Régulièrement, le Blog vous présente les dernières nouveautés du pays du milieu. Presque toujours, elles sont accompagnés d'un communiqué du constructeur qui prétend qu'il va s'attaquer au marché européen d'ici quelques mois.
Il est vrai qu'en quelques années, la Chine est passée d'un pays sans voitures, où seuls vélos et camions circulaient au 3e constructeur mondial, devant l'Allemagne.
En général, les commentaires oscillent entre l'alarmisme et la moquerie. Essayons de deviner le futur des constructeurs Chinois...
Pour commencer, il faut remarquer que les constructeurs Chinois proposent essentielement des tout-terrains plutôt rustiques et plus rarement des berlines 4 portes (généralement sous-motorisées.) Ce ne sont donc pas vraiment des véhicules correspondant aux besoins occidentaux.
De plus, en imposant d'homologuer chaque véhicule dans l'ensemble de l'Europe, la CE a mis des bâtons dans les roues à des francs-tireurs comme Di Risio.
Mais les Chinois progressent vites. ChangAn, Great Wall, SAIC, ou Zhonghua commencent à fabriquer des citadines et des monospaces.
En 2006, environ 8 millions de véhicules (voitures particulières et utilitaires confondues, sachant que la Chine produit principalement des minibus) ont été produit en Chine, dont 340 000 ont été exportés et 7 millions ont trouvé preneurs localement. Cela veut dire qu'environ 700 000 véhicules sont des invendus.
7 millions de véhicules, c'est une goutte d'eau pour une population d'1,3 milliard d'habitants, mais c'est déjà suffisant pour contenter l'offre. Jusqu'ici, chaque grande ville, chaque homme d'affaire possédait "son" constructeur automobile. Au total, il en existerait entre 80 et 100, sachant que souvent, chaque modèle est consideré comme un constructeur en soi. Certaines marque comme SAIC, FAW ou ChangAn regroupent ainsi une dizaine de "constructeurs". Aucun d'entre eux ne dispose encore d'une aura nationale et leurs ventes dépassent même rarement les limites de leurs provinces. Voilà pourquoi Chrysler, GM ou VW ont passé des accords avec plusieurs d'entre eux.
Néanmoins, nul doute que dans un marché saturé, où l'offre dépasse la demande, les marques vont se lancer à l'assaut de l'ensemble du pays. Une guerre fera rage et d'après les théories économiques de bases, les moins performants sont condamnés.
Rappelons également que la Chine est une dictature. Pékin sait très bien que jamais 80 constructeurs pourront débarquer simultanément en Europe ou aux Etats-Unis. Une "licence d'exportation" sera obligatoire pour tout constructeur souhaitant exporter. Une manière de les obliger à élever le niveau de qualité de fabrication (aujourd'hui, 77% des voitures Chinoises présentent des défauts!)
Pékin a déjà annoncé qu'à terme, il ne voulait voir que 4 ou 5 grands groupes automobiles Chinois. Pour les forcer à fusionner ou à disparaitre, le pouvoir pourrait utiliser la carotte et le baton. La carotte, c'est une licence d'exportation et le baton, pour les plus rétifs, ce serait des opérations "mains propres". La corruption, les détournement de fonds et les infractions à la législation du travail sont monnaies courantes. Emprisonner ceux qui n'ont pas su jusqu'où ils pouvaient aller trop loin est un moyen de faire baisser la pression de la rue ("les méchants, c'est pas nous. Regardez, votre état agit.") et de se débarasser de clans rivaux au pouvoir (comme récement à Shanghai.)
A mon avis, l'automobile chinoise va d'abord connaître de grands boulversements. Ensuite, des groupes devenus puissants vont s'attaquer à l'Europe et là, on pourra avoir peur...
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