept places ) à 2060 litres en enlevant les secondes et troisièmes rangées de sièges. Un record, mais attention aux sièges de la deuxième rangée qui ne sont pas escamotables et simplement extractibles.

Scenic athlétique

La volonté pour Renault de se débarrasser de l’image du gros monospace haut sur pattes se retrouve agréablement lorsqu’on l’amène sur les petites routes de Provence entre Marseille et Cassis. Grand Scénic a encaissé sans broncher La Gineste, cette route tortueuse entre la mer et les collines aperçue notamment dans le film Taxi 2.

Le comportement de ce monospace est vraiment très plaisant et se rapproche largement de celui d’une berline, même sur cette version 7 places longue et lourde. L’auto ne tangue pas comme ses prédécesseurs et reste très précise du train avant en toutes circonstances. Un comportement sain et stable qui va de pair avec des réglages d’amortissement très satisfaisants. Vraiment un très bon point pour ce grand Scenic qui se montre très efficace en dynamique, sans doute plus encore qu’un C4 Picasso concurrent.

Coté motorisations, le choix est composé d’une multitude de blocs essence et diesel qui développent de 105 à 160 chevaux. La gamme dCi est chapeautée par le 2,0L 160 chevaux et la palette essence reçoit le tout nouveau 1,4 litres TCe 130 chevaux, c’est justement cette dernière motorisation qui équipait notre modèle d’essai. Un bloc qui se plie à la mode du downsizing et qui suffit largement à mouvoir les près de 1500 kilos de l’ensemble. Ce moteur reste vif quelque soit le régime et très agréable à l’utilisation, sauf peut être sur l’autoroute à partir de 110 - 120 km/h où il commence sérieusement à se faire entendre. Attention tout de même à la consommation qui dépasse logiquement les 10 litres aux 100 kilomètres dès qu’on commence à « taper dedans » mais si vous restez sages, vous parviendrez à passer sous les 8 L/100 km.

Conclusion

Les prix du nouveau Renault Grand Scenic vont de 20 400 euros pour le petit 1,6L essence jusqu’à 32 200 euros pour le 2,0 L dCi en boite automatique. Des tarifs certes élevés mais qui restent comparativement légèrement en dessous d’un Grand C4 Picasso à équipement équivalent.

Ce nouveau Grand Scenic est loin d’être funky dans sa présentation et on pourra toujours lui reprocher un manque d’audace dans son style et son habillage intérieur. Mais après tout, pas facile de prendre des risques pour une référence établie depuis plus de dix ans. De toute façon, non seulement il n’est pas plus moche qu’un autre ( personnellement j’aurais même tendance à le trouver au moins aussi réussi qu’un Grand C4 Picasso ), mais ses qualités intrinsèques sont imparables. Spacieux au point de pouvoir presque cannibaliser la clientèle d’un Espace, le Grand Scenic jouit d’un équipement pléthorique, d’une excellente ergonomie à bord et surtout d’un très bon comportement routier. Le Scenic est tout simplement la voiture idéale pour une famille nombreuse et c’est quasiment une lapalissade que de le dire.

Ce Grand Scenic est assurément une excellente voiture et il a tout pour retrouver le leadership dans sa catégorie. Pourtant, je suis certain que cela n’empêchera pas les habituels torrents d’insultes contre Renault dans les commentaires, comme c’est le cas à chaque fois pour la sortie d’un nouveau modèle de la marque au Losange. Alors, pourquoi tant de haine envers Renault?

Galerie : Essai Renault Grand Scenic

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Pour résumer

L’information faisait la une de l’actualité automobile. Il y a quelques jours à peine, Patrick Le Quement quittait la direction du design Renault après plus de 20 ans de service. Vingt ans d’un travail soumis parfois à de vives contestations, surtout depuis ces dernières années où quelques bides plus ou moins retentissants ( Avantime, Vel Satis, Laguna 3 ) lui ont valu des critiques toujours plus virulentes. Ainsi lorsqu’il quittait enfin la tête du style Renault, c’était sous une pluie de commentaires impitoyables surtout au Blog auto où vous n’avez pas été nombreux à saluer son départ. Pourtant, Le Quement c’est aussi quelques idées géniales ( osons le terme ) comme la Twingo première du nom et d’autres concepts novateurs comme le Scenic qui lançait à lui tout seul une nouvelle race d’automobiles en Europe. Un Scenic dont la troisième génération arrive sur le marché et vient de passer entre nos mains. L’occasion de se poser une question peut-être un peu naïve : pourquoi tant de haine envers Renault?

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Rédacteur
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