Après les Lancia Françaises, voici les Alfa Romeo Brésiliennes! Oubliez le CKD ou une simple production sous licence d'austères berlines: les Alfa de la Fàbrica Nacional de Motores (F.N.M.) étaient différentes de celles de Milan. C'est également l'occasion de parler des poids-lourds d'Alfa Romeo et d'une rare des rares sorties d'Italie du constructeur.
En 1938, le général Edmundo de Macedo Soares est accusé de vandalisme: il voulait raser un verger pour construire une usine de sidérurgie, avec à terme l'objectif d'y construire des voitures. Des voitures au Brésil? Jusqu'ici, les initiatives privées étaient des échecs. L'oreille du général Antonio Guedes Muniz trainait par là. En 1942, il convainc l'état de fonder la FNM. Une usine d'assemblage sort de terre à Xerem. Mais c'est pour construire des moteurs d'avions Curtiss-Wright sous licence.
En 1947, il n'y a plus de demande pour les moteurs d'avions. FNM se reconvertit: l'entreprise est privatisée partiellement et elle se met à assembler des camions Isotta-Fraschini D80 (qui devienne FNM 7300 au Brésil) expédiés en kit d'Italie. Mais Isotta-Fraschini, ruiné et finit par faire faillite en 1951.
Il lui faut donc un nouveau partenaire et ce sera Alfa Romeo, toujours pour des camions. Les premiers modèles fabriqués à Xerem sont les FNM D9500 et D11000, dérivés des Alfa Romeo 430 et 900 et bénéficiant de carrosserie inédites. Ce ne sont pas les seuls poids-lourds Brésilien: en 1956, Mercedes crée une usine dans le pays.
En 1960, nouveau tournant: FNM se lance dans l'automobile la JK 2000 (comme le président Juscelino Kubitschek), proche de l'Alfa Romeo 2000. En 1964, Kubitschek est frenversée et elle devient "Berlina 2000". Trop luxueuse pour ce pays pauvre, elle ne vend pas. FNM tente une version plus luxueuse, la TIMB (Turismo Internazionale Modello Brazile), sans succès.
En 1964, FNM demande au carrossier local Rino Malzoni de créer un coupé sur la base de la 2000. Ce sera la très confidentielle Onça de 1966. De face, comme de dos, elle a clairement de faux airs de Mustang (lancée fin 1964.)
En 1969, FNM fait faillite et Alfa rachète ses parts et petit à petit, le logo Alfa remplace celui de FNM. En attendant, FNM lance une nouvelle version de la 2000, alors qu'on attendait toute une gamme de nouveaux véhicules. La 2150 possède logiquement un moteur de 2,2l et une face avant inédite. Grâce à elle, en 1970, la production atteindra un record de 1209 unités (contre 500 en moyenne pour la 2000.)
En 1974, la 2300 remplace la 2150. Malgré son nom, c'est un dérivé de l'Alfetta (mais de la taille d'une Alfa 6.) Le nom FNM disparaît sur la calandre au profit d'Alfa Romeo. En 1978, elle est épaulée par un version Ti de 150cv qui fera le bonheur des pilotes de tourisme.
Alfa Romeo va mal et en 1978, il cède FNM à FIAT (déjà installé via une usine d'automobile à Belo Horizonte.) Les camions sont remplacés par les Fiat 625 et 673, qui sont des OM/Saurer sauce locale. Plus tard, l'usine produira des Iveco, avant de renoncer aux camions au milieu des années 80.
La 2300 évolue en Rio, SL et enfin Ti4 en 1985. Si la carrosserie est moderne, en revanche, la qualité reste scotché sur "Alfa des 70s". Fiat (qui a racheté Alfa Romeo en 1986) trouve que Xerem concurrence les voitures de Belo Horizonte. En 1988, la Ti4 est arrêtée et FNM met la clef sous la porte.