En sursis?
Brawn GP peut remercier la FIA. La Fédération Internationale de l'Automobile se retrouvait face à un dilemme cornélien vis-à-vis des fameux "diffuseurs miracle". Les équipes qui les utilisaient (Brawn GP, Toyota et Williams) ne sont pas des top teams et grâce à ces diffuseurs, ils sont devant. Les médias se passionnent pour ce remake de David contre Goliath. Alors, fallait-il bannir ces diffuseurs, voir la hiérarchie retrouver sa configuration habituelle et terminer le rêve? Ou bien les laisser poursuivre, afin de se garantir des résultats incroyables? Le risque étant alors de laisser Ferrari au bord du chemin et de dégouter les tifosi (qui fournissent l'essentiel de l'audience.) Elle a choisi d'autoriser ces diffuseurs. Du coup, Brawn GP et Toyota surnagent (notez que Red Bull, 2e, n'a pas de "diffuseur miracle".)
A Melbourne, les Brawn GP étaient au dessus du lot. A Sakir, il y avait 4 monoplaces différentes au 4 premières places. Les écarts se sont déjà resserrés.
Néanmoins, en 4 courses, Brawn GP a marqué 50 points. C'est à dire près de 3 fois plus de points que durant toute la saison 2008 (où elle s'appelait Honda.) Toyota est à 22,5 points, Red Bull est à 23,5 points et McLaren à 37 points: elles peuvent donc voir venir. A Monaco, Button devrait de nouveau briller et ce n'est pas avant le Nurburgring, voir Budapest, que les Brawn GP devraient quitter la tête du classement.
Remontée infernale?
Pour Barcelone, la plupart des top teams promettent de gros package aéro. Certes, les essais privés et les évolutions sont théoriquement limités. Mais les voitures devraient beaucoup évoluer dans les prochaines semaines. A contrario, Brawn GP et Red Bull disposent d'un budget limité. Quant à Toyota, avec son organisation digne des Shadoks...
McLaren fut le premier des "autres" à disposer du "diffuseur miracle". Déclassé à Melbourne (on y reviendra), Hamilton a été 7e à Sepang, 6e à Shanghai et 4e à Sakir; une progression linéaire. Il est celui qui a le mieux limité la casse face à des F1 plus performantes: "seulement" 10 points de retard sur le 2e, Barrichello.
Il est donc l'un des prétendants au titre.
Ils partent de plus loin...
D'aucun disent que le "vrai" championnat débute en Europe: les écuries ont alors le temps de faire des aller-retours avec l'usine et d'apporter de nouvelles pièces.
Problème: cette année, le championnat a débuté par 4 Grands Prix extra-Européens.
Renault et Ferrari ont respectivement 8 et 10 points de retard sur McLaren. A partir de Barcelone, les Renault et les Ferrari devraient revenir sur les Brawn GP, les Red Bull et les Toyota... Sauf que les McLaren devraient également progresser et elles peuvent donc profiter d'un matelas de points pour rester "premier des autres".
Déjà trop tard?
Massa et Kubica, les 2e et 4e du championnat 2008, n'ont toujours pas marqué de point.
Il se pose alors la question de la motivation. Massa est exactement dans la position d'Häkkinen en 2001: il voulait laver l'affront de la saison passée et décrocher le titre, mais les abandons succèdent aux contre-performances. Le Finlandais tomba alors dans la spirale du doute et il laissa filer le championnat.
Qui plus est, leurs écuries respectives ont l'air patauger en terme de stratégie. Pas facile de rester confiant lorsque son équipe n'a même pas de cap.
Néanmoins...
Pour McLaren, le plus dur challenge sera non pas Barcelone, mais le conseil de la FIA, mercredi.
La Fédération jugera les mensonges d'Hamilton au Grand Prix d'Australie. Ecclestone parle de retrait de points, voir d'exclusion du championnat.
L'écurie a fait profil bas: excuses d'Hamilton, renvoi de son ingénieur, mise à l'écart de Ron Dennis, attaque a minima des "diffuseurs miracle"...
Mais Max Mosley et Bernie Eclestone veulent le scalp de McLaren. C'est une question de haine personnelle et parce qu'avec 2 écuries clientes (Brawn GP et Force India) McLaren et Mercedes pourraient faire imposer leurs vues lors des réunions (au détriment de Ferrari, qui n'a plus qu'une équipe cliente; une révolution!)
Mais cette exclusion serait un jeu dangereux, car Mercedes s'impatiente: en terme d'image, ils ne voudraient pas être associés à une équipe de tricheurs (Stepneygate) et de menteurs. Or, sans la marque à l'étoile, la F1 manquerait de motoristes pour son plateau.
Alors, Hamilton, champion en 2009? Ou au repos forcé dés mercredi?
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