Impossible de terminer le sujet sans rappeler la marque TALBOT et son modèle TAGORA. Ce serait comme insulter une nouvelle fois un blason et une voiture au destin de gueule cassée.
Ce n'est pas que l'ensemble ait été mauvais, c'est que, jamais, ses décideurs n'ont su très bien quoi en faire, alors que le potentiel était pourtant là. Puis les conflits sociaux ont fini par avoir définitivement sa peau. Elle mérite bien un modeste rappel.
En 1978, le groupe PEUGEOT-CITROEN prend possession de CHRYSLER-Europe. Il y découvre, dans les cartons, le projet C9, soit la remplaçante des vieillissantes CHRYSLER 180 et 2 litres. La gestation durera jusqu'en 1980 où, au salon de Paris d'octobre, un nouveau haut de gamme français fait son entrée: la TAGORA.
Entre-temps, elle a été rebadgée TALBOT, nom officiel depuis le 10 juillet 1979. Elle a bénéficié des organes tout droit issus de PEUGEOT. Seul, son 2,2 litres 4 cylindres est la survivance d'un passé révolu. La tâche est immense: positionner le blason, conquérir sa place et l'affermir. Pour cela il faut une détermination sans faille et voir sur le long terme. Exactement le contraire de ce qui va se passer...
La gamme se décline en trois temps: un 2,2 litres essence de 115 ch avec deux niveaux de finition dits GL et GLS (5 rapports), un diesel turbo de 80 ch baptisé DT et, surtout, un V6, le PRV de la 604, estampillé SX, de 165 ch. A la sortie de la TAGORA en février 1981, cette SX est tout simplement la berline française la plus puissante jamais construite.
Au printemps 1981, une version dite "Présidence" est à l'étude et présentée au salon de Francfort; télévision, magnetoscope, chaîne Hi-Fi, téléphone, rien ne manque pour le business-man pressé. L'esprit haut de gamme est bien présent. Mais la marque TALBOT n'arrive pas à s'ancrer et le vaisseau amiral TAGORA est le premier à en souffrir. Dernier soubresaut, en 1983, une 2,2 litres revisitée par PORSCHE qui présentera fièrement 160 ch.
Mais les tergiversations politiques et les sabotages sociaux feront sombrer tout le navire. L'acte de decès de la TAGORA est enregistré, déjà, en juin 1983. 20 133 exemplaires ont été produits.
Cette courte vie porte en son sein toute la problématique française à l'entame du monde du haut de gamme. Il y a toujours eu un partage entre une volonté d'accéder au sommet et de populariser le rêve pour mieux en tirer profit. L'osmose n'a jamais su être faite entre ces deux impératifs, les modèles présentés étant, certes, techniquement intéressant, mais à la finition aléatoire et aux motorisations faiblardes pour des raisons d'accessibilité tarifaire. Aujourd'hui encore, la quadrature du cercle n'est toujours pas dessinée...
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