Effrayante
En plus de l’engagement en Formule 1, Renault couvre un grand nombre de disciplines sportives et on ne compte plus les championnats nationaux et internationaux à reprendre des autos marquées du petit losange français. Formule Renault 3,5 Litres, Clio Cup, multiples formules de promotion nationales…
En 2005, Renault Sport lançait le programme Eurocup Megane Trophy, une coupe monomarque qui ne reprenait que la carrosserie de la Mégane 2 et qui troquait tout le reste contre un vrai châssis de prototype, entre structure tubulaire et V6 3,5 litre préparé en position centrale arrière. Le championnat était un succès et après quatre saisons de bons et loyaux services, la Megane 2 laisse la place à une nouvelle Trophy basée sur la Mégane 3 et à l’allure proprement effrayante.
Si vous connaissez les joutes ultra-musclées du DTM, dites vous simplement que cette Megane 3 Trophy est encore plus monstrueuse que les A4 et Classe C qui s’illustrent dans le championnat allemand. Cette Trophy reprend la forme d’une Megane 3 coupé RS, mais en plus large, de partout. Ses portières s’ouvrent en élytre, elle est surplombée par un gros aileron arrière et son aérodynamisme particulièrement travaillé lui donne une apparence bestiale, surtout vue de l’arrière à cause de son énorme diffuseur à coté duquel sont encastrées d’énormes prises d’air.
La nouvelle Trophy reprend quasiment tout de la précédente mouture en essayant de corriger les quelques défauts décris par les concurrents de l‘Eurocup Megane Trophy, consultés par Renault Sport pour l’élaboration de la nouvelle auto. Elle garde sa structure multitubulaire acier et son moteur V6 3,5 litres atmosphérique, mais celui-ci est désormais porté à 360 chevaux au lieu de 330. Son aérodynamisme était un gros point de travail avec un gain d’efficacité de l’ordre de 40% par rapport à la première Trophy.
Pour le reste, le staff Renault Sport s’est efforcé de faire en sorte que l’auto soit encore plus fiable et plus facile à piloter. Les courses de l’Eurocup Megane Trophy prennent place sur les plus beaux circuits européens à l’occasion de chaque meeting des World Series By Renault : le championnat est pensé comme l’outil idéal pour un gentleman driver désireux de se faire plaisir au volant d’une voiture de course lancée en bataille dans des pelotons ultra-serrés. Au niveau chronométrique, l’auto vaut à peu près une GT3 standard FIA mais la voiture complète ne coûte « que » 138 000 euros HT ( 38 000 euros livrée en kit ).
Renault Sport prévoir aussi une version endurance qui pourra permettre à la Trophy de s’aventurer bien au-delà du championnat Eurocup, par exemples pour des épreuves multi catégories comme les 24 Heures de Dubaï ou le championnat BTCS.
Torture
Bref, cette nouvelle Trophy semble se présenter comme la voiture de course idéale pour un gentleman driver et pour convaincre tout le monde, Renault avait convié les journalistes à l’essayer sur le Paul Ricard HTTT pendant que les équipes réalisaient leurs essais d’avant saison. Sous une pluie dantesque, j’allais donc avoir le plaisir de voir comment se comportait cette vraie voiture de course par rapport aux sportives déjà essayées sur ce même circuit, la Lamborghini Superleggera, la Corvette C6 ou encore la Porsche GT2.
C’est Kurt Mollekens - fine gâchette belge habitué des courses GT et chargé par Renault du développement de la nouvelle auto - qui nous faisait un rapide briefing pour bien assimiler les quelques difficultés à prendre en compte ( embrayage au volant pour passer la première, freinage etc. ), sachant que nous étions six au total à devoir se passer le volant de l’auto réservée aux medias en ce jeudi après-midi. Je passais en dernier et il ne restait que quelques minutes à rouler lorsque je montais enfin à bord de l’auto. Une voiture de course presque plus facile d’accès qu’une Lotus Exige : contrairement à cette dernière, il est possible de s’installer sans devoir tordre affreusement ses chevilles pour faire passer les pieds au dessous de l’arceau tubulaire.
Une fois à l’intérieur, difficile de bouger la tête à cause du système HANS disposé sur le cou mais la position semble parfaite. Il ne me reste plus qu’à démarrer le moteur via le gros bouton START en bas du tableau de bord, puis à me préparer à passer la première en lâchant progressivement l’embrayage au volant tout en conservant un léger filet de gaz. Et là, tout bascule.
Peut-être Dieu a-t-il voulu me punir de mon adoration envers les autos qui polluent beaucoup et les gros moteurs qui consomment ou au contraire, me préserver d’un roulage sous une pluie torrentielle peut-être un peu risqué… Toujours est-il qu’au moment ou j’allais sortir des stands, le drapeau rouge était abaissé par la direction de piste du circuit, très légèrement en avance sur l’horaire prévu. Piste fermée. J’ai du mal à décrire les sentiments par lesquels je suis passé à ce moment là. En gros, j’étais comme un gamin à qui on offrait un énorme cadeau pour finalement l’exploser juste sous ses yeux. Un des moments les plus frustrants de ma vie !
Impuissant face à tant de mauvaise fortune, le staff Renault Sport se confondait en excuses si bien que je me suis gentiment retenu de rayer lâchement les portières de toutes les Laguna dans un rayon de dix kilomètres autour du circuit. Pas facile car que ce soit chez Sport Auto, EVO, Échappement, Auto Plus ou Motorsport, à chaque fois les réactions étaient dithyrambiques à la sortie du roulage. Apparemment, non seulement l’auto est très rapide ( on s’en doutait ) mais la simplicité avec laquelle elle se pilote est vraiment impressionnante.
Après cette malheureuse expérience Leblogauto se vengera et enverra ultérieurement Christophe Labédan -notre meilleur pilote- vérifier si cette Trophy est aussi efficace qu‘elle ne le prétend, l’homme n’ayant de toute façon plus grand-chose à apprendre en matière de voitures de course.
En attendant, voici une petite galerie et une vidéo de l’auto lors du roulage au Castellet.
Galerie : Megane Trophy
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