Dodge continue d'envahir l'Europe, en commercialisant depuis le printemps le Nitro. Présenté en noir sur le stand de la marque au Bélier lors du dernier mondial de l'Automobile, le Dodge Nitro est la version commerciale du Concept Car M80. Prêt à en découdre dans le segment des SUV moyens, Dodge compte apporter de la folie sur un marché qui est devenu la cible privilégiée des écologistes. Car contrairement à d'autres véhicules de la concurrence, le Nitro revendique de manière insolente son image de méchant baroudeur! Le Nitro, c'est d'abord un regard, un regard sombre et bestial accentué par la droiture du bouclier avant et des arches de roues débordante, histoire d'afficher sa virilité! Cependant, aussi impressionnant soit-il, ses dimensions ne sont pas énormes puisque avec 4.54 m de long, il affiche 11 cm de moins qu'un Chevrolet Captiva, un autre Américain. L'arrière semble un peu plus conventionnel, avec des feux verticaux surmontés d'une très rectangulaire lunette arrière.
Concernant l'habitacle, si la qualité des matériaux est en retrait par rapport aux standards européens, on note tout de même une progression. L'assemblage des différents panneaux parait meilleur, reste à voir la tenue de tout ça dans le temps. Les occupants ne devraient pas se plaindre à l'arrière de l'espace dédié aux jambes, ni du confort de la banquette, excepté le passager du milieu... comme d'habitude. S'installer derrière le volant du Nitro n'est pas chose aisée. L'assise haute n'est pas surprenante dans ce type de véhicule pour ne pas dire recherchée, mais l'étroitesse de l'espace dévolu au pédalier et aux jambes est déroutante dans une auto où l'on s'attend à être à l'aise. Néanmoins, après quelques kilomètres, on s'en accommode. Le seuil du coffre qui peut contenir 389 litres est assez haut, si bien que le système load'n'go (un plateau coulissant) semble être une nécessité pour faciliter le chargement. La sellerie de notre version R/T (finition supérieure) est un des points forts du Nitro, bien que les fauteuils avant manque de maintien. Question équipements, pas de surprise, c'est du Chrysler, des commandes à l'ensemble multimédia en passant par le bloc de climatisation.
Avec un tel look, on s'attend à ce que la marque au Bélier ait mis ce qu'il faut sous le capot pour encorner la concurrence. Mais qu'on ne s'y trompe pas, le Nitro se cherche des clients en Europe, et en guise d'appât, il fallait un moteur Diesel: Un 2.8 CRD 4 cylindres de 177 ch à 3 800 tr/min, avec un couple maxi de 460 Nm qui est atteint dès 2 000 tr/min. La consommation mixte plutôt optimiste, serait de 8.6 l aux 100 km d'après le constructeur. Evidemment, un 4 cylindres Diesel dans une méchante Américaine, ça fait toujours un peu tiquer, mais c'est la loi du marché européen d'aujourd'hui. Du moment qu'il est mené avec douceur, le CRD sait se faire discret, mais dès lors qu'on le sollicite vraiment, il se fait entendre et pas de manière flatteuse... Sans être un foudre de guerre (0 à 100 km/h: 10.5 s, Vmax: 180 km/h) ce moteur se montre suffisamment puissant pour les prestations qu'on lui demande, à savoir des reprises suffisantes pour rendre planes les petites montées, et raccourcir de quelques mètres les semi-remorques lors des dépassements. Couplé à une boite automatique 6 rapports, le Nitro parait idéal pour "cruiser", néanmoins pour les accros aux boites mécaniques, une manuelle à 5 rapports est disponible. Notez que si vous choisissez cette option, plus de place pour caler le pied gauche.
Un air de Range sous cet angle, non?
Lorsque la route dessine des courbes, le Bélier semble pénalisé par un amortissement un peu trop souple, bien que la tenue de route pour un véhicule de ce type soit tout à fait correcte. La direction est un peu floue, et peut-être un peu trop assistée, mais rien de dramatique. Quant à ses capacités de 4X4, il s'en tire bien sur terrain meuble, et la traversée de la plage du lac de Biscarosse n'a été qu'une formalité. Reste à voir ce qu'il vaut sur des terrains un peu plus difficiles, mais nous n'en avons pas eu la possibilité. Enfin, le système gère le passage de 2 (propulsion) à 4 roues motrices, grâce à une molette qui bloque la transmission en 2WD ou 4 WD. Quant au freinage, il ne faut pas hésiter à enfoncer la pédale, car si les freins sont bien dimensionnés et équipés pour stopper les 1 940 kg, ils réclament un peu de force.
Pour la sécurité, rien ne manque: ABS, ESP (déconnectable), aide au freinage d'urgence, antipatinage et même un système ERM anti-retournement, sans oublier les multiples airbags dont des rideaux à l'avant comme à l'arrière. Largement de quoi rassurer les familles, d'autant plus que le Nitro a passé avec brio les crash tests de l'autre côté de l'Atlantique.
Disponible en 3 finitions SE (2 roues motrices de série), SXT et R/T, le prix d'attaque du Nitro démarre aux alentours des 28 000 euros, et atteint des sommets si vous ne pouvez vous passer de l'ensemble multimédia/GPS par exemple.
Qu'on se le dise, le Nitro est loin d'être parfait, notamment à cause d'un comportement qui incite plus à lever le pied qu'à enfoncer la pédale, mais avec une tel gueule, on aurait presque envie de tout lui pardonner. Mais est-ce que son look à lui seul suffira à attirer les clients, là ou certains mettent en avant d'autres qualités? On attend les premiers chiffres.