On a vu dans le premier volet le côté son et lumière du tuning nippon, voici le second, qui concerne un hobby qui désespère mères, femmes et petites amies: au lieu de mettre le salaire durement gagné à la Caisse d'Epargne pour préparer l'avenir, il s'agit de le transformer le plus tôt possible en pièces vroom vroom diverses pour sa voiture. Le marché est florissant, les officines spécialisées nombreuses, et les constructeurs bienveillants: notre amateur n'a que l'embarras du choix.
Pour le Tokyo Auto Salon, les acteurs de ce marché exposent leurs démonstrateurs, dans une course à l'armement qui impressionne d'autant plus que les autorités ne font que froncer les sourcils, mais laissent faire. Il est vrai que les hashiriya, littéralement "ceux qui courent", ont appris à faire profil bas par rapport à l'âge d'or des courses sur les voies rapides désertes au coeur de la nuit dans les années 90. Dorénavant, on se lance des défis sur les circuits, en particulier à Tsukuba, où ont lieu régulièrement des rencontres nommées Time Attack ou Super Lap, où les tuners s'affrontent via le chronomètre. Et ça ne rigole pas. Témoin cette Mitsubishi Lancer Evo VII, fièrement exposée sur le stand du constructeur, préparée par Sun Auto et nommée Cyber Evo. Sous ce museau se cachent 600 chevaux extraits du 2,2l via de profondes modifications et un méga-turbocompresseur. La voiture est déjà une vétérante capée à Tsukuba et ailleurs: elle est partie il y a quelques temps imprimer sa marque aux Etats-Unis.
Interlude avec une autre Evo moins radicale mais en bonne compagnie...
Pour arriver sur le stand HKS, tuner bien connu de toutes autos un peu nerveuses. HKS est également à la chasse aux records avec une Lancer Evo redoutable que le préparateur a fait tourner sur tous les circuits majeurs du pays pour y chapeauter les feuilles de temps. Succès total. Alors, tel un grand constructeur monnayant son succès en F1, HKS a décidé de créer une réplique clé en main de la voiture pour la route. En deux versions, une avec un moteur bon pour 350 ch, et une avec des modifications plus poussées dont une augmentation de la cylindrée à 2,3l, qui amènent la puissance à plus de 500 ch. On reviendra en détail dans quelques temps sur cette nouveauté impressionnante. Homologuée et parfaite pour vaquer à ses occupations quotidiennes...
Mais si vous la trouvez un peu ramollo du spoiler, il y a plus:
Et il y a même trop:
Bon, la Lancer n'est pas la seule voiture à attirer les modifications, et voici quelques exemples d'autres modèles dans la même veine:
Jusqu'à arriver à une autre reine de Tsukuba, la Honda S2000 de ASM Yokohama, dernière mouture en date d'une série de plus en plus grave commencée en 2003. Cette nouvelle évolution est équipée d'un moteur 2,4l à carter sec de 305 ch préparé par Toda Racing. C'est ce que ferait Mugen s'ils étaient vraiment sérieux à propos de la S2000.
La S2000, intrinsèquement une voiture parfaite pour les tours de circuits, attire d'ailleurs d'autres préparateurs. Témoins ces deux autres exemplaires, très largement revus. Le hard top de la première, façon Jaguar Type E, est utilisé par les S2000 qui courent en Super Taikyu. Esthétiquement discutable, mais aérodynamiquement efficace.
Il serait dommage de passer à côté d'une autre favorite des tuners, la Nissan Fairlady Z, qui fait également l'objet de nombreuses préparations.
Ce parachute est là pour tenter de ralentir le moment venu l'Option Stream Z, le monstre de Daijiro Inada, propriétaire fondateur de l'empire de presse dédié au tuning San-Ei Shobo Publishing Co. Ltd. (plusieurs magazines dont la bible Option Auto, DVD, production TV, organisation du D1 Grand Prix, etc). La voiture est la deuxième engagée dans la Silver State Classic Challenge, course de vitesse pure de 150 km sur une route rectiligne du Nevada. Inada a détruit il y a quelques années la première dans une impressionnante série de tonneaux à très grande vitesse, dont il était sorti incroyablement secoué mais indemne. Il y a 800 chevaux cachés dans ces tubulures. Les voyez-vous ?
Autre grande figure du tuning japonais, le "Drift King" Keiichi Tsuchiya, pilote récemment retraité à 47 ans après une carrière à bon niveau qui l'a vu entre autres au Mans dans l'équipe d'usine Toyota. Il a passé une grande partie de sa carrière à piloter des Honda, et il est proche de Aguri Suzuki et de ARTA son écurie. Ces dernières années l'ont vu retourner à ses premières amours, le drift, en tant qu'officiel du D1 Grand Prix et personnalité télévisuelle à la langue bien pendue, parcourant le Japon pour y juger devant les caméras les aspirants drifteurs, qu'il n'hésite pas à crucifier d'un bon mot si l'occasion s'en présente. Il faut dire que Tsuchiya connaît bien la chose, ayant usé ses premiers pneus à écumer les petites routes de montagne de l'arrière pays la nuit. Bref, une légende vivante que ce petit homme au regard pétillant, capable d'avancer à coups de grands travers dans tout ce qui roule, en rigolant. Un Jean Ragnotti made in Japan, en quelque sorte.
Et puisqu'on est dans la joie et la bonne humeur, terminons avec deux trouvailles : un bidule pour brancher son Gameboy sur l'ECU et modifier les paramètres du moteur avec les mêmes touches qu'on utilise pour faire avancer Mario, ce n'est pas une blague, et une petite bombe aux courbes généreuses qui ne demandent qu'à se déhancher. Sont joueurs, ces Japonais, non ?
Lire également:
Tokyo Auto Salon : attention les yeux, première bordée
La Nissan Skyline au Tokyo Auto Salon
Nissan Fairlady Z Version Nismo
Mugen au Tokyo Auto Salon