Affaire Toyota : la NHTSA n'a pas trouvé de fantôme dans les accélérateurs
10 mois d'enquête, de tests exhaustifs et de monceaux de données dépouillées par les meilleurs éléments de la NHTSA avec le concours exceptionnel d'ingénieurs de la NASA pour un résultat tout simple : parmi tous les cas d'accélération incontrôlée signalés sur des Toyota aux Etats-Unis, aucun n'est imputable à un défaut de l'accélérateur électronique.
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On ne saurait accuser la NHTSA de partialité envers le constructeur; on se souvient des mots très durs de son patron Ray LaHood au début de l'affaire, qui invitait les conducteurs de Toyota à ne pas prendre leur voiture, et de son expression "de garder les pieds de Toyota au feu" rappelant l'Inquisition. Le constructeur a par la suite été puni d'une série d'amendes d'un montant exceptionnel pour ne pas avoir réagi assez rapidement à des problèmes nécessitant des rappels. Avec la communication des résultats de l'enquête hier, le ton a changé radicalement et LaHood affirme désormais que "les Toyota sont sûres", ajoutant même qu'il vient de recommander à sa propre fille une Toyota Sienna.
Si la partie électronique est hors de cause, le rapport n'absout pas entièrement Toyota pour autant. Les causes relevées dans tous les cas examinés sont au nombre de trois : tapis de sol mal installé ou inadapté, pédale défectueuse ou, dans la grande majorité des cas, erreur de conduite. Toyota a du reste reconnu les défauts liés aux pédales et aux tapis de sol, et rappelé près de 6 millions de véhicules en deux vagues à la fin 2009 pour corriger ces défauts potentiels, mais l'affirmation que le système d'accélération électronique n'est pas en cause est un énorme soulagement pour le constructeur qui a toujours maintenu que son système n'était pas défectueux. Les conclusions de ce rapport affaiblissent considérablement les arguments de l'accusation dans les dizaines de procès intentés à travers les Etats-Unis liés à des cas d'accéleration incontrôlée.
Ce rapport va-t-il complètement restaurer l'image du constructeur aux Etats-Unis ? C'est peu probable. La gestion catastrophique des choses par Toyota au plus fort de l'hystérie collective a laissé des traces. L'entreprise, qui apparaissait comme plus que parfaite et que rien ne semblait pouvait déstabiliser, a soudain montré qu'elle avait son lot de défauts et ne savait pas faire face à une crise. Toyota est brutalement tombé de son piédestal et mettra du temps pour y remonter. Demandez donc à Audi, à qui une mésaventure similaire concernant des accélérations incontrôlées mystérieuses (en fait liées là aussi à des erreurs de conduite) est arrivée aux Etats-Unis au début des années 80. Le constructeur allemand a mis près de 20 ans à s'en remettre.
Le phénomène d'accélération soi-disant incontrôlée causée par une faute de conduite ne disparaîtra pas pour autant. Comme on l'a vu dans le cas de Toyota, l'effet boule de neige peut être fulgurant, et il est très difficile dans ce type d'affaire pour un constructeur de se défendre sans s'aliéner ses clients, que ceux-ci soient réellement victimes (très rarement) ou coupables sans le savoir (dans la plupart des cas). Ce matin on doit sûrement, dans les états-majors des constructeurs de l'autre côté de l'Atlantique, se demander chez qui s'abatteront la prochaine fois les terribles fantômes de l'accélérateur.
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10 mois d'enquête, de tests exhaustifs et de monceaux de données dépouillées par les meilleurs éléments de la NHTSA avec le concours exceptionnel d'ingénieurs de la NASA pour un résultat tout simple : parmi tous les cas d'accélération incontrôlée signalés sur des Toyota aux Etats-Unis, aucun n'est imputable à un défaut de l'accélérateur électronique.