Un mois après que le Mondial de lautomobile ait fermé ses portes, revenons sur un métier peu connu : les essais automobile. Pour beaucoup, ça se limite à un voyage en minibus jusquà la tente du constructeur, lhôtesse qui note votre nom, les petits fours et
les la coupe de champagne en attendant le feu vert, les cinq minutes au volant et enfin le retour en minibus jusquau salon.
Mais derrière tout cela se cache une sacrée organisation et donc des professionnels. Pour en savoir plus, faisons connaissance avec Dominique Depons, patron de PowerCom, une société chargée d'organiser des essais d'automobiles.
Pouvez-vous nous présenter rapidement PowerCom ?
Nous organisons et encadrons tous les besoins dun constructeur en matière dessais automobiles. A savoir : formation produit, lancement dun nouveau modèle, essais presse, etc.
Suivant la technicité de la demande, nous faisons appel à des pilotes issus des rallyes ou des circuits, comme Alex Bengué, Patrick Henry, Lionel Regal ou de simples accompagnateurs.
Existe-t-il beaucoup de sociétés spécialisées dans les essais automobiles ?
Nous sommes 3 ou 4 leaders à nous partager plus de 60 % du marché, les 40 % restant sont répartis sur une dizaine de petites sociétés.
Pourquoi et comment avez-vous choisi ce métier ?
Jétais pilote de course, notamment en coupe Supercinq GT Turbo et en off-shore. Je suis passé aux essais et à linstruction progressivement, entre deux courses Je navais pas prévu de devenir patron dune société aux dimensions plus importantes !
Avec quels constructeurs travaillez vous ?
Actuellement avec BMW, Honda, Porsche et Renault.
Vous travaillez toute lannée ?
Oui de janvier à décembre. Lhiver, il y a des essais sur neige. Les autres essais ont généralement lieu au printemps et à lautomne. Et parfois, lété des tournées estivales pour assurer la visibilité dun produit (comme le tour de France cycliste 2005 avec Skoda.)
Comment se déroulent les opérations ?
Expertise technique des véhicules, puis repérage des circuits (et réservation suivant leur disponibilité.) Préparation de notre matériel dassistance, puis exploitation des essais Le rythme reste toujours le même.
Quand il y a beaucoup de monde sur une opération, ny a til pas un risque à faire de labattage ?
Jamais, notre rôle est aussi dêtre lambassadeur de la marque en toute circonstance. Il faut être souriant, disponible et expert en relations publiques.
Si le métier ne nous plait pas.autant en changer !
Quelle est la proportion de clients venant faire un "tour de manège" ?
Ca dépend de la qualité du filtrage en amont qui est effectué par le constructeur. Néanmoins, un "tour de manège" nest jamais inutile car cette personne peut ensuite parler en bien du véhicule essayé à dautres personnes, parmi lesquels des acheteurs potentiels.
Vous arrive til de refuser un essai à un client, lorsquil demande à essayer un véhicule puissant, quil nest visiblement pas apte à le conduire ?
En général non, car cest notre rôle dassurer la sécurité de lessai à venir, disons que lon sera plus concentré que de coutume !
Votre meilleur souvenir dessai ?
A lépoque des Girondins de Bordeaux, jai du faire essayer des M5 aux joueurs.Si Zidane et Dugarry furent plutôt cool au volant, en revanche Lizarazu attaquait comme un malade (même sil conduisait pas trop mal) et javais été obligé de calmer sa générosité dans la bonne humeur.
Combien de voitures cassez vous par an ?
Nous sommes des professionnels chevronnés. On effectue 600 000 kilomètres dessais par an avec un ou deux sinistres sans gravité. Faites le calcul. On se débrouille plutôt pas mal, non ?
La chose la plus insolite que vous ayez vu ?
Une opération dessai pour une société Belge avec des supercarsNous considérant pas assez expérimentés, les Belges nous avaient demandé dencadrer les clients pour soccuper eux-mêmes des baptêmes : résultat un pilote qui a perdu le contrôle de sa Maserati pour finir dans la Ferrari de devant! Ca c'était du boulot de pro ! (rires)
Après cela, notre blog va être débordé de messages de personnes qui voudront travailler pour vous ! Etre payé pour conduire de belles voitures, voyager de circuit en circuit Ca fait rêver ! Quelles qualités faut-il pour devenir démonstrateur ?
Savoir bien conduire (exit les Roger Schumacher et autres Jean-Claude Solberg), avoir une hygiène de vie irréprochable, une bonne présentation, un bon sens du contact et garder toujours le sourire. Pour être moniteur sur circuit, un brevet détait est nécessaire.
Et pour les volontaires, que leur diriez-vous pour refreiner les ardeurs ?
Le plus difficile est de tenir la distance ! Les opérations senchaînent, on travaille en extérieur. Alors au début, cest toujours beau mais on fatigue vite.
Merci à Dominique Depons d'avoir répondu aux questions du Blog Auto.
Site officiel:
PowerCom, essais automobiles