Rouen-les-Esssarts est l'un des plus mythiques circuits français (avec Reims-Gueux et Montlhery, dont le point commun est également d'être à l'abandon, hélas.) Alors qu'en Grande-Bretagne, on fait revivre Brooklands, en France, on a rasé les bâtiments de ce circuit, comme pour être sur que plus jamais il n'accueillera de compétitions.
Il n'en reste que la piste, c'est à dire trois départementales perdues au fond des bois.
Heureusement, une sympathique association de motards s'active à en préserver la mémoire.
Rouen, s'était un circuit comme on en faisait en France dans les années 50: on bloque trois départementales, quelques bottes de pailles et c'est parti!
Et ne croyez pas que c'était un tourniquet pour retraités comme Magny-Cours! Le nouveau monde, les six frères, Samson ou le chemin de l'étoile étaient autant de morceaux de bravoure.
Rouen, c'était également l'époque où il n'y avait ni grillages, ni vigiles à l'entrée des paddocks et où on pouvait croiser un pilote, en manches de chemise et discuter avec lui cinq minutes avant le départ.
Inauguré en 1951 par les racers 500 (ancêtre de la F3), il accueille la F1 six ans plus tard. La cohabitation avec Reims (qui accueille également la F1) se fait de manière pacifique: un coup toi, un coup moi.
A la belle époque, Rouen accueillait également des sport-protos, des F2, des F3 et des motos.
En 1968, c'est le drâme: Jo Schlesser se tue à bord de la Honda V12. La F1 ne reviendra plus à Rouen: trop dangereux.
Reims n'a pas survécu à "Toto" Roche, son promoteur et lorsque Jean Savale, son pendant rouennais prend sa retraite en 1974, le circuit est presque condamné. D'autant plus qu'en 1972, l'autoroute le coupe au deux tiers; le grésil est décapité. En 1980, les F2 y viennent pour la dernière fois, il ne reste plus que le trophée fédéral.
Mais les pilotes se plaignent de Rouen: il n'y a ni bac à sable, ni échappatoire, mais des platanes et des rails tranchant comme du rasoir. 1993, sera la dernière année des F3, FR et Carrera Cup des championnats de France. encore une course de Cobra du trophée Bardhal et Rouen est abandonné. Une décision d'autant plus idiote qu'aujourd'hui, à part Le Mans, il n'existe plus de circuits sur toute la façade ouest.
En 1999, les tribunes sont détruites. Depuis, Erick Schneider, dont l'oncle tenait la buvette du circuit, se bat contre l'oubli. Avec sa bande de motards, ils ont créé un site et ils organisent des meeting, ouvert aux voitures.
Et la course? Aucune des trois communes limitrophes ne veut en entendre parler. Dommage.
Site officiel:
Moto les Essarts
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