Si la première épreuve du championnat japonais de Super GT a montré que vaille que vaille les constructeurs et le public répondaient présents malgré les circonstances économiques difficiles, la Formula Nippon a été beaucoup plus durement touchée. Alors que la grille 2008 comportait vingt voitures, ce ne sont que treize monoplaces qui prenaient la piste samedi pour la première séance libre du championnat, certaines avec une carrosserie où les sponsors se faisaient rares. La crise économique est arrivée pile au moment où la discipline changeait profondément sa réglementation. Sans un budget suffisant pour supporter l'investissement dans les nouvelles voitures, un certain nombre de teams ont préféré jeter l'éponge et le plateau s'en trouve sérieusement réduit. Honda et Toyota, qui fournissent les moteurs, ont dû mettre la main à la poche et en ont profité pour placer un certain nombre de jeunes pilotes issus de leur filières respectives. Le résultat est au final une affiche assez intéressante où ces jeunes loups se retrouvent face aux valeurs établies de la discipline, tout le monde se retrouvant à égalité devant le nouveau châssis.
Les forces en présence
Team Impul
1 Tsugio Matsuda
2 Benoit Treluyer
20 Kohei Hirate
Le team Impul, la structure dominante du championnat (elle a remporte les six dernières éditions) aligne comme la saison dernière la dream team composée de Tsugio Matsuda, champion 2007 et 2008, et Benoît Tréluyer qui lui a remporté le championnat 2006 et terminé second en 2007. Du costaud, donc. Impul aligne également une troisième voiture pour Kohei Hirate, un des espoirs Toyota qui entame sa seconde saison après avoir fait des étincelles (et subi un très gros carton) en 2008. Avec le plus gros sponsor du plateau, la chaîne de supermarchés Lawson, Impul est une fois de plus l'écurie à battre et bien rares seront les courses où au moins un des ses pilotes ne sera pas sur le podium. Impul est motorisé par Toyota.
Team LeMans
7 Keisuke Kunimoto
8 Hirohaki Ishiura
Le team LeMans est également une valeur sûre du plateau. Cette année toutefois les choses ne sont pas aussi roses que les années précédentes et l'écurie n'aligne que deux voitures au lieu de trois, confiées à deux pilotes de la filière Toyota Young Drivers Program. Hiroaki Ishiura entame, comme Hirate, sa seconde saison, même si il a été relativement en retrait de son camarade de promotion la saison dernière. Son jeune rookie de coéquipier Keisuke Kunimoto sera particulièrement intéressant à suivre. Aux avant-postes de la F3 japonaise la saison dernière, il a impressionné les observateurs et a confirmé par une victoire au Grand Prix de Macau à la fin 2008 devant le gratin de la F3 internationale avant d'effectuer quelques courses pour le compte du team Korea (où il a des attaches familiales) en A1GP. S'il confirme cette saison, il pourrait suivre les traces de Kazuki Nakajima et Kamui Kobayashi vers la F1 via le constructeur qui l'emploie. Le team LeMans est motorisé par Toyota.
HFDP racing
10 Koudai Tsukakoshi
Cette nouvelle structure dont les initiales cachent le sigle Honda Formula Dream Project a été montée par Honda pour donner un volant à l'un de ses espoirs, le jeune Koudai Tsukakoshi. Le potentiel de ce pilote reste à déterminer, sachant qu'il revient de l'Euro F3 où il a réalisé une saison en demi-teinte, montant à deux reprises sur le podium mais sans victoire. Le team HFDP racing est motorisé par Honda.
Nakajima Racing
31 Loïc Duval
32 Takashi Kogure
Le Nakajima Racing est le pendant côté Honda du team Impul. Beaucoup d'expérience, des moyens et deux pilotes confirmés de très bon niveau : Loïc Duval, qui se rapproche du titre à chaque saison, et Takashi Kogure, un pilote particulièrement rapide qu'un certain manque de réussite et une tendance à se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment ont empêché jusqu'à présent de remporter le championnat qu'il a raté de quelques points en 2007. Le Nakajima Racing est le team de pointe de Honda et on devrait une nouvelle fois retrouver ses pilotes dans la course au titre, plus particulièrement Loïc Duval qui a pris petit à petit l'ascendant sur son coéquipier au cours de la saison 2008. Nakajima Racing est propulsé par Honda.
Team TOM'S
36 André Lotterer
37 Kazuya Oshima
Le team TOM'S est historiquement proche de Toyota. Doté de gros moyens grâce à sa proximité avec le constructeur et un gros sponsor, Petronas, TOM'S a les cartes en mains pour jouer le titre avec son pilote vedette André Lotterer. Jamais très loin du podium, l'Allemand peut désormais se targuer d'une expérience certaine de la discipline. Il devra cependant se débrouiller tout seul puisque son équipier débutant, Kazuya Oshima, qui comme Tsukakoshi est un réfugié de l'Euro F3 où il a été transparent, aura tout à apprendre de la Formula Nippon. TOM'S est motorisé par Toyota.
Dandelion Racing
40 Richard Lyons
41 Takuya Izawa
Le britannique Richard Lyons, ancien champion 2004, est de retour en monoplace après une longue éclipse et quelques remplacements la saison dernière. Pilote solide, il devra toutefois cravacher pour rester à la hauteur de son jeune et ambitieux coéquipier Takuya Izawa. Celui-ci entame sa seconde saison après s'être fait remarquer en 2008 chez ARTA à la fois par sa rapidité et un manque de jugement chronique. Avec une saison au compteur, il a le potentiel pour jouer les premiers rôles cette année s'il sait garder la tête froide, ce qui reste à démontrer. Dandelion Racing est motorisé par Honda.
Cerumo/Inging
48 Yuji Tachikawa
Les temps sont durs pour Yuji Tachikawa, fidèle pilote Toyota qui a pas mal travaillé à la mise au point de la nouvelle voiture pendant l'hiver. Si, avec le team Cerumo, il est à la pointe du combat en Super GT, les choses seront beaucoup plus difficiles en Formula Nippon où l'écurie paraît bien limitée en terme de budget. Tachikawa a cependant beaucoup d'expérience et a la capacité à profiter des circonstances pour faire quelques coups pendant la saison. Cerumo/Inging est motorisé par Toyota.
Qualifications : Hirate devant Izawa
Les tests d'avant-saison ayant été perturbés par les éléments (de la neige sur la piste en mars à Fuji !), les pilotes s'élançaient avec beaucoup d'inconnues pour la séance libre du samedi matin. Au vu des trajectoires assez approximatives des premiers tours, il y avait effectivement pas mal de travail mais tout le monde avait à peu près dégrossi les réglages pour la qualification, disputée en 3 parties sur le modèle de la F1. Les premières victimes de la Q1 étaient Tachikawa, passé à côté de la séance, et les deux rookies Tsukakoshi et Oshima, bientôt rejoints en fond de grille par Richard Lyons le revenant et le troisième rookie Kunimoto qui ne passaient pas le cap de la Q2. Le dernier quart d'heure marquait le début des choses sérieuses, et les deux jeunes loups Kohei Hirate et Takuya Izawa s'installaient en première ligne devant Benoît Tréluyer et André Lotterer. Tsugio Matsuda, le champion en titre, rencontrait des problèmes et ne pouvait faire mieux que le huitième temps.
Course : Tréluyer remet les pendules à l'heure
Sur la pré-grille, de nombreuses interrogations subsistaient sous les casques : que donnent ces nouvelles voitures avec le plein d'essence ? Tiendront-elles la distance ? Comment se servir du nouveau système Push To Pass, un relèvement temporaire du limiteur que chaque pilote peut utiliser à cinq reprises pendant la course ? Malgré une grille de départ plus calme que d'habitude du fait de l'effectif réduit, la tension était palpable à l'approche de ce premier départ. Lorsque les feux rouges s'éteignaient, le poleman Hirate ratait son départ et laissait s'échapper Izawa suivi par Tréluyer et Loïc Duval qui avait bondi autoritairement devant son équipier Kogure. Ce dernier faisait une figure dans le premier virage et repartait loin. Après quelques tours, André Lotterer, mal parti, se frottait un peu fort au freinage à Matsuda qui ne pouvait repartir. Lotterer écopait d'une pénalité de quinze secondes pour l'incident et perdait toute chance de recoller au peloton de tête. Izawa gardait le commandement jusqu'à la mi-course, pendant que Tréluyer résistait à plusieurs tentatives de dépassement de Loïc Duval dont le Push to Pass ne suffisait pas à déborder la voiture no2. Benoît ravitaillait un peu avant Izawa, et, grâce à un tour très rapide, recollait au jeune Japonais alors que celui-ci ressortait de la pitlane. Le Français pouvait alors, grâce à ses pneus en température, passer Izawa et prendre la tête. Malgré une alerte mécanique dans la dernière partie de l'épreuve, Tréluyer contrôlait et volait vers sa première victoire depuis 2007 devant Izawa et Hirate revenu petit à petit de son départ calamiteux. Loïc Duval, dont la stratégie n'a pas porté les fruits espérés, assurait la quatrième place devant Tachikawa et le premier rookie, Tsukakoshi.
Malgré les effectifs réduits, la course a été fort intéressante et très disputée du fait des faibles écarts entre les concurrents. La Swift, encore un peu brute de décoffrage, a l'air solide et fiable comme les mécaniques qui n'ont subi aucune avarie majeure. Ca promet pour la suite de la saison qui continuera à Suzuka le 16 mai prochain.
Formula Nippon, Round 1 Fuji Speedway, 5 avril 2009
01 2 Benoît Tréluyer LAWSON IMPUL
02 41 Takuya Izawa DOCOMO DANDELION
03 20 Kohei Hirate ahead IMPUL
04 31 Loïc Duval NAKAJIMA RACING
05 48 Yuji Tachikawa CERUMO/INGING
06 10 Koudai Tsukakoshi HFDP RACING
07 37 Kazuya Oshima PETRONAS TOM'S
08 32 Takashi Kogure NAKAJIMA RACING
Photos copyright Yuji Shimizu 2009 & plr
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