par Pierre-Laurent Ribault

Le pilote du jour : Renault 4 Racing made in Japan

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La Renault 4 est une vieille dame indigne. Après une carrière de près de 35 ans, on aurait pu penser qu'elle veuille prendre une retraite bien méritée, rouillant paisiblement au bon air de la campagne au fond d'une cour de ferme ou, pour les plus chanceuses, faisant le bonheur de quelques collectionneurs qui les bichonnent le dimanche matin avant une petite sortie nostalgique. Des occupations de son âge. Au lieu de quoi elle a décidé de rire au nez des conventions et de faire les 400 coups au Japon, où ses beaux restes émoustillent encore bien des gaillards. Après l'avoir surprise à se pavaner au milieu de grosses berlines allemandes dans les parkings d'hôtels de luxe, c'est en une autre compagnie surprenante que le blog auto est tombé sur elle vendredi dernier.

C'est au Tokyo Special Import Car Show 2008 qu'elle s'affichait sans complexe, parmi les autres voitures de l'idler's club, organisation réjouissante qui accueille sans barguigner les anciennes de tout poil et les fait s'affronter à longueur de saison dans des épreuves d'endurance en circuit dont le classement est découpé en une infinité de catégories pour donner au plus grand nombre l'occasion de faire la fête en fin de course.

La Renault 4 qui nous intéresse est engagée dans la catégorie la moins regardante, ce qui n'est pas plus mal vu ce qu'elle cache sous son capot. La prise d'air NACA en carbone qui orne le dit capot refroidit en effet un moteur de R5 Alpine turbo. Cléon un jour, Cléon toujours, mais impossible de donner plus de précisions, le propriétaire de la voiture étant absent de la table de camping autour de laquelle se tenaient les membres du club au moment où je me suis enquis de détails sur ce fier destrier portant bien haut les couleurs de la RNUR. Ces derniers, Porschistes distingués et rigolards (on y reviendra) n'avaient qu'une notion aussi emprunte de sympathie que vague sur les tenants et les aboutissants de la chose.

Il faudra donc se contenter des quelques signes extérieurs de compétition que nous offrent ces images pour nous faire une meilleure idée du concept. Bouclier avant fixé au plus précis ("Dont' step" inscrit au marqueur nous enseigne que l'élément est aussi fragile qu'une moustache de monoplace), aileron de toit moulé aussi aérodynamique qu'intraçable, ailes arrières légèrement gonflées pour loger de splendides roues RS Watanabe, modèle de prédilection de l'aristocratie des japonaises sportives, et, tribut payé à la légèreté (700 kg), des vitres en Lexan.

Cette bête de course, qui écume les pelotons pour la quatrième année si l'on en croit les stickers officiels, rend par sa parure un hommage chromatique subtil à la plus célèbre des 4L de course, celle des frères Marreau qui finirent le Paris-Dakar 1980 sur le podium, à moins qu'il ne s'agisse de célébrer les 5 Alpine Calberson de Ragnotti et Fréquelin qui ridiculisèrent bien des pointures au Monte-Carlo 79. Dans les deux cas, des heures glorieuses que notre Renault 4 japonaise entend bien émuler. C'est tout le mal que nous lui souhaitons.

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