[ensemble vide] AMG

Le mot du jour, c'est "AMG". Non pas "Mercedes AMG", mais juste "AMG". Le but de la tournée est de faire connaître AMG en tant que marque distincte de Mercedes. Pas de références non plus aux kits carrosseries AMG, proposés en option sur les modèles à l'étoile. Il s'agit de se consacrer à l'aspect sportif. Le parking est édifiant : peu de Mercedes ; les invités roulent en M4, XF-R, 911, Evora et Aston Martin.

Et pour une marque sportive, quoi de plus évocateur que Le Mans ? En plus, on est dans la foulée des 24 heures (NDLA : où il n'y avait pas de Mercedes sur la ligne de départ.) Les banderoles et les panneaux sont encore là. Avec un peu d'imagination, on pourrait entendre le grondement des Porsche, la clameur des tribunes ou les pleurs de l'équipe Toyota. Sans parler des fantômes du passé, du duo André Lagache-René Leonard à Steve McQueen. Et aujourd'hui, c'est à notre tour de prendre la piste. Les voitures sont garées en épi (un clin d’œil à l'ancienne procédure de départ ?); elles n'attendent que nous.

En piste !

La gamme AMG débute avec la A45 4Matic, à 55 350€. La clientèle est élitiste, donc exigeante. D'autant plus que l'opération s'adresse à des clients d'autres constructeurs. Il est impératif de mettre les petits plats dans les grands pour séduire. La démonstration commence par deux essais piste, avec des "63" ou des GT S. Parmi les modèles les plus puissants de la marque, seul la S65 est absente. Quant au "G", il reste statique.

Votre serviteur choisit la GT S. Un gros coupé équipé d'un V8 bi-turbo 510ch avec carter sec ; elle revendique 310 km/h en pointe et 3,8 secondes pour atteindre 100km/h. Le moteur est à l'avant, mais la boîte de vitesses DCT SPEEDSHIFT à 7 rapports et la transmission sont à l'arrière. Ainsi, 53% de la masse est à l'arrière. C'est le modèle le plus sportif... Du moins, jusqu'à dimanche dernier et la présentation de la GT R.

Un tour de reconnaissance en passager. Apparemment, le responsable est un ancien de la DDE : il y a des cônes partout sur le circuit ! Repères de freinage, de points de corde, de réaccélération, d'accélération plein gaz... Du reste, le circuit Bugatti est très Mickey Mouse. Ses seuls points intérêts sont la demi-ligne droite des 24 heures et la courbe Dunlop. Puis l'on ne fait que monter et descendre une colline, avant de rejoindre leeeeeentement le grand circuit. Au moins, il est facile à mémoriser et bien adapté aux pilotes novices. Pour info, en 2006, il y a eu une épreuve de DTM ici-même. Bruno Spengler s'y était imposé.

Mon point de repère, c'est la Lamborghini Huracan. Une voiture testée sur un circuit rapide (le Paul Ricard) et équipée de pneus spéciaux (des Pirelli P Zero Trofeo R.) De quoi rabattre les cartes. Avec ses Contisport de série, la GT S offre moins d'adhérence en virage et faute de courbes rapides, on ne prend pas de "G". Le mode "Sport +" ajoute surtout des décibels, avec un échappement rageur et des rapports qui craquent au rétrogradage. Le plus étonnant, à ce niveau de gamme, c'est le confort. Tant dans l'amortissement que le maintien des sièges. Autre particularité : on peut réaccélérer très tôt et freiner franchement roues braquées, grâce à un bon équilibre général. Cela permet de pardonner d'éventuelles erreurs de pilote débutant. Globalement, elle donne l'impression d'être plus facile à dompter que la Lambo. De pouvoir assurer de bons chronos sans mouiller la chemise. Mais ne demande-t-on pas à une GT d'être un cheval fougueux ?

Pour le fun, l'essai se poursuit avec une S63 cabriolet. Cette version de la Classe S cabriolet reçoit un V8 5,5l turbo 585ch avec 900Nm de couple. Elle est proche des deux tonnes, donc peu adaptée au circuit et malgré la transmission 4Matic, l'arrière a du mal à négocier les courbes. Nul ne peut s'affranchir des lois de la physique. Une E63 se présente dans les rétroviseurs et elle double au virage du Garage Vert. Au virage du Chemin au Bœuf, elle surfreine. Le Distronic de la S63 réagit à coup d'alarme et de coup de frein autoritaire. Puis il commence à pleuvoir. Sur une piste glissante, l'épingle de La Chapelle est bien difficile à passer. Puis, au Chemin au Boeuf, un freinage à Trotar est matérialisé par deux belles lignes de gomme. Néanmoins, même prise à défaut, elle freine droit. Si la GT S peut compter sur un châssis tiptop, la S63 AMG préfère s'appuyer sur des béquilles électroniques.

Le grand chemin

La suite, c'est avec les "43". Cette fois on prend la route, en convoi, sur les parties routières du grand circuit, comme Indianapolis ou Arnage. L'occasion de passer dans les Hunaudières, célèbres pour ses vol planés de CLR, en 1999...

L'essai débute avec une SLR 45 (V6 3,0l turbo 367ch.) C'est le début de la saison de la photographie routière, donc hors de question de vérifier si elle est bien bridée à 250km/h... En tout cas, elle est beaucoup plus aboutie que la SLK 55 AMG testée il y a bien longtemps. En effet, la rigidité et le comportement routier ont grandement progressée. Les roues arrières n'ont plus de mal à faire passer la puissance.

En guise de dessert, on effectue le chemin inverse en C43 4Matic berline. Le détail qui tue : le siège est réglable électriquement en hauteur et pour le dossier, mais il bouge manuellement en longueur. Les conditions ne sont pas vraiment idéales : une bref ondée frappe Le Mans et il y a du trafic. Dans l'absolu, la C43 est une excellente voiture. Mais après la GT S et la SLC 43, elle semble bien fade...

Conclusion

AMG a beaucoup de mal à exister au sein de la gamme très dense de Mercedes (une trentaine de modèles !) Son point fort, c'est de proposer des produits ultra-sportifs avec une finition "à l'allemande". La firme à l'étoile privilégie néanmoins la polyvalence et le confort à la recherche de la performance pure. Le point faible, ce sont des tarifs élevés avec une liste d'options "à l'allemande".

Voilà, la journée est finie. AMG va replier sa tente et déjà, les installations du Mans Classic pointent leur nez...

Crédit photos : Joest Jonathan Ouaknine/Le Blog Auto